Débriefing et réactions en Hypercar (partie 2)

Suite de notre retour sur la 93e édition des 24 Heures du Mans côté Hypercar. Après Ferrari, Porsche, Cadillac et Toyota (première partie ICI), place aux quatre autres constructeurs. 

BMW était proche de Porsche et Ferrari une bonne partie de la course, souvent entre le top 5 et 8, mais la fiabilité a manqué et au final, les deux BMW ont déçu. Assez à l’aise en essais, elles sont restées en embuscade et terminent dernières des Hypercars encore en course soit les 17 et 18e place : « Nous avons eu un problème moteur sur la n°20 et pour la n°15, un souci de refroidissement de la batterie » avoue Vincent Vosse, le directeur de WRT. « Nous devons enquêter pour savoir d’où ça vient. Je pense que nous aurions pu nous battre avec la Porsche n°6 qui était un peu plus rapide que nous, nous pouvions signer un résultat juste derrière elle. Nous étions devant les deux Toyota, devant les Cadillac. » Le Belge ne cachait pas sa déception à l’arrivée car il espérait mieux surtout avec le travail fourni. « C’est un résultat très décevant pour nous. Vous pouvez imaginer l’ampleur de travail qui a été mis en place pas seulement ces dernières semaines, mais les derniers mois depuis l’année dernière au Mans. Nous devons donc réfléchir un peu et analyser tout cela pour voir d’où vient le problème. La voiture était bien et nous avions, à un moment donné, un très bon rythme. Bien sûr, nous n’aurions pas pu nous battre avec les Ferrari. Mais tout ce qui était derrière la Ferrari était accessible si nous avions fait une course parfaite, mais ce ne fut pas le cas. »

©️ MPS Agency

On trouve ensuite les Alpine, plus en retrait que ce que la manche de Spa laissait apparaitre. La meilleure est la n°35 de Milesi / Habsburg / Chatin. Cette auto a eu des soucis avec la Peugeot n°94 lors d’un accrochage et cela a nécessité un changement de bloc avant et un drive-through. Quant à la n°36, elle a été victime d’un problème de pressurisation du circuit de refroidissement de la batterie puis d’un bac à graviers pour Jules Gounon à Mulsanne. Alpine a rallié l’arrivée et avec ses deux autos, mieux qu’en 2024, terminent toutes les deux dans le top 10 (9e et 10e), mais les LMDh étaient cependant un ton en dessous de la concurrence (BoP ?). « Nous ne nous étions pas fixé d’objectif quantitatif, mais nous avions un objectif qualitatif fort : continuer à construire ensemble la dynamique amorcée l’année dernière et terminer la course avec les deux voitures » commente Bruno Famin, directeur d’Alpine Motorsports. « Celui-ci a été atteint malgré des moments difficiles et compliqués. L’équipe a su trouver les ressources pour réagir et se battre jusqu’au bout. Cela montre également qu’il nous reste beaucoup à comprendre sur la voiture et son fonctionnement. Il y a un vrai travail de fond à poursuivre. Nous venons certes de franchir un nouveau palier, mais il nous reste énormément de travail pour atteindre le niveau que nous nous fixons, à savoir se battre pour les podiums sur chaque course. »

Frédéric Makowiecki, le dernier pilote Alpine en date, a vécu ses premières 24 Heures du Mans avec le constructeur de Dieppe.  « C’était une semaine riche en enseignements. Cette course souligne clairement ce qu’il nous manque pour pouvoir viser la victoire. Nous avons parfois montré du rythme, mais il faut apprendre à mieux comprendre, préparer et exploiter l’A424 sur toute la durée de l’épreuve. Le début a révélé certains sujets qui n’avaient pas forcément été pleinement anticipés. Malgré tout, l’équipe peut être fière d’avoir amené les deux voitures à l’arrivée. C’était l’un de nos objectifs majeurs, mais nous mesurons le travail qu’il nous reste à accomplir pour devenir de véritables prétendants au Mans. Nous avons désormais un an pour travailler d’arrache-pied, car ces moments difficiles n’en sont pas si nous savons en tirer les leçons. »

