Endurance Live a pu s’entretenir avec le pilote mythique et figure du Mans, Jacky Ickx qui n’a rien perdu de sa passion. À 80 ans, il s’engage aux côtés de Genesis dans l’un des projets les plus ambitieux de la scène endurance : un futur programme Hypercar. Conseiller sportif et « brand partner », le Belge se dit « guidé par l’envie de créer, de transmettre, et de vivre pleinement le présent ». Rencontre avec un sage du sport automobile, tourné résolument vers l’avenir.
C’est à l’occasion d’une remise de prix que Jacky Ickx fait la rencontre de Luc Donckerwolke, le Chief Creative Officer de Genesis. De cette conversation naît une idée : associer l’ancien pilote à la marque coréenne en plein développement. « Il a pensé que ce serait chouette que je rejoigne Genesis », explique Ickx avec la simplicité qui le caractérise. Mais ce n’est pas comme simple ambassadeur que l’ancienne légende des 24 Heures du Mans rejoint l’aventure : « Non, je suis ce qu’on appelle un brand partner. C’est plus large, ça couvre plus de choses », précise-t-il. Un rôle évolutif qui s’est récemment étendu à la sphère sportive : « Maintenant, c’est aussi la course. Luc m’a donné le titre de racing advisor (conseiller course). Il s’est dit qu’avec des gens qui ont atteint un certain âge, le cerveau fonctionnait encore bien. Peut-être que ce n’est pas idiot de prendre quelqu’un avec une petite expérience de la course automobile avec nous. ».
Ce qui attire Jacky Ickx dans ce projet, c’est avant tout la possibilité de construire, d’innover, de s’impliquer dans un présent tourné vers l’avenir. « Ce qui m’attire dans le projet, c’est de partir de zéro et de créer quelque chose. Et très égoïstement, de vivre le présent. Pas le passé, le présent et ce qui reste du futur. » Il voit dans cette aventure une dynamique collective enthousiasmante : « C’est une occasion formidable de faire quelque chose avec d’autres gens. Le projet humain est superbe : créer une équipe ensemble dans laquelle l’individualisme sera en berne par rapport à l’intérêt général. ».
Lorsqu’on évoque son passé de pilote, Ickx répond avec son flegme belge : « Il est derrière moi, oui, c’est très belge. C’est ce que les Belges disent : mon passé est derrière moi. » Pour autant, le sextuple vainqueur du Mans reconnaît que son expérience peut être utile dans le développement du projet, notamment en endurance : « Quand on parle du Mans et tout ça, oui, j’ai une petite expérience ici, c’est vrai (rires). » Mais attention à ne pas lui prêter plus d’influence qu’il n’en revendique : « Est-ce que j’ai un regard sur les prochains kilomètres ? Oui, j’ai un regard, mais qu’un regard. ».
Testera-t-il un jour la future Hypercar ? L’idée l’amuse : « Ça me plaît assez de voir ce qu’est une machine moderne, mais surtout de connaître le sujet dont je parle. Donc pour y aller, il faut tester. » Avant d’ajouter dans un sourire : « Mais il y a deux choix difficiles là-dedans. La première est de rentrer dedans. Et plus compliqué encore, d’en sortir. Donc si on réussit ce test, on peut y aller. ».
Au-delà de la technique, c’est une philosophie de vie que partage Jacky Ickx : « je suis adepte du dicton suivant : oser, rêver et faire. De ces trois termes, oser est peut-être le plus difficile à concrétiser. Nelson Mandela disait que si vos rêves ne vous font pas peur, c’est qu’ils ne sont pas assez grands. » L’ancien pilote refuse toute nostalgie mal placée : « Je n’ai aucune nostalgie du passé. La seule que j’éprouve est envers ceux qui ne sont plus là et à qui je n’ai pas assez dit à quel point je les aimais. Je ne regarde que le futur. ».
Son enthousiasme pour l’équipe qui se construit est palpable. « Une des raisons de mes succès en sport automobile est le fait que j’étais dans de bonnes équipes. Cyril (Abiteboul, Président du groupe Hyundai Motorsport) et ses hommes sont en train de créer une dream team (équipe de rêve). » Et il en est convaincu : Genesis dispose déjà des fondations pour progresser rapidement. « D’un point de vue technique, nous sommes là. Nous avons les bons ingénieurs, les bonnes installations, une voiture est bien née, on sait où on va et nous ne pouvons que progresser. ».
Déterminé, Jacky Ickx n’hésite pas à afficher les ambitions du programme : « Pour quelqu’un comme moi, faire partie du présent et du futur, avec des personnes qui veulent créer quelque chose d’incroyable, c’est super. Je n’ai pas peur de dire que nous voulons battre Ferrari et Porsche. Tout le monde veut gagner Le Mans., mais être unis est la clé de tout. ».
