IDEC Sport fête ses 10 ans cette année. Paul Lafargue, le patron légendaire de cette équipe, a accepté de revenir sur cette décennie rythmée par les joies et les déceptions, le titre en ELMS, les occasions manquées au Mans, Le Mans avec son fils Paul et l’arrivée de Genesis cette année.
Au début, Patrice ne pensait même pas créer une écurie. Il est à l’époque pilote et roule avec Paul Lafargue, son fils, et n’imagine pas devenir le patron d’une équipe de sport automobile. « Non, je n’ai rien créé. A l’époque, avec Paul, on courait chez Jean-Claude Ruffier (Team Ruffier Racing), que l’on appelle « Papy », et un jour il m’a dit : « Il faudrait peut-être que j’arrête ! » Je le comprenais tout à fait, après toutes ces années qu’il a pu faire sur les circuits. Nous, on était bien chez Ruffier, donc la seule bonne idée était de la racheter ! » Mais reprendre l’écurie uniquement pour lui n’avait pas vraiment d’intérêt comme il le confirme. « Le but au départ, c’était Paul. Il commençait à rouler, rouler même fort, c’est un vrai passionné, donc ça m’a encouragé. J’aurais été tout seul dans l’aventure, je ne sais pas si j’aurais monté une écurie, mais avec mon fils à mes côtés, on savait qu’on partait pour quelques années. » Il s’appuie donc sur la structure Ruffier Racing et repart de là. « C’était bien d’avoir le temps. De plus, on voulait la façonner comme on avait envie, d’avoir tout ce qui peut être mécanos, l’intendance, avoir des gens bien. Dans cette structure, on en connaissait une grande partie, on était déjà en famille. Ca aurait été dommage d’arrêter et d’aller dans une autre équipe. On a donc franchi le pas, c’est vraiment le point de départ. »

Patrice Lafargue prend donc les rênes de cette nouvelle écurie : IDEC Sport. Elle s’engage d’abord dans les séries GT avant de définitivement pencher vers le prototype et le LMP2 plus particulièrement. « On a commencé par des petites séries avec Paul en GT (VdeV entre autres), on a eu de la chance de faire de bons résultats sans prendre la grosse tête, on n’est pas champion du monde, mais on a gagné des championnats. On a acheté une Mercedes-AMG pour disputer les 24H Series (photo ci-dessus). On a adoré ce championnat Creventic car cela nous permettait de courir ensemble. On y a beaucoup appris avant de basculer en ELMS. Les 24H Series, c’était plutôt sympa, toujours des beaux circuits, vraiment très bien organisé, parfois on a même des regrets par rapport à ça. » Mais une idée trotte dans la tête de Patrice Lafargue au fur et à mesure des résultats de Paul. « J’avais une idée : faire le Mans avec mon fils ! Ca a été vraiment le point de départ du moderne au plus haut niveau. A l’époque on avait une Ligier JS P217 et avec David (Zollinger), on a monté le projet tous les trois. On a fait les 24 Heures du Mans 2017 et cela avait plutôt pas trop mal marché, on finit 12e en général, 10e des LMP2. C’était sympa de se prendre au jeu.»

Paul continue en ELMS tout comme son père mais ne sont plus sur la même auto. Patrice est sur la Ligier JS P217 tandis que Paul est sur une Oreca 07. Ce dernier continue de progresser et, avec Paul-Loup Chatin, le fer de lance de l’équipe, et Memo Rojas, il décroche le titre en 2019. « Ce fut pour nous un Graal, un sommet, il y avait quand même des sacrées écuries et des pilotes de haut niveau en face à cette époque. Nous étions une toute petite écurie alors qu’aujourd’hui on a un peu grossi ». L’un des artisans de ce titre et des superbes résultats qui suivront (5e en 2022 et 2023, trois victoires en ELMS jusqu’en 2024) est sans aucun doute Paul Loup Chatin. Le Français, désormais pilote Alpine en WEC, a fait toutes ses armes ou presque chez IDEC Sport. Arrivé en fin de saison 2017, il a toujours été au sein de l’équipe en dehors de 2024. « On a eu une chance incroyable à l’époque, c’est que Paul Loup était disponible. On a eu la possibilité de le recruter à ce moment-là, ça a été une double chance parce qu’il ne peut pas oublier que Paul-Loup, en dehors d’être un grand pilote, a eu une formation très pointue qui nous convenait aussi au sein de mon groupe. Il a eu les deux casquettes : être dans mon entreprise, être encore tout près de Paul et aussi pilote. Il ne s’est pas révélé, mais il a confirmé ce qu’on pensait de lui : pour moi aujourd’hui, c’est le meilleur pilote que j’ai rencontré ! »

Après prés de dix ans passées en ELMS et en LMP2, un nouveau cap a été franchi avec le partenariat avec Genesis Magma Genesis (Hyundai) qui cherchait à profiter de l’ELMS pour entrainer ses hommes en vue de son arrivée en Hypercar en WEC l’an prochain. Sur l’Oreca n°18 IDEC / Genesis on trouve Dani Juncadella, Jamie Chadwick et Mathys Jaubert. Une belle opportunité pour IDEC de pouvoir travailler avec un constructeur. « Grâce à Nico (Minassian, directeur sportif), on a su très tôt que Hyundai réfléchissait à venir en Endurance et comme il ne doutait de rien, il a tout fait pour contacter la marque en disant qu’on existait. Ensuite, Hyundai a lancé une procédure pour trouver le meilleur partenaire. On a eu la chance d’être retenu dans les 3 ou 4 dernières écuries. Puis après, les rencontres, la confiance, les contacts, etc…. Je pense aussi que notre bâtiment construit à Signes (Var) y est aussi pour quelque chose, ça donne une certaine image à l’écurie (Genesis va d’ailleurs s’installer dans un de ces bâtiments). Ils nous ont retenus, c’est plaisant, on aime bien gagner sur tous les fronts que ce soit en course, en discussion ou en négociation. En plus, nous sommes tombés sur des gens bien et adorables. Sur chaque circuit, on a l’impression qu’ils sont avec nous depuis des années. Une osmose s’est faite, vraiment très bien et plutôt agréable. C’est un bon choix que je ne regrette pas aujourd’hui… »
A suivre…
