En ayant quitté le paddock de São Paulo, le championnat a déjà passé le cap de sa première moitié de saison. Et qu’avons nous vu jusque là dans ce championnat qui entame déjà sa 14e saison depuis sa création en 2012 ? Faisons le point constructeur par constructeur, dans l’ordre du classement, pas mal chamboulé à l’issue de la manche brésilienne.
Ferrari AF Corse : LE favori pour les titres
Quatre victoires en cinq courses. C’est acté, Ferrari a tout raflé même si elle n’a pas gagné pour la première fois depuis le début de la saison au Brésil ! Pire, aucune voiture officielle n’a été en mesure de finir dans le top 10 sur cette dernière course. Si la n°50 a eu un contact malheureux l’écartant de toute chance de beau résultat, la n°51 et son muret ont commis deux erreurs et ont donc eu 5 secondes de pénalité puis un drive through. La n°83, semi officielle, est parvenue à finir 8e, mais il faut rappeler qu’elle sort d’une victoire au Mans !
La marque avait prévenu et on l’avait vu l’an passé, la 499P n’est pas à son aise sur certains circuits, et il faudra s’attendre à un résultat similaire à Fuji, bien que des progrès sont constatés sur la gestion des pneus. Il y a certes 55 points d’avance sur Cadillac grâce à un début de saison sans partage (triplé au Qatar, doublé à Imola et Spa) mais il y a actuellement un gros changement de dynamique : si on veut les deux titres chez le clan italien, il faudra envisager des consignes d’équipes entre les 2 officielles…et il y a encore une marge de progression dans l’exécution en course (disqualification de la n°50 au mans alors que le problème avait été constaté lors du dernier arrêt, trop d’unsafe release, trop de pénalités).

Cadillac Hertz Team Jota : le retour aux avant-postes
Un rappel semble nécessaire : avant le Mans, Cadillac se classait 5e au championnat constructeur ! Aujourd’hui, et un doublé plus tard, les voilà 2e après être passé devant trois beaux constructeurs : Toyota, Alpine et BMW.
Dès l’annonce du partenariat Jota/Cadillac, nous savions que la victoire ne serait qu’une question de temps. Très en verve au Qatar, l’exploit n’était pas inaccessible, d’autant que Jota avait rappelé aux autres ses compétences stratégiques dès le premier safety car de la saison. Pas sur qu’ils auraient pu tenir face aux 499P durant 10 heures, mais un contact entre les deux autos (Lynn sur la n°12, Button sur les 3B, euh, la n°38) en a décidé autrement. Leur course mancelle a été solide, avec une double entrée dans les points (4e et 7e) après avoir signé l’Hyperpole !
Satisfaits de leur package au Brésil, les autos américaines ont appliqué une doctrine bien connue au pays de l’oncle Sam : Winner takes all (le vainqueur prend tout). Les deux voitures engagées font le doublé, encore après une pole position, et laisse les miettes à leurs concurrents. C’est ce qu’on appelle maximiser un résultat, et cela se voit sur le bilan comptable !

Porsche Penske Motorsport : dans l’ombre de Cadillac
Très (trop ?) discret depuis le début de saison, Penske a inquiété, et ce jusqu’à la veille des 24 Heures du mans, avec une disqualification pour la n°6 et une roue arrière perdue pour la n°5 lors des qualifications de l’épreuve sarthoise. Mais parfois, c’est au pied du mur que l’Humain se dépasse et inverse la tendance pour s’en sortir. Et c’est un tout autre visage que l’on a (re)vu lors de la course au double tour d’horloge : si vous demandiez à quoi pouvait ressembler une course parfaite, la n°6 a rendu une copie faisant rêver plus d’un bachelier fraîchement diplômé. C’est le Penske que l’on a connu en 2024, et il était de retour au Brésil. Résultat ? P3 et P4, derrière les Cadillac, et une remontée de la 6e place à la 3e place…derrière les Cadillac. Un nouveau duel en perspective ? Il y a neuf petits points d’écart entre les marques, à ce stade de la saison, l’erreur risque de coûter cher ! Ça change du début de saison où le team de Roger oscillait entre la 8e et 10e place sur les trois premières courses !

Toyota : en souffrance, et pour la première fois hors des points depuis…2018
Toyota connaît un début de saison bien en deçà de ce que l’on peut attendre d’un champion du monde en titre avec depuis le début de saison, une entrée régulière dans le top 5. Si au Brésil, l’équipe nippone a pu affronter en piste Ferrari pour la première fois depuis le début de la saison, cette lutte s’est faite pour le gain…de la 13e place. À ce jour, aucune GR010 n’est montée sur le podium. L’auto est certes vieillissante, mais toujours aussi homogène donc il faut chercher ailleurs ! On peut aussi constater des progrès des concurrents sur la maîtrise de leur voiture, mais l’équipe nippone reste toujours aussi efficace sur l’exploitation en course et a délivré de splendides prestations dans ce domaine à spa notamment. Il va falloir envisager d’attendre des jours meilleurs pour les hommes de David Floury, éventuellement une nouvelle auto ? Ce serait surprenant dans un championnat où le développement est en très grande partie gelé, mais après tout pourquoi pas si la GR010 est arrivée au bout de son potentiel…Reste que 80 points de retard sur le leader à trois courses du terme, difficile d’imaginer la marque conserver son titre 2024…

A suivre…