Esteban Masson est un des grands espoirs du sport automobile français en Endurance. Très remarqué, le jeune pilote poursuit son développement bien couvé par Didier André, mais aussi Toyota Gazoo Racing. En tête de l’ELMS en ce moment, Endurance Live est allé le rencontrer à Spa.
Esteban Masson dispute cette saison ELMS 2025 avec VDS Panis Racing. Associé à Ollie Gray et Charles Milesi, pilote Alpine en WEC, les trois hommes mènent actuellement le classement après quatre belles courses. « On termine deuxième à Barcelone et, pour le moment, il n’y a que le Castellet où on a eu un pépin mécanique, au début de la course. On était très performants, c’est dommage, mais on arrive à remonter, finir sixième et marquer des points importants. Après Le Mans, on a gagné à Imola où on a prouvé qu’on est une équipe forte et prête à jouer ce championnat. » Depuis, un autre succès s’est ajouté : Spa. « Une 2e victoire grâce à un travail fantastique de toute l’équipe et de mes coéquipiers. Nous avons très bien géré les Safety Cars et les procédures. On a gardé la tête froide pour décrocher ce résultat. »
De quoi tirer, à deux courses du but, un bon premier bilan. « Un début de saison plus que positif, surtout que j’ai eu un accident fin 2024, je n’ai donc eu aucune préparation. Je suis arrivé à Barcelone avec la seule journée de Rookie Test faite à la fin de l’ELMS à Portimão. C’était un peu un saut dans le vide et réussir à faire un podium directement dès le début a été très positif. Parfois frustrant aussi sur quelques épisodes comme le Paul Ricard et Le Mans, mais au final, les résultats sont là à chaque fois et c’est ce qui nous place en tête du championnat. C’est très serré, on est contre des équipes très compétitives, avec de très bons pilotes. Il va falloir continuer à se battre jusqu’au bout, mais pour l’instant, c’est que du positif. »

Comme il l’évoque, Le Mans a été un moment difficile pour lui. Première à moins d’une heure de l’arrivée, l’Oreca n°48 a eu un souci technique au niveau de la suspension et c’est la n°43 d’Inter Europol Compétition qui a tiré les marrons du feu. « Je n’y pense plus. Mais quand j’y repense, c’est toujours une déception parce qu’on ne sait jamais quand on aura de nouveau la chance de gagner Le Mans. Mais digéré à 100%. La semaine d’après, j’étais au Japon pour une course où je finis deuxième. En plus, je suis bien entouré et arrive à bien faire la part des choses. J’ai aussi pris conscience que c’était un résultat exceptionnel et qu’il faut s’en satisfaire, surtout qu’on a fait une course parfaite, sans erreur. Ce résultat nous a donné la confiance pour l’ELMS, c’est ce qu’il y a de plus important car ce championnat est notre principal objectif. »
Justement, à travers l’équipe VDS Panis Racing, il a su trouver l’équilibre qui lui convient. « Honnêtement, depuis le début de saison, ça se passe extrêmement bien, que ce soit avec mes équipiers, les mécanos, les ingénieurs, l’équipe en général. Je suis très content pour ma première année de découverte en LMP2. On construit vraiment nos courses, on a un super line-up, l’équipe travaille super bien et on arrive à être constant. Je suis très content d’être dans une équipe aussi compétitive et bosseuse que VDS Panis Racing. »

Comme il le précise, Esteban Masson ne compte que quatre courses avec une LMP2, lui qui n’a fait que du GT en endurance. «J’ai piloté la Ferrari de Kessel Racing, mais aussi la Lexus en WEC et là c’est complètement différent. Lors du Rookie Test à Portimao, je me suis senti assez rapidement très à l’aise. C’est ce qui se rapproche le plus de la monoplace, des sensations que je connais. C’était sympa de remonter dans une auto avec beaucoup d’aéro et aussi performante que ça. »
Cependant, il a une autre expérience (partielle) du monde du proto. En effet, en novembre dernier, il a pu piloter la Toyota GR010 Hypercar dans le cadre des Rookie Test à Bahreïn, une sacrée expérience. « Ce fut d’abord une surprise car ce n’était pas forcément prévu. En dehors de mes quelques tours en LMP2, je n’avais aucune expérience en prototype. Je suis très content d’avoir pu avoir la confiance de Toyota pour me mettre dans la voiture championne du monde. Le test s’est extrêmement bien passé. Ils m’ont préparé exactement comme il fallait et mis dans de très bonnes conditions : simulateur à Cologne, mon siège en amont. J’ai eu la chance de faire pas mal de tours, c’est incroyable de rouler dans ce qui se fait de mieux en endurance. C’est un peu un mix entre une GT et une monoplace, il y a quand même un peu d’aéro, mais c’est relativement lourd. L’empattement est quand même long, donc dans les virages lents, ce n’est pas ce qu’il y a de plus performant, la LMP2 est même plus rapide à mon avis. Mais les systèmes, le fait de se retrouver dans une auto aussi bien isolée, j’avais l’impression d’être dans un simulateur. J’ai hâte de rouler avec à nouveau et de faire des kilomètres pour me préparer, j’espère, à la suite. »

Car la suite passe par Toyota. Le jeune pilote de bientôt 21 ans, encadré par la structure de Didier André (Didier André Driver Development), a depuis ce test rejoint le programme TGR Driver Challenge Program (TGR-DC) de Toyota. « Je fais partie du giron Toyota depuis cette année, c’est ma première année de contrat. Je suis très content d’avoir le support d’un manufacturier aussi important, leader mondial dans l’automobile. D’avoir leur confiance est vraiment quelque chose qui m’aide au quotidien, dans la préparation et construction de mes programmes ainsi que de mon évolution dans ma jeune carrière. De plus, cela m’offre d’avoir l’opportunité de rouler dans des teams comme VDS Panis Racing, de me battre pour des victoires et des titres. »
En basculant dans la 2e partie du championnat, on le sait, c’est maintenant que l’on commence à discuter pour l’année prochaine les tractations commencent. Alors de quoi l’avenir de ce prometteur pilote sera fait. Lui-même ne le sait pas ! « J’ai pas de réponse précise. Toyota, ainsi que les teams en question verront comment établir mon programme et développement sur l’année prochaine. Je serais très content de continuer en ELMS, en LMP2, c’est une catégorie où il y a énormément de niveau et extrêmement serrée car tout le monde a la même voiture, le même moteur donc les pilotes, les équipes, le travail sont très importants. Avec VDS Panis Racing, ce serait super vu comment se passe l’année. A côté de ça, je roule au Japon actuellement en Super Formula Light (l’antichambre de la Super Formula chez TOM’S) où ça se passe également bien. Est-ce que je vais continuer à rouler au Japon? Faire autre chose à côté ? Je ne sais pas du tout, pour l’instant, il y a beaucoup de pistes possibles. Il y a aussi l’Asian Le Mans Series pendant la trêve hivernale qui est importante. » Bien entendu comme tout pilote, Le Mans reste dans un coin de la tête. « Je veux absolument les refaire, c’est une course mythique. Avoir fait Le Mans a deux reprises est déjà exceptionnel à mon âge, j’ai eu cette chance. Je pense que Toyota a l’objectif de me placer sur les 24 Heures du Mans pour continuer ma préparation au plus haut niveau. » Affaire à suivre, mais le chemin semble tout tracé pour ce pilote qui a la particularité d’avoir la double nationalité franco canadienne, étant né à Montréal.
