Rubens Barrichello : « J’aimerais faire et gagner Le Mans avec mes deux fils ! »

Suite de notre entretien avec la légende de la F1, Rubens Barrichello. Après avoir parlé de son après F1 et donné son opinion sur la carrière de son fils, il revient sur ses relations avec ce dernier et son envie de faire Le Mans avec ses deux enfants…

Comment est venue l’envie de faire du sport auto pour Eduardo ? 

« Je suis reconnaissant parce que le plus important pour moi est qu’ils fassent du sport. Les temps ont changé, la vie a changé. Mon éducation fait que j’ai appris que, si je faisais du sport, je serais loin de la drogue, loin des mauvaises personnes. Alors quand j’ai donné un kart à Eduardo, il avait six ans, il y est allé deux ou trois fois puis n’en a plus parlé. Je me suis dit qu’il ne conduirait peut-être pas, mais ça m’allait. Quand il a eu huit ou neuf ans, il m’a redemandé. J’ai dit non et m’a dit : « Papa, je veux y aller, je veux y aller. » J’ai continué pour voir s’il était sincère sans lui donner. Je lui ai trouvé un simulateur puis finalement je lui ai donné le kart. Il a été super compétitif dès le premier jour. Tout ce que je voulais pour sa vie et celle de son frère, c’était qu’ils ne fassent pas quelque chose parce que leur papa le fait, je sais ce que cela représente, cela demande beaucoup d’efforts, de compromis et de sacrifices. Si tu le fais, fais le pour toi-même, sois heureux et fonce. Il le fait tellement bien : il voyage beaucoup, est vraiment bon avec les sponsors, avec l’équipe. Il a de supers retours et il le fait pour lui-même, c’est le plus important. »

Quel genre de père êtes-vous quand il pilote ? Etes-vous stressé, détendu, concentré ?

« Je suis le père qui est prêt à répondre à tous ses besoins. S’il vient me voir et me dit : « Papa, j’ai un peu trop de survirage, qu’est-ce que tu en penses ? », je suis capable de lui dire ce que j’en pense. S’il me dit : « Papa, où allons-nous manger ce soir ? », je trouve un bon restaurant où il aime manger. Je suis donc très reconnaissant, car au bout du compte, il fait ce qu’il aime et c’est ma plus grande joie. Je suis donc un père qui n’est pas là pour dire aux mécaniciens quoi faire, ni donner des ordres à l’ingénieur, je suis là s’ils ont besoin de moi, mais surtout si Eduardo a besoin de moi. »

Photo Javier Jimenez / DPPI

Vous avez testé l’Oreca 07 pendant l’hiver à Portimão. Comment avez-vous trouvé ce type de voiture ?

« J’ai d’abord participé à une course GT avec mon ami et ancien patron Giuseppe Cipriani. Malheureusement, il n’était pas très à l’aise dans la voiture car il est grand. Un peu plus tard, il m’a appelé pour me demander si je voulais faire un essai avec lui (dans un proto). J’ai donc organisé un voyage pour y aller. Je ne connaissais pas Portimão et j’ai juste fait 30 tours, ça allait. J’aurais eu besoin de plus de temps dans la voiture, évidemment, car elle génère beaucoup plus d’appuis aérodynamiques que celles que nous utilisons. Mais pour moi, honnêtement, peu importe la voiture avec laquelle nous allons courir au Mans. Le souci est plus du côté des catégorisations. Vous savez, j’ai déjà demandé à la FIA de me rétrograder parce que j’étais Platinium. Et ils m’avaient dit que j’allais rester Platinium tout le temps. Mais j’ai dit non, j’ai 50 ans, vous devez me rétrograder et je veux courir avec mes enfants, peu importe. « Mettez moi en Bronze » mais ils ont répondu hors de question (rires). Maintenant tout dépend de la licence car Eduardo et Fernando sont pour le moment Silver. J’ai obtenu mon passage en Gold. Mais en fonction de cela, nous devons vérifier quelle voiture nous pouvons utiliser pour courir (une LMP2 ou une LMGT3 selon). »

Photo Fabrizio Boldoni / DPPI

Vous n’êtes pas ans expérience aux 24 Heures du Mans car vous avez piloté la Dallara P217 n°29 du Racing Team Nederland avec Fritz van Eerd et Jan Lammers en 2017 (voir photos ci-dessous). Que retenez-vous de cette participation ?

« Nous avons dû travailler très dur avec Dallara pour vérifier l’ensemble aérodynamique car nous n’étions pas compétitifs. Ce dont je me souviens très bien, c’est que j’ai poussé à fond chaque fois que j’étais dans la voiture et je me suis bien amusé sur un circuit magnifique. De nos jours, vous avez les simulateurs. Dudu (surnom d’Eduardo) est un très bon pilote sur le simulateur et il est capable d’arriver ici au Mans, de se lancer directement dans le premier tour et être tout de suite compétitif. C’est incroyable. Mais j’ai de très bons souvenirs des 24 Heures. Je m’étais assuré de pouvoir dormir dans un camping-car ici pour quitter les lieux, cétait agréable. »

Qu’en est-il de ce projet de participer avec vos deux fils au Mans ? Vous y travaillez ? Sur quel type de voiture cela se fera-t-il ?

« Tout d’abord, je veux que les gens sachent que nous voulons le faire et cela ne se résume pas à l’argent d’un sponsor. Cela implique beaucoup de passion de la part de quelqu’un qui veut avoir trois gars très compétitifs dans la voiture. On ne parle pas ici d’une affaire de famille, nous n’y allons simplement pas pour nous amuser. Nous voulons gagner et avons besoin d’une équipe qui comprenne l’esprit de ce projet. Fernando (son fils cadet) court en Euro Formula et pilote donc des voitures compétitives. Je les ai fait rouler tous les deux l’année dernière en Endurance Porsche Cup. Ils ont terminé sur le podium à de nombreuses reprises. Ils sont donc tous les deux très compétitifs. Comme je l’ai précisé, je dois juste voir où nous en sommes en termes de catégorisation puis trouver une équipe qui nous soutienne et on y va… »

©️MPS Agency
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©️MPS Agency
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