Débriefing et réactions en Hypercar (partie 1)

Ferrari a encore gagné les 24 Heures du Mans. Certes, cela fait déjà trois fois de suite (ils garderont donc bien le trophée, cela a été annoncé), mais pas grand-chose à reprocher à cette marque. Elle a été la plus forte, voilà tout. Même si c’est avec une équipe « privée », AF Corse, la marque de Maranello signe son 12e succès en Sarthe et revient à une longueur d’Audi. Antonello Coletta, responsable du programme Ferrari Endurance et Corse Clienti, était bien évidemment tout sourire à l’arrivée. « Nous sommes très heureux de cette troisième victoire consécutive au Mans. En 2023, nous sommes revenus au sommet en remportant la victoire ; en 2024, nous avons réitéré cet exploit et cette année, nous avons triomphé avec l’équipe privée, la seule à aligner une 499P, bien sûr avec notre soutien technique. Ce résultat prouve que Ferrari construit ses voitures de manière à mener à la victoire aussi bien les voitures officielles que celles de ses clients. C’est un aspect très important, qui reflète l’histoire de Ferrari, car l’ADN de notre entreprise est né de l’endurance et des voitures pilotées par des gentlemen et gérées par des équipes privées. »

Car oui, c’est bien la Ferrari 499P n°83 d’AF Corse qui s’impose. Certes, cela fait une couleur différente pour les collectionneurs de miniatures et chaque 499P a gagné une fois mais surtout il y a une belle histoire derrière tout cela. Pas la voiture, non, mais les hommes. Robert Kubica, très bon pilote de F1, allait signer en F1 avec Ferrari lorsqu’il a eu son grave accident  de rallye. Puis il a « perdu » Le Mans lors de sa première venue avec son Oreca WRT LMP2 qui a abandonné dans le dernier tour. Le voici enfin récompensé après avoir passé plus de 10 heures dans la voiture ce week-end. Il est devenu le premier polonais à gagner en Sarthe tout comme Yifei Ye, son coéquipier, est le premier chinois. Ce dernier a une relation particulière avec Le Mans. « Je suis arrivé au Mans à 14 ans en sport études. Je vivais dans un appartement avec vue sur le circuit. Je voulais faire un jour les 24 heures du Mans et ce dimanche, j’ai gagné. Je n’ai pas de mots. La 499P était fantastique, nous étions en position dès le départ pour nous battre pour la victoire. Nous avons compensé la malchance de l’année dernière, où nous avions mené la course pendant 83 tours, comme le numéro de la voiture, mais un problème technique nous avait contraints à abandonner. Gagner Le Mans avec Ferrari est quelque chose d’unique ! » Quant à Phil Hanson, le Britannique complété son armoire à trophée après avoir gagné Le Mans en LMP2. Cela ne fait qu’une année et demi que le Britannique est en Hypercar.  

Les voitures d’usine Ferrari pensaient faire le doublé mais elles ont failli.  La n° 51, victorieuse en 2023, a connu une sortie de piste dans le gravier d’Alessandro Pier Guidi à l’entrée des stands puis des problèmes en fin de course. Elle finit 3e devant la n°50 (cette dernière a été disqualifiée depuis ICI). Certes, elles ont été rapides mais ont commis trop de fautes et reçu trop de pénalités pour espérer mieux. Par contre, un beau résultat au championnat WEC avec plus de 100 points d’avance sur Porsche. 

©️ MPS Agency

14 secondes : voilà ce qui a manqué à Kevin Estre pour inscrire son nom au palmarès. Mais Ferrari a semblé en contrôle toute la course. Porsche s’est mêlé à la lutte, a été en tête, mais n’a pas semblé mettre la main sur la couronne. De plus, face à trois 499P, seule la n°6 a lutté en fin de course. Laurens Vanthoor confirme le bon résultat néanmoins de la marque de Stuttgart : « Demain, nous regarderons le résultat et nous penserons que nous avons obtenu plus que ce que nous pouvions espérer après les séances d’essais et les qualifications. Aujourd’hui, cependant, la déception prévaut. Nous avons livré une course absolument parfaite et avions pratiquement le plus grand trophée à portée de main – on ne se rapproche pas souvent autant d’un tel triomphe. Quel dommage ! » Oui, Porsche n’a commis aucune faute, Ferrari en a fait pas mal mais c’est quand même la n°83 qui gagne. Les deux autres 963 finissent 7e (n°5) et 9e (n°4). Quant à la n°99 de Proton Competition, elle termine 14e. Michael Christensen (n°5) confirme que Porsche ne pouvait pas gagner. « Sans trop d’aide des voitures de sécurité, il faut être rapide et nous n’étions probablement pas les plus vite en piste. Mais je pense que nous aurions dû faire mieux que ce que nous avons fait. Pas lutter pour la victoire, je ne pense pas, mais un peu mieux. »

