Dans les coulisses d’IDEC Sport, au milieu des mécanos, des ingénieurs et des pilotes, il y a une figure centrale qui veille à ce que tout tourne rond : Stéphanie Denier D’Aprigny. Coordonnatrice et manager logistique, elle incarne la mémoire et le cœur organisationnel de l’écurie. Son parcours atypique l’a menée des paddocks du Technoparc du Mans aux grandes scènes de l’endurance européenne.
Issue d’une famille de commerçants, mais bercée dès l’enfance par l’univers des voitures anciennes grâce à ses parents collectionneurs, Stéphanie nourrit très tôt un rêve : travailler dans l’automobile. « J’ai toujours eu un plan A et un plan B. Si la compétition ne m’ouvrait pas ses portes, je voulais comprendre comment fonctionne un garage, une concession… et m’y faire une place. » Après un Bac Pro Secrétaire Comptable, « je n’étais pas très scolaire, plus manuelle », elle poursuit à l’École de Gestion et de Commerce (EGC) du Mans. Sa détermination est telle qu’après plusieurs relances, l’école finit par l’accepter. C’est là qu’elle fait ses premiers pas dans le sport auto, comme bénévole chez Luc Alphand Aventures. « Tous les soirs après les cours, je passais au Technoparc : un peu de marketing, un peu d’atelier, je voulais tout apprendre. »
Diplômes en poche, dont un passage par l’Institut Supérieur du Commerce Automobile (ISCAM), elle enchaîne les expériences : Ruffier Racing, Audi Driving Experience. Sa curiosité et son goût du concret lui ouvrent les portes d’Automobili Lamborghini où elle devient pendant trois ans coordinatrice du Super Trofeo. « J’ai toujours refusé de me cantonner au marketing. Petite, j’aurais voulu être mécanicienne. Alors je voulais savoir changer des freins, manipuler du carbone, comprendre chaque rôle dans l’équipe. »
Revenue dans le giron de Ruffier Racing qui devient IDEC Sport (voir interviews Patrice Lafargue ICI et LA), Stéphanie accompagne l’évolution de l’écurie depuis ses débuts. Elle traverse les étapes : LMP3 en Michelin Le Mans Cup, LMP2 en ELMS, engagements historiques, collaborations avec Delage, Matra et aujourd’hui Genesis Magma Racing. « Avec Genesis Magma, on partage une vraie synergie humaine et professionnelle. Ça nous a forcés à nous restructurer et ça nous donne un coup de fouet. »
Pour les 24 Heures du Mans ou toute autre épreuve, Stéphanie anticipe tout : hébergements, restauration, déplacements, implantation des structures, équipements. « La logistique, c’est faire en sorte que chacun ait tout pour bien faire son travail, du pilote au cuisinier. Quand tout est prêt en amont, je peux me concentrer sur la résolution des imprévus. » Et les imprévus, il y en a. Elle se souvient d’une édition où les deux voitures de l’équipe sont sorties à quelques minutes d’intervalle « Deux coques à réparer… Là, il faut trouver les bonnes personnes, anticiper, chercher des solutions. C’est ce que j’aime : ne jamais dire “je ne sais pas”. »
De toutes les disciplines qu’elle a touchées, c’est l’Historique qui la fait le plus vibrer. « Rentrer dans le paddock du Mans Classic, c’est magique. C’est un bond dans le temps et une chance de préserver notre patrimoine automobile. » Quant à l’avenir, elle le voit toujours dans le sport auto, avec de nouveaux défis. « Je vis pour mon travail, ma passion et de nouveau challenge ! C’est ma vie. »