François Hériau a signé une superbe saison en LMGT3 WEC. Intégré pour la 2e année consécutive chez Vista AF Corse, il a piloté le Ferrari 296 GT3 n°21 en compagnie de Simon Mann et d’Alessio Rovera. Le Breton est revenu pour nous sur sa saison où le trio échoue à quelques points de Manthey Racing (les champions) et sur l’Asian Le Mans Series où il est parmi les grands favoris. Nous vous proposons cet entretien en deux parties, la première étant centrée sur le WEC…
Comment s’est passée votre finale à Bahreïn ?
« En y croyant jusqu’au bout ! Dès les premiers essais, on a vite vu qu’il fallait bosser dur pour être dans le rythme, mais les pneus durs ne nous aident pas. On s’est dit que ce serait peut-être compliqué de marquer des gros points. Mais on y a cru, on a tenté des trucs en stratégie. Honnêtement, sur la course, l’équipe a zéro erreur. Je pense qu’en stratégie pneus, on ne pouvait pas mieux faire. Certes, il y a la touchette de Simon (Mann) sur la Corvette parce qu’il n’arrivait pas à doubler, mais ça ne nous a rien coûté, on n’a rien abîmé et ensuite il y a eu un safety car. Donc sans regret, on a fait de notre mieux. »
Etes-vous un peu frustré de finir à 14 points du titre ou vous vous dites que pour une deuxième année de GT3, finir deuxième du WEC, c’est quand même pas mal ?
« En vrai, les deux. Finir deuxième du WEC, après avoir fait troisième l’année dernière, alors que je suis plutôt rookie là-dedans, c’est super. J’estime qu’on a fait une super année à titre collectif. Pour ma part, je trouve que j’ai fait une bonne année aussi. Ce qui est super dommage, c’est l’accrochage d’Imola. On finit à 14 points et, en Italie, on se fait sortir alors qu’on était premier. On pense qu’on aura été assez facilement sur le podium, vu le rythme qu’on avait, donc potentiellement 15 points ! C’est le truc frustrant parce qu’autant dans l’année, il y a eu des petites bêtises à droite, à gauche, mais là on y était pour rien. »
Comment expliquez-vous un certain passage à vide à Sao Paulo et Austin ?
« Le Brésil, la vraie raison, je ne peux pas trop l’évoquer ici. Le success ballast, c’est sûr, cela a joué aussi. Le pneu dur ne nous a pas aidé non plus. En plus, au Brésil, c’était la première fois qu’on les mettait. Résultat, on était vraiment nulle à Saõ Paulo. Les qualifs, on termine quasiment dernier. Je me suis arraché pour rendre la caisse douzième en course, c’était une catastrophe. A COTA, c’était un peu les mêmes raisons même si on s’en est un peu mieux tiré car, à mon avis, le circuit était moins sensible aux ballasts. En plus, on fait une erreur stratégique à la fin, on ne change pas de pneus. On joue la sécurité et on perd plein de points. »
Le pic de la saison, est-ce la deuxième place aux 24 Heures du Mans ou la victoire de Spa ?
« Spa, clairement, c’est là où on a été les meilleurs. Dès le Qatar, on était bien, mais on s’est fait un peu bousculer, notamment moi au départ. À Imola, on était super perfos et on se fait sortir. Spa, on fait une super course. Le Mans, on fait une super course aussi. On a aussi tenté plein de trucs pour aller chercher la Porsche, mais on échoue à pas grand-chose. Et puis après, on a traîné pour les raisons que j’ai évoquées. »
De quoi sera fait 2026 pour vous ?
« Le but est de continuer avec Vista AF Corse en LMGT3 en WEC. C’est le plan, mais ça reste à être confirmé. Je me sens bien dans cette équipe, je suis désormais bien habitué à la voiture, je m‘entends vraiment bien avec mes deux coéquipiers. Il y a un super esprit d’équipe, on se connaît bien, on se soutient. Dans les stratégies, on est calés. Même avec nos ingénieurs, c’est fluide, il y a une bonne ambiance, on bosse bien. Il n’y a pas trop de raisons de changer quand ça marche bien. Je considère que je suis dans une des deux meilleures équipes WEC. En termes de package, voitures, équipes, coéquipiers, ingénieurs, c’est top. On a commencé à discuter de l’année prochaine et je n’ai pas de raison de changer. »
On avait parlé un tout petit peu de LMP2 par le passé. Vous avez toujours cela en tête ?
« J’ai fait deux jours de test à Silverstone cet été avec TDS Racing. J’étais super content de remonter dedans. On va dire que j’ai gardé des bons réflexes (rires). Ça s’est bien passé, je me suis vite remis dedans. J’aimerais bien, avant la retraite des Oreca 07, refaire quelque chose. Mais je ne peux pas tout faire et faire le WEC dans les conditions actuelles, c’est dur de dire non à ça ! »

