Créée en 2005, IDEC Sport souffle ses dix bougies. Endurance Live a pu rencontrer son patron, Patrice Lafargue, pour revenir sur cette belle décennie. Après avoir déroulé la chronologie des événements, nous sommes revenus sur les moments forts mais aussi durs et sur une autre passion de Patrice, la voile.
Sur les 10 ans de vie d’IDEC Sport, trois événements particuliers reviennent à l’esprit de Patrice. « Si je devais choisir trois moments d’IDEC depuis le départ, je dirais en 1 les 24 Heures du Mans avec mon fils, ce fut un moment spécial. Le 2e a été de le voir sur le podium LMP2 du Mans l’an dernier (avec Reshad de Gerus et Job van Uitert). Paul est un vrai pilote amateur. Le lundi matin, il est au boulot. Le voir là sur cette 3e marche, sans qu’il fasse, je ne le dénonce pas, vraiment d’efforts par rapport à ça a été particulier. Il me surprend parce qu’il est vite un peu naturellement, il ne se prend pas la tête. Il râle quand il faut râler, mais autrement, il est cool et fait des superbes résultats à la hauteur de ce qu’il est, ni un champion du monde ou un pilote usine. Un podium aux 24 Heures du Mans, il n’y a pas beaucoup de pilotes qui peuvent se vanter de l’avoir fait. Pour finir, je dirais que le titre ELMS gagné en 2019 serait le 3ème moment. »


Ce sont plus les bons moments, mais des plus mauvais lui viennent aussi en mémoire. « Il y a eu des bons moments, il y en a eu des mauvais également. Il y a une année, je ne me rappelle plus laquelle précisément (2018). A deux heures de la fin, on était 3ème. On remontait très fort sur le deuxième et on n’était pas loin d’aller chercher le premier. On était en pleine euphorie et on revenait fort. On faisait au minimum podium voire jouer la victoire. Et puis, on avait oublié de mettre une boîte de vitesses neuve, ce qui est une erreur, et elle s’est fissurée, donc abandon. Je crois que c’est la plus grosse déception d’IDEC. Il y a eu des pleurs, mais c’est aussi la force du sport en général. »
Plusieurs fois lors de notre rencontre, Patrice Lafargue a insisté sur un fait : « Il n’y a jamais eu quelque chose d’écrit au sein de l’équipe en se disant on va faire ci une année, ça sur une autre. Notre programme se faisait parfois plus au fil des discussions… » Alors difficile de lui demander quelle sera la prochaine étape même si une idée lui vient. « Il est vrai qu’on a un engagement fort en ELMS depuis un certain nombre d’années, cela ne nous empêche pas tous les ans de nous dire : « Et pourquoi l’année prochaine on ne ferait pas autre chose ? » On est encore et toujours là parce qu’il y a ce virus des 24 Heures du Mans avec ces voitures formidables. Pour être honnête, je ne sais pas de quoi l’avenir sera fait. Si, on a une étape qu’on va mettre en place parce que j’y tiens. J’ai roulé tellement d’années en historique, avec des voitures fabuleuses et quand on y a goûté, on ne peut plus s’en passer. Dès l’année prochaine, on va créer IDEC Sport Légende pour revenir sur ces championnats, c’est passionnant. On va faire un truc bien, passer encore une fois du bon temps, c’est magique. »

Ce que les passionnés ne savent peut être pas tous, c’est que Patrice Lafargue a une autre passion : la voile. Cela fait plus de vingt années que Francis Joyon et le Groupe Idec poursuivent, sans interruption, la plus longue histoire de fidélité entre un navigateur et son sponsor. « La voile a été le premier support en termes de com. On a tellement été gâtés avec tous ces records, ces bateaux qu’on a pu avoir, ça a été une aventure fabuleuse. Là on se relance car le bateau, on l’a toujours. Aujourd’hui c’est presque devenue une pièce de musée, il a gagné des Routes du Rhum, signé des records du Tour du Monde. Il est demandé de partout. » Et un nouveau projet va voir le jour, quelque chose qui tient à cœur de Patrice. « On a rencontré une équipe féminine, surtout une skippeuse féminine, Alexia (Barrier), qui est venue me voir en parlant de faire ce qu’a fait Francis : le Tour du Monde en équipage féminin. J’ai trouvé ça plutôt sympa, c’est un bon projet. Elle considère que le bateau de Francis peut encore faire des belles choses parce que s’il est moins performant que d’autres, il est solide et sur un Tour du Monde, c’est comme aux 24 Heures du Mans, quand tu n’as pas de panne, tu fais déjà au moins un bon résultat. La voile, c’est la même approche et ce maxi trimaran là a démontré sa solidité. Elle est venue naturellement, nous a proposé ce projet et on a suivi. Ça va être d’actualité de plus en plus à chaque jour qui vient parce que l’objectif est qu’elle parte en fin d’année. Le record du Tour du Monde en féminin n’existe pas donc si elle finit, elle l’établit. Le bateau permettra largement de faire cette chose là. Elles ont une même ambition et je trouve ça gonflé. » Très rapidement, le lien et la comparaison sont faits avec un autre équipage féminin en endurance cette fois-ci. « Quant on voit les Iron Dames en ELMS et en WEC, elles sont hyper performantes en voiture. Je suis en admiration devant ces filles qui viennent sur des sports qui sont toujours difficiles. Ca casse tous les mythes, bravo à elles. »
