La catégorie LMGT3 a offert un spectacle à la hauteur de l’événement. Intensité stratégique, diversité des marques, rebondissements en cascade… Le Mans 2025 a consacré Porsche au terme d’une course âprement disputée où pas moins de cinq constructeurs ont pu rêver de victoire. Retour complet sur les performances, les surprises, les déceptions et les tendances marquantes de cette 93ème édition !
Porsche : un récital
Porsche a brillé. Si l’on s’attarde sur la performance de la n°92 First Phorm Racing, elle a tout simplement réalisé une course parfaite. Déjà en vue aux avant-postes depuis les essais libres, l’équipage a su transformer cette dynamique en une prestation solide et sans erreur en course. Rodée et déjà victorieuse à Imola, cette formation a confirmé l’excellent niveau de la Porsche 911 GT3 R dans la Sarthe cette année. Ryan Hardwick, le pilote Bronze, exultait « Waouh, je n’arrive toujours pas à croire que nous avons remporté notre catégorie ! C’est sans aucun doute l’une des meilleures expériences de toute ma vie. Dans ce sport, et lors d’un événement comme celui-ci, on ne gagne jamais seul, c’est toujours en équipe. Manthey et Porsche nous ont offert le meilleur soutien possible. Seules les meilleures équipes gagnent au Mans et je suis fier d’en faire partie. »
La Manthey n°90, invitée à la suite de son titre acquis en Asian Le Mans Series, a quant à elle terminé à une belle 6e place. Sur le papier, elle ne faisait pas partie des favorites, mais a su éviter les principaux pièges de la course pour rallier l’arrivée dans une position très méritante. La situation a été plus compliquée pour la dernière Porsche engagée, celle des Iron Dames. Le meeting a mal commencé dès la Journée Test avec la blessure de Michelle Gatting, contrainte de céder sa place à Sarah Bovy au dernier moment. Ce remplacement express n’a pas permis à l’équipage de retrouver la cohésion nécessaire pour rivaliser avec les meilleurs. Après plusieurs accrochages en course, la voiture a subi des ennuis mécaniques qui ont compromis tout espoir de bon résultat. Les Iron Dames terminent malheureusement en bas du classement (16e). « Pour une course où je ne devais pas être au départ, c’est mes 5ème 24 Heures du Mans où je vois l’arrivée » avoue Sarah Bovy. « On a eu une belle course jusqu’à ce qu’on soit un peu mis hors course par la concurrence. C’est un peu dommage que ça se passe comme ça puis on a eu des soucis techniques. On voit la ligne, mais il faudra revenir pour faire mieux. »

Ferrari : une armada solide, mais pas de victoire !
Ferrari arrivait en force pour les 24 Heures du Mans 2025 avec cinq voitures engagées via différents partenaires. À l’arrivée, quatre voitures voient le drapeau à damier mais une seule s’est véritablement invitée dans la lutte pour la victoire.
La Ferrari 296 n°21 Vista AF Corse pilotée par François Hériau, Simon Mann et Alessio Rovera a offert à la marque italienne sa plus belle prestation. Tout n’avait pourtant pas bien commencé : un contact avec les Iron Dames en début de course aurait pu hypothéquer ses chances. Mais l’équipage s’est battu avec panache pour revenir aux avant-postes. La Ferrari termine deuxième à seulement 30 secondes de la Porsche victorieuse. Au classement WEC, elle est 2e et consolide une position de force pour la suite du championnat (l’interview de François Hériau est ICI). Seule ombre au tableau, la n°54 du Vista AF Corse, contrainte à l’abandon après un problème de transmission. La Ferrari n°57 Kessel Racing a su déjouer les pièges d’une course exigeante. Avec une stratégie propre et sans erreur majeure, elle termine à une honorable 8e place.
La n°150 du Richard Mille AF Corse se classe 11e. Emmenée par Lilou Wadoux, cette voiture a été lourdement endommagée lors des essais. Le travail remarquable des mécaniciens a permis à la Ferrari de prendre le départ, mais le rythme est resté en retrait. La Française a porté la voiture à bout de bras, dans un équipage manquant clairement de performance. On pouvait s’attendre à mieux car le trio restait sur une victoire au 4 Heures du Castellet en ELMS ! La quatrième Ferrari classée est la n°193 de Zigo Motorsport Tempesta, victorieuse de la GT World Challenge Bronze Cup en 2024. Le manque d’expérience du WEC s’est fait sentir sur la durée. Quelques erreurs stratégiques et des arrêts prolongés l’ont fait reculer, mais elle rallie l’arrivée à la 14e place, preuve d’un potentiel intéressant à développer.

Corvette : une surprise à deux visages
TF Sport et Corvette repartent du Mans avec un podium précieux mais la situation au championnat se complique. La n°33, considérée comme la voiture phare du programme avec Ben Keating, recule au classement provisoire et perd sa place de leader suite à sa 7e place en Sarthe. Elle fut moins rapide, moins incisive et n’a jamais semblé en mesure de suivre le rythme de sa voiture sœur. Reste à savoir si l’élan retrouvé lors des 24 Heures du Mans pourra être confirmé dans la seconde moitié de la saison. C’est finalement la n°81 qui s’est illustrée. Elle se hisse sur la troisième marche du podium en catégorie LMGT3, au terme d’une prestation solide et régulière sur l’ensemble de l’épreuve. « Un résultat incroyable : un podium au Mans et mon premier podium cette saison avec Corvette » exulte Charlie Eastwood. « Comme lors de nombreuses courses l’année dernière et cette année, tout s’est déroulé à la perfection. Chaque arrêt au stand a été parfait, pas une seule égratignure sur la voiture pendant 24 heures. Nous n’avions pas le rythme, mais grâce à cela, nous avons fini sur le podium. Une fois que nous aurons le rythme de certaines des autres voitures, nous allons gagner quelques courses assez facilement. C’est un résultat incroyable pour l’équipe et je suis ravi de terminer ma première course de 24 heures avec Corvette sur le podium. »
À noter également la belle performance du team AWA Racing, invité grâce aux performances d’Orey Fidani, meilleur pilote Bronze et lauréat du prix Bob Akin en IMSA. Pour sa première apparition dans la Sarthe, l’écurie américaine a décroché une place dans le top 10. Une course discrète, mais solide. Sans disposer du rythme pour se mêler à la lutte en tête, AWA a misé sur la fiabilité et la régularité pour tirer son épingle.

Aston Martin : la bonne surprise
Aston Martin a sans doute été l’une des plus belles surprises de ces 24 Heures du Mans. La marque britannique a frappé fort dès les qualifications, en décrochant l’Hyperpole grâce à un tour magistral du rookie Mattia Drudi. En course, la Vantage n°27 s’est battue aux avant-postes pendant une grande partie des 24 heures, jouant longtemps la place sur le podium. Malheureusement, la récompense n’est pas venue, le podium s’est échappé dans les dernières heures. Mais la voiture a franchi la ligne d’arrivée en 4e position et ce résultat solide permet à l’équipage de la n°27 de se replacer au championnat WEC.
Pour la n°10 de Racing Spirit of Léman, l’histoire a été bien différente. Après un excellent début de course où elle figurait parmi les voitures les plus rapides du plateau, un problème moteur est venu tout gâcher. Résultat : plusieurs tours perdus dans les stands et un retour en piste avec un handicap de quatre tours soit un retard quasiment impossible à combler. Pourtant, la performance était là, et sans cette panne, un top 10 voire mieux était clairement à portée. De bon augure pour la suite, malgré la frustration.
A suivre…
