Les forces en présence en catégorie Hypercar aux 24 Heures du Mans

La grande messe de l’endurance approche à grands pas. Les trois premières manches de la saison nous ont donné pas mal de renseignements même si la durée des courses n’a pas excédé 10 heures (Qatar). Alors que 24 heures de course se profilent, un focus sur les constructeurs et équipes qui animeront la catégorie s’impose.

Ferrari : le (double) tenant du titre

Invaincue au Mans depuis son retour en 2023 après 50 ans d’absence au plus haut niveau, Ferrari mise gros. Mais avec trois victoires en autant de courses depuis le début de la campagne 2025, comment ne pas s’attendre à voir les 499P parmi les favoris ! Certes, le constructeur tire profit de sa fin de saison 2024 assez compliquée, mais il est à noter les bons progrès dans l’exploitation et dans l’exécution en course quand on compare à l’an dernier. Reste à canaliser certains pilotes un peu trop bouillants et un souci de fiabilité (turbo) sur la n°83 à Spa qui peuvent empêcher l’association entre Maranello et Piacenza d’aborder l’épreuve en totale sérénité. En tout cas, l’objectif sera clair : garder le trophée définitivement en Italie (il faut trois victoires) et par ricochet, écraser (définitivement ?) la concurrence au championnat.

Toyota : soif de revanche

Depuis le début de saison, Toyota souffre, mais optimise ! L’équipe sait marquer des points même quand ils partent depuis le fond de grille, avec une stratégie et une gestion de course encore au dessus de la concurrence. L’écurie connait aussi la voiture par cœur car il faut rappeler que la GR010 est la plus vieille Hypercar du plateau. Avec une livrée rendant  hommage à la TS020 de 1998 (appelée GT-One), Toyota a frappé un grand coup en communication, et nul doute que la n°7 sera scrutée de près. Néanmoins, le clan nippon, qui a rarement été verni aux 24 Heures, a montré quelques signes de fébrilité en Sarthe lors des deux éditions précédentes pouvant compromettre leurs ambitions. Elle a échoué de justesse en 2023 et 2024. Est-ce que ce sera l’année de la revanche ?

BMW : un solide début de saison

BMW a su répondre présent et assuré de gros points lors des deux premières courses (Spa a été moins bon), en étant le meilleur des autres constructeurs (avec Toyota) après Ferrari. L’alliance germano-belge semble avoir trouvé son rythme de marche et peut compter sur de solides équipages pour performer au Mans ! Il faudra rester alerte sur la fiabilité, avec des soucis de freins constatés à nouveau à Spa, ruinant tout espoir de résultat, alors qu’un podium était possible. Il va par contre falloir un moment concrétiser : entre des podiums en WEC et en IMSA et quatre pole positions Outre Atlantique en autant de courses, c’est bien, mais insuffisant.

Alpine : faire oublier la débâcle de 2024

Dire que le Mans 2024 n’a pas répondu aux attentes de la marque Française est un doux euphémisme. Un double abandon peu avant la sixième heure de course alors que la n°35 pointait dans le quinté de tête à la régulière n’est plus envisageable cette saison. Pourtant des notes positives existaient déjà comme l’accès à l’Hyperpole. Depuis, la fiabilité semble avoir évolué dans le bon sens notamment en fin de saison dernière (podium à Fuji, 4e au championnat) et les deux podiums acquis à Spa et Imola mettent aussi en lumière les progrès de l’équipe qui a dans le championnat un concurrent direct tout trouvé tant ils ont de points de comparaison : BMW WRT. Les arrivées d’hommes comme Fred Makowiecki au volant et Nicolas Lapierre aux manettes n’y sont certainement étranger. Il faut maintenant confirmer les bons résultats des deux dernières courses en visant un top 5, voire mieux ?

