Sur le circuit catalan de Barcelone, Genesis Magma Racing a levé le voile sur son programme pour la saison 2026 du FIA World Endurance Championship (FIA WEC). La marque coréenne avait invité une partie de la presse en Espagne à rencontrer les acteurs de ce projet. L’occasion de plonger au cœur de cet ambitieux programme Hypercar encore en construction, à travers les témoignages des pilotes et des membres de l’équipe, entre ambitions affirmées, phase d’apprentissage et construction collective.
Pour Pipo Derani, être impliqué dès les premières étapes du projet représente un privilège. « Être là depuis le début, pouvoir apporter notre regard de pilote et aider à façonner un programme d’une telle envergure, c’est unique », confie le Brésilien. Son expérience s’inscrit dans une logique d’échange permanent, notamment avec André Lotterer, le double champion du monde WEC (2012, 2024). « André et moi venons d’horizons différents. Nous avons pu retenir le meilleur de chaque approche et améliorer ce qui pouvait l’être. » La première année (2025) a été rythmée par des essais intensifs, transformant chaque sortie en véritable laboratoire. Gestion moteur, communication avec les ingénieurs, pilotage : les ajustements constants ont permis de mesurer rapidement la solidité du programme. Pour Pipo, l’essentiel reste l’humain : « La course, c’est d’abord la communication. Si tu n’arrives pas à te faire comprendre, même la meilleure voiture ne sert à rien. »
Au sein de l’équipe, André Lotterer s’impose naturellement comme un repère, à la fois techniquement et humainement. Fort de son immense expérience (dix ans en WEC), il structure le travail collectif et aide ses coéquipiers à mieux comprendre la voiture, ses réglages et les choix stratégiques, avec une vision globale de la performance. Avec le recul acquis au fil des saisons, il a appris à hiérarchiser les priorités et à canaliser les attentes. « Avec l’expérience que j’ai prise au fil des années, on filtre soi-même ce qu’on aimerait bien avoir et comment bien faire les choses », explique-t-il. Son leadership repose sur l’écoute et la transmission : plutôt que d’imposer, il accompagne, veille à l’intégration de chacun et au partage des décisions clés. Pour lui, la réussite ne se mesure pas uniquement au chrono, mais à la confiance et au respect qui permettent au groupe d’avancer dans la même direction.
Plus jeune et encore en phase d’adaptation, Paul-Loup Chatin observe et assimile. « Je suis encore derrière, en mode spectateur, mais ce que je vois me rassure : l’équipe a les bonnes personnes aux bonnes places », explique l’ancien pensionnaire d’Alpine Endurance Team depuis 2024. Conscient du chemin à parcourir, il insiste sur l’humilité nécessaire : « Même si on progresse vite, nos concurrents ont des années d’expérience. Cette saison, c’est avant tout apprendre et accumuler de l’expérience. » Le Français souligne l’importance des compromis dans le développement de la voiture (rotation, adhérence, pneus, moteur). Chaque choix est un équilibre entre performance et durabilité. Son objectif est clair : s’intégrer dans ce nouveau projet, performer et contribuer à sa progression
À la tête de ce programme inédit, Justin Taylor relève un nouveau défi : bâtir un programme d’endurance complet à partir d’une feuille blanche. « C’est un vrai plaisir de choisir les personnes autour de nous, de combiner expérience, nouvelles idées, et de construire quelque chose de cohérent », explique l’ingénieur en chef de Genesis Magma Racing. La coordination est, selon lui, un élément central : chaque système dépend des autres et seule une équipe parfaitement synchronisée permet d’avancer. Les essais menés sur différents circuits européens ont contribué à fiabiliser les systèmes, la PPU (GM Performance Power Units qui se concentre sur l’amélioration des capacités de GM en matière d’électrification, de systèmes hybrides, de carburants durables et de moteurs à combustion interne à haut rendement) et le comportement général de la voiture. « À chaque test, les problèmes deviennent moins critiques. Nous sommes sur la bonne trajectoire », souligne-t-il. Pour la première course à Qatar, l’objectif sera simple mais fondamental : fiabilité, sécurité et préparation de l’équipe.
Dans cette dynamique, les jeunes pilotes comme Dani Juncadella et Mathys Jaubert incarnent l’énergie et la volonté d’apprendre. L’Espagnol, initialement engagé en ELMS, s’adapte rapidement au programme Hypercar. « Chaque test, chaque course, est un apprentissage, un pas de plus vers Le Mans. » À seulement vingt ans, Mathys Jaubert aborde cette première saison avec pragmatisme. « La facilité, c’est que cette année est une saison d’apprentissage pour tout le monde. Et surtout, on a un très bon esprit d’équipe. » Son parcours en LMP2 et en Porsche Carrera Cup, associé à sa formation d’ingénieur, lui permet de comprendre rapidement la complexité des systèmes et de collaborer efficacement avec les ingénieurs.
Cette journée à Barcelone a révélé une équipe qui conjugue ambition, expérience et jeunesse. Genesis Magma Racing ne se contente pas de développer une Hypercar, elle bâtit un programme, un collectif solide pour affronter le WEC et surtout les très exigeantes 24 Heures du Mans.
Genesis Magma Racing s’appuie également sur la transmission et l’expérience. Jacky Ickx, mentor du projet et sextuple vainqueur du Mans entre 1969 et 1986, rappelle que la réussite en endurance ne se résume pas à la vitesse pure : « si l’esprit entre les pilotes est au top, c’est déjà un atout majeur pour l’équipe. » Il souligne le rôle central d’André Lotterer, véritable pilier, capable de guider aussi bien le pilotage que la compréhension des réglages.