©️ MPS Agency

Cadillac est la première marque non Ferrari / Porsche grâce à la n°12 de Nato / Lynn / Stevens, 5e, (la n°38 finit 9e). La course de V-Series.r ressemble à celle de l’an dernier : vite sur un tour comme l’a montré la pole position d’Alex Lynn et un déficit de vitesse de pointe en course. Toujours le même souci pour les Américaines mais un joli résultat pour les Jota. Alex Lynn (n°12) : « Dans l’ensemble, je suis satisfait. Nous sommes venus ici et avons fait un très bon spectacle en fournissant d’énormes efforts. Notre potentiel était clairement visible jeudi et c’est un moment que je n’oublierai pas. Nous avons terminé dans le top 5 derrière trois Ferrari très performantes et une Porsche. Je pense que nous avons tiré le meilleur parti de tout ce que nous pouvions ce week-end. Nous rentrons chez nous la tête haute. » Sébastien Bourdais, après avoir dit que « Ferrari se moquait du monde », avoue que la LMDh manque d’un peu de vitesse de pointe, mais indique sa satisfaction quant au travail de Team Jota. « C’est frustrant, mais l’équipe peut être fière : première ligne, puis cinquième et huitième places. Nous avons pu montrer que nous avons tiré le meilleur de ce que nous avions. Il ne fait aucun doute que Cadillac a une voiture très rapide, mais nous avons commis quelques erreurs et nous devons élargir la fenêtre et nous ne l’avons pas encore optimisée. Nous devons être plus forts pour remporter une course du WEC à l’heure actuelle. Nous montrons de bonnes choses et nous devons simplement nous appuyer sur nos points forts et combler nos lacunes Nous allons continuer à y travailler. »

Les deux Cadillac V-Series.R venant des USA ont plus déçu et n’ont pas vu le drapeau à damiers : la n°101 Wayne Taylor Racing (souci moteur) et n°311 Whelen (transmission). Ce sont les seules Hypercars à se retirer de la course. Gary Nelson, directeur général de Whelen : « Nos trois pilotes ont fait un travail incroyable, tout comme notre équipe technique, tout était parfait. Puis, après environ neuf heures de course, nous avons eu un problème avec la direction. Nous avons voulu être prudents et sommes donc rentrés pour changer des pièces, ce qui a pris six tours. Il s’agissait simplement de repartir et de faire de notre mieux. Mais à la 17e heure, nous avons perdu de la puissance et Fred (Vesti) n’a pas pu ramener la voiture aux stands. Si nous avions pu rentrer, nous aurions trouvé une solution et repartir mais cela a mis fin à notre course. »

©️ MPS Agency

Toyota termine 6e grâce à la n°7. Les GR010 HBybrid ont été là, présentes, mais n’ont jamais pesé dans la course. Il manquait quelque chose : de la perfo ! Nyck de Vries le confirme : « Une course difficile. Au final, nous n’avions pas le rythme, nous n’étions pas assez rapides et en plus ce fut une course avec une seule voiture de sécurité. De notre côté, nous avons fait une course assez propre en dehors de deux erreurs. Dans le meilleur des cas, nous aurions pu terminer en P5, devant la Cadillac (n°12). Mais pour cela, il aurait fallu faire une course parfaite. Nous sommes conscients de certaines limites, nous manquions simplement de rythme, c’est comme ça. Malheureusement, il ne peut y avoir qu’un seul vainqueur et les gars de la n°83, honnêtement, méritaient de gagner. Robert (Kubica) a passé beaucoup de temps dans la voiture et il a fait une course incroyable. Je suis heureux pour lui. »

La n° 8 s’est hissée dans le peloton de tête pendant la nuit, mais à trois heures de la fin, un écrou de roue en a décidé autrement. Rentré au ralenti, il a fallu réparer. Au final, l’auto termine 16e. David Floury, directeur technique Toyota Gazoo Racing : « Clairement, on n’a pas atteint notre objectif qui était de gagner. Après, je pense qu’on n’a jamais été vraiment en mesure de se battre. La voiture n°8 a fait une course solide, ça nous a permis, en ne faisant pas d’erreur, en exécutant à la perfection et en profitant des erreurs de tous les autres, de prendre la tête. Après, la nuit on roulait en soft et les autres en medium donc on a réussi à tirer un peu notre épingle du jeu mais quand le jour est revenu, on avait zéro chance. Je pense qu’il n’y avait pas vraiment de suspense. On savait qui serait devant. J’avais annoncé qui serait le favoris et je ne me suis pas trompé ! » 

©️ MPS Agency

Laisser un commentaire