Cadillac : un difficile début de saison des deux côtés de l’Atlantique

En IMSA, le changement d’équipe d’exploitation se fait clairement sentir (anciennement Ganassi Racing). Wayne Taylor Racing ne peut lutter contre Penske et RLL, ni même contre Action Express en IMSA. Ajoutons à cela que l’équipe n’est pas expérimentée au Mans, et l’on peut dire sans offense que ce ne sera pas leur auto qui fera office de vaisseau amiral parmi l’armada américaine. Chez Jota, on découvre aussi la V-Series. R (depuis novembre), le fonctionnement des ingénieurs américains et tout le staff doit s’habituer à l’utilisation de ce nouveau système de data (joker Cadillac). Stratégiquement le team n’a rien perdu, il faut juste que le lien entre chaque entité se fasse et cela prend du temps. Au niveau de la voiture rouge, qui court sous le nom de Whelen Engineering, ça sera sa troisième année au Mans. Mais à chacune des éditions disputées, un accident a compromis les chances de la n°311 : Jack Aitken au premier tour en 2023, Pipo Derani à Indianapolis l’an dernier.

Porsche : une montagne à gravir !

Chez Porsche, on souffle le chaud et le froid. On a corrigé la suspension avant durant l’intersaison pour donner plus d’amplitude au niveau des réglages. En IMSA, difficile d’imaginer un meilleur début de saison que celui de Penske Motorsport avec 4 victoires en 5 courses. L’équipe semble déjà avoir posé une main sur l’Endurance Cup et le championnat. En WEC, à l’instar de Toyota, les 963 payent l’excellente fin de saison 2024 où ils jouaient les titres (ils ont décroché celui de Pilotes). Mais pas que. En exploitation, en lecture de course, on ne retrouve plus le team Porsche Penske aussi incisif et ravageur qu’en 2024. Il faudra faire attention à ne pas entrer dans une spirale négative, mais la course du Mans rebattra de toute façon les cartes et ils auront leur mot à dire. Et Porsche n’est jamais aussi dangereux que sur ses « terres » car il ne faut pas oublier que LE but de l’année est la 20e victoire en Sarthe ! Par contre, difficile d’imaginer le seul team réellement privé Proton Compétition dans une position de jouer la gagne…

Peugeot : des griffes qu’il faut continuer d’affûter…

De belles choses ont été constatées du côté du Lion dernièrement. En fin de saison, l’équipe faisait partie des pointures dans la stratégie et l’exécution en course, compensant ainsi un déficit de performance chronique. Les équipages sont plus que solides, et nul doute que les ressources humaines sont LE gros avantage de Peugeot. Mais la marque sochalienne doit en revanche composer avec une auto adaptée aux multiples changements de règlements survenus lors de sa gestation… La prestation spadoise demeure malgré tout encourageante (une voiture en tête prés d’une heure), bien que regrettable sur le bilan comptable. Ce qui est sûr, c’est que tout le monde attend un résultat au Mans cette année. Que ce soit du côté des spectateurs, comme celui des décisionnaires…Peut-être qu’il en va de la survie du programme 9X8 ? 

Aston Martin : des progrès sans faire de bruit (enfin, façon de parler)

C’est le retour d’un V12 en compétition alors que nous ne l’espérions plus…Les Valkyries sont jeunes et il ne faudra pas espérer de miracle au Mans. Après une prestation brouillonne au Qatar (des soucis mécanique, un abandon), The Heart of Racing (THOR), véritable gestionnaire du programme qui loue plus le nom Aston Martin que Newport Pagnell ne s’implique dans le programme, a fini les 12 Heures de Sebring, offert une belle course à Long Beach, et semblait monter en puissance dans tous les domaines à Spa en prenant notamment des paris sur la gestion du carburant. Sur un tour, il en manque clairement, et on ne peut pas dire que les équipages soient les plus en vue, bien qu’ils fassent du très beau boulot. Leur course ne se fera qu’à la régularité et de bonne places sont jouables en fonction de ce qu’il va se passer devant. En tout cas, du côté fiabilité, les Valkyries semblent plutôt bien dans ce domaine avec cinq autos sur six à l’arrivée en trois courses WEC. De plus, l’une d’entre elles, la n°007 a terminé dans le même tour que la Ferrari lauréate à Spa. De bons signes de progression.

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