Anthony Drevet, la voix passionnée du sport auto et bien plus encore !

Voix familière des paddocks d’endurance et des pistes enneigées, Anthony Drevet est bien plus qu’un commentateur. Journaliste rigoureux, passionné de sport auto et d’hiver (ski), il partage les coulisses de sa préparation, ses inspirations et ses projets. Entre micros, podcasts et passion sincère, rencontre avec un artisan de l’émotion sportive.

Avant même de commenter une course d’endurance, Anthony Drevet entame une véritable préparation de fond. « C’est un travail de journaliste avant tout », explique-t-il, conscient de la densité d’informations à intégrer. Pour chaque manche de l’European Le Mans Series qu’il commente sur le Youtuve officiel de la série, il revoit les résumés des éditions précédentes, « pas la course entière, je l’ai déjà commentée » mais des condensés vidéo de 10 à 15 minutes pour se replonger dans le rythme et les événements clés. Il imprime les classements du championnat, analyse les résultats de la course précédente et complète ses fichiers sur les pilotes qu’il enrichit depuis des années. « J’ai une base de données que je mets à jour à chaque course. Ça me permet de replacer les choses, de contextualiser et de meubler intelligemment pendant le direct. »

Sa préparation ne s’arrête pas là : en ELMS, il doit aussi organiser ses interventions avec des invités pilotes ou journalistes. Dès le jeudi ou vendredi, il s’occupe de programmer leur passage à l’antenne. Il veille à faire tourner les profils pour ne pas privilégier certaines équipes, et surtout mettre en lumière les francophones : « Il y a les Français bien sûr, mais aussi les Belges, les Suisses… et c’est important pour moi de leur donner de la visibilité. » Lorsqu’il est également chargé d’animer les podiums, comme au Castellet, s’ajoute une procédure stricte à respecter. Il doit annoncer les pilotes et assurer l’ambiance de fin de course de Le Mans Cup comme en ELMS. Enfin, il imprime toujours ses spotter guides : « C’est bête, mais avoir sous les yeux la forme, les couleurs, les numéros de chaque voiture par catégorie, ça m’aide énormément. »

©️ Anthony Drevet

Dans cet univers qu’il fréquente depuis 2013, d’abord chez Motors TV puis désormais directement sur les circuits pour le compte du championnat, Anthony est véritablement dans son élément. « Être sur place change tout. Tu crées du lien, tu sens ce qui se passe, même quand les gens ne parlent pas. C’est là que tu fais ton vrai boulot de journaliste. » Et de sourire : « On se moque gentiment de moi parce que je parle toute la journée, mais c’est en discutant qu’on apprend. »

Son activité ne s’arrête pas à l’endurance. Sur Eurosport, Anthony commente les sports d’hiver, notamment les Winter X Games, et sur Canal+, il suit la Formule 2. Ce grand écart, il l’assume sans peine. « Ce qui m’attire, c’est la notion de trajectoire : ski, monoplace, endurance… Ce sont des disciplines où il faut aller vite, en prenant le chemin le plus court. ». La clé reste toujours la préparation : pour le ski, il revoit les courses de la saison précédente, se replonge dans les classements, les chutes marquantes. Pour chaque sport, il tient là aussi des fichiers mis à jour qu’il consulte avant chaque (é)mission. Il avoue que le plus compliqué, c’est la Formule 2, justement parce qu’il ne se rend pas sur les courses : « Je dois tout faire à distance : appels, interviews croisées, lectures d’articles et d’analyses… C’est plus chronophage, et parfois, je manque de temps. »

C’est cette passion transversale qui l’a poussé à créer en 2023 son propre podcast, Trajectoire, pour mettre en avant les acteurs du sport mécanique et d’hiver. L’envie de faire des interviews ne date pas d’hier. Dès 2013, Anthony lançait des entretiens sur Skype avec Sébastien Loeb, Alex Tagliani, Simon Pagenaud ou encore Simona de Silvestro. Il voulait déjà entendre les voix de ceux qui font vivre les paddocks. Avec le confinement et l’émergence de Twitch, il tente de nouveaux formats, mais finit par être frustré. « Les gens arrivaient en cours d’interview, posaient des questions qu’on avait déjà abordées. Ce n’était pas fluide. » Le podcast s’impose alors comme une évidence : « Je voulais un format où l’audio prime, plus intimiste, plus propice à l’écoute. Je sais que YouTube ferait plus d’audience, mais je préfère qu’on s’imagine ce qui se passe, comme avec un bon livre. »

©️ Anthony Drevet

C’est dans cet esprit qu’il enregistre des épisodes avec des personnalités aussi diverses que Sarah Bovy, Johan Clarey, Benoit Tréluyer ou Florence Masnada. Tous ne rencontrent pas le même succès « parce que les bases de fans sont différentes entre ski et sport auto », mais l’essentiel est là : donner la parole à ceux qu’on entend rarement ailleurs. Et les projets ne manquent pas. Il envisage de développer sa chaîne YouTube,  non pas pour y déposer ses podcasts, mais pour y proposer des vidéos pédagogiques sur les coulisses du sport : visites de manufacturiers de pneus, découverte de châssis, suivi en track day… « J’ai envie de montrer aussi qu’Anthony Drevet sait piloter. À mon petit niveau bien sûr, mais ça me rend meilleur en commentaire. » Et pourquoi pas, organiser des rencontres avec les auditeurs, autour d’une course de karting.

Lorsqu’on lui propose de jouer au team manager des 24 Heures du Mans avec carte blanche, il compose un line-up de rêve mêlant générations et caractères. Henri Pescarolo est son premier choix, « l’incarnation du Mans », devant même Jackie Ickx ou Tom Kristensen. Il choisit ensuite Sébastien Bourdais « parce qu’il mérite de gagner au général ». Sarah Bovy est là pour sa passion et sa précision : « elle mettrait une ambiance incroyable dans l’équipe. » Et pour représenter la relève, Anthony opte pour Reshad de Gérus : « il a du talent et incarne la nouvelle vague. » D’autres noms lui viennent comme Aurélien Panis, Théo Pourchaire, Mathias Beche, mais il fallait bien s’arrêter à quatre.

Avec Greg Saucy ©️ELMS

Côté circuits, Anthony ne peut départager Le Mans « pour l’émotion, l’atmosphère » et le circuit Gilles-Villeneuve à Montréal, « mon coup de cœur de jeunesse sur Grand Prix 3. Et puis Gilles Villeneuve, quelle passion ! » Parmi les voitures qui l’ont marqué, il cite la Jordan 191, la fameuse verte 7Up de Schumacher, sa première F1 radio-commandée, et la Reynard Players de Greg Moore. « J’adorais ses gants rouges. Moi aussi, quand je roule, je veux avoir des gants rouges. »

Enfin, lorsqu’on l’interroge sur son temps libre, il sourit : « il y en a peu. Mais je regarde les courses même quand je ne bosse pas. Et j’essaie de passer du temps avec mes amis, ma famille. Voyager, découvrir, souffler, c’est rare mais précieux. » Passionné, passionnant, Anthony Drevet trace sa trajectoire avec enthousiasme et sincérité. Sur toutes les pistes.

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