©️ MPS Agency

Peugeot finit derrière les deux Alpine et n’a jamais été dans le coup si ce n’est en début de course en prenant la tête grâce à une stratégie décalée. La Peugeot 9X8 n°94 de Duval / Jakobsen / Vandoorne finit 11 après un contact avec une des deux Alpine et la n°93 de di Resta / Vergne/ Jensen a été retardée par le contact du premier cité avec le mur de pneus des virages Porsche. Puis ce fut un souci de direction. « On savait, compte tenu des règles, qu’on allait avoir un handicap de rythme sur cette course » confesse Jean-Marc Finot, vice-président de Stellantis Motorsport. « On l’avait vu en qualifications, ce n’était une surprise pour personne. On a donc établi une stratégie pour prendre en compte ce rythme, avec de « l’energy saving », l’augmentation du nombre de tours par relais et la réduction du nombre de relais.  Ca a marché avec la #94 qui se battait avec la Cadillac partie en première ligne après six heures de course. »

Une semaine plus tôt, l’ancien vainqueur des 24 Heures du Mans Loïc Duval admettait que la victoire ne serait pas au rendez-vous en 2025. Il confirme une semaine plus tard. « On finit 11e (à trois tours, ndlr). On est là où on imaginait être ce week-end après la Journée Test. On savait que ce serait dur à cause de la réglementation, mais on a optimisé au mieux sur la n°94 et on a réussi à se battre avec des voitures plus rapides que nous sur le papier. »

Que faut-il en conclure. Oui au niveau réglementation, les 9X8 n’étaient pas à leur avantage mais que ce soit avec ou sans aileron, il y a un souci avec cette auto (mal née ?). On est à la croisée des chemins : stop ou encore (mais avec une nouvelle auto) ? A suivre ! 

©️ MPS Agency

Aston Martin et ses Valkyries ont enchanté le public jusqu’au bout. La superbe Hypercar verte n’a certes pas brillé par son rythme, mais il ne faut pas oublier que c’était sa première course de 24 heures. Maintenant, là aussi que faut-il attendre ? Rappelons que ce programme n’est pas 100% officiel et qu’il va falloir suivre le rythme financièrement. En attendant, les deux Aston Martin Valkyrie ont rempli leur contrat : finir. La n°009 est la mieux classée 12e à 4 tours, la n°007 accuse six tours de retard. Mieux, elle finissent devant une Toyota, une Peugeot et les deux BMW. « Nous avons terminé la course sans aucun problème, sans incident, sans pénalité, sans contact, sans sortie de piste, et c’est exactement ce que nous voulions accomplir » conclut Harry Tincknell. « C’est un effort incroyable de la part de toute l’équipe, de tous ceux qui ont participé à ce programme depuis le début car, jusqu’à il y a seulement trois ou quatre courses, je n’avais jamais couru avec cette voiture sans rencontrer de problèmes. Le fait que les deux autos soient classées dans le top 15 est un effort immense. Nous avons beaucoup appris et si nous recommencions toute cette semaine, nous saurions dans quelle direction aller, ce qui est de très bon augure pour l’année prochaine. Nous avons des projets de développement à plus long terme qui vont nous aider énormément. »

©️ MPS Agency

Une belle épreuve du côté Hypercar donc avec une « domination » Ferrari. Il faut noter le coté fiabilité de ces autos :19 des 21 au départ franchissent la ligne d’arrivée ! Cependant, on l’a déjà dit : cette édition 2025 nous a offert moins de frissons et moins de bagarres que lors des deux précédentes. Oui, les écarts sont faibles, comme les 14 secondes entre les deux premières, oui, on avait un plateau de dingue avec huit marques différentes, oui on n’est jamais content, mais on a a vite vu que l’affaire était entendu pour la n°83 et le « petit » suspense n’a concerné que la 2e place. Alors pourquoi : la météo trop bonne ? la grosse fiabilité des autos ? une seule voiture de sécurité ? Une chose est sûre : il ne faut pas jouer les blasés. Une compétition comme celle là, avec une telle grille, on a en avait jamais vu et on en redemande encore (avec un peu plus de bagarres svp). Alors vivement le 13 et 14 juin 2026 (avec Genesis en plus) ! 

©️ MPS Agency

Laisser un commentaire