Neel Jani a connu une saison bien chargée entre le WEC, l’IMSA et son rôle dans le projet Audi F1. Avec le peu de temps libre qu’il lui reste, le Suisse a roulé en ELMS lors de la finale à Portimão il y a une dizaine de jours. Une expérience qu’il a pu apprécier comme il l’a confié à Endurance Live dans le paddock portugais.
Le vainqueur des 24 Heures du Mans 2016 a disputé une nouvelle saison de WEC, sa 11e ! Il roulait pour le compte de Proton Competition sur la Porsche 963 Hypercar n°99 en compagnie de Nico Pino et Nico Varrone. A quelques jours de la finale à Bahreïn, l’équipe est 2e au championnat Hypercar Privés, 28e au classement général avec un seul point, une 10e place décrochée à Sao Paulo. « Ce fut une saison difficile, c’est assez décevant. L’année passée, nous avions eu des moments où on avait pu se montrer (comme à Spa, ndlr). La dernière course à Fuji a été pas mal, on a été devant et, pour la première fois, nous avions un peu de rythme, ça a pas mal fonctionné. À Austin, sur le sec, c’était très bien aussi. En qualif, Nico (Varrone) a fait un super job. Même sous la pluie, il était bien. Mais après, nous avons perdu un tour suite à un tête à queue puis un second. On finit 13e, dommage, vu les circonstances, on avait une chance de faire quelque chose. »
Le pilote suisse roule aussi sur une Porsche 963 en IMSA. Il a commencé la saison avec Proton, mais le châssis a été endommagé à Watkins Glen si bien que Neel a fini chez JDC Miller pour Petit Le Mans. « En Imsa, ce fut la même chose. On fait plutôt une bonne course à Petit lors des cinq premières heures parce que JDC Miller avait une très belle stratégie. Max (Esterson) a fait un très bon relais montant en quatrième place. Je prends la voiture cinquième, j’étais plus vite que les Cadillac, puis dans le deuxième relais, nous sommes revenus. C’est alors qu’une Cadillac nous a mis dehors, une BMW aussi. Ça nous a nous coûté un peu, je pense que la voiture était un peu endommagée. Je ne sais pas trop ce qu’il s’est passé par la suite, mais nous avons perdu plusieurs tours. Nous avions une voiture pour finir dans les six, c’est dommage quand je vois que la Lamborghini termine quatrième et que je l’ai doublée pendant mon relais. Cela se finit un peu comme la saison, un peu décevant, parce que je crois qu’il y avait du potentiel pour faire quelque chose, surtout pour JDC. »
 
											Une nouvelle expérience en LMP2
Après Atlanta, Neel Jani est revenu en Europe où on a pu le croiser dans le paddock de Portimão où il roulait avec DKR Engineering. « Cela s’est fait par le biais du management de Kolovos. Ils m’ont demandé à Petit Le Mans si je voulais rouler, si j’avais du temps. Normalement, je devais être chez Audi, mais on a réussi à bouger les plannings. Je voulais voir un peu comment était l’ELMS. Avec une Pro-Am, c’est différent au niveau de la construction du week-end, mais c’était intéressant de voir ça au moins une fois. Je me suis fait plaisir. On finit 5e, ce n’est pas trop mal, même si j’aurais voulu finir sur le podium, car j’ai vu que c’était une difficile saison pour eux. »
La saison touche presqu’à sa fin, il reste la finale WEC, les 8 Heures de Bahreïn (8 novembre). « L’année passée, j’ai qualifié la voiture à la quatrième place, c’était la meilleure Porsche sur la grille. J’espère que ce sera quand même une belle fin, ça serait pas mal. Si on a les bons logiciels, les bonnes choses pour la dernière course, on peut faire quelque chose. Je serai satisfait après une saison très difficile. Ca donnerait aussi de la confiance à Christian (Ried, le patron de Proton) pour faire quelque chose dans le futur parce qu’après une saison comme ça, ce n’est pas facile pour un team privé comme le sien de retrouver la confiance ! »
 
											Quel programme l’année prochaine ?
De quoi 2026 sera fait ? Une seule chose est certaine. « Je vais continuer avec Audi, l’année prochaine sera encore plus intense (il est pilote de simulateur pour le développement du groupe motopropulseur Audi en F1, ndlr). Depuis le début, j’ai beaucoup de travail chaque semaine, de nouvelles choses à voir. En Formule 1, à ce moment-là de l’année, tu sens qu’il y a beaucoup de dynamique, de changements. Je le sens surtout car je suis sur la partie moteur, pas sur le châssis ou l’équipe. C’est vraiment intéressant au niveau du développement avec les nouvelles technologies. »
Mais qu’en sera-t-il du côté sportif pour lui, et l’endurance en particulier. « Avec l’arrêt de Porsche, on ne sait pas vraiment quelle va être l’implication des privés. Je regarde, mais je ne suis pas sous pression, c’est une bonne chose. Je suis en discussion avec d’autres constructeurs, surtout pour la partie développement, mais je ne sais pas si cela va se faire, cela dépend du futur des Porsche privées. Il y a beaucoup de points d’interrogation en ce moment. J’aimerais rester, peut-être faire du WEC ou de l’IMSA. Et comme je l’ai dit, je suis aussi en ELMS pour voir comment cela se passe. »
 
											Présent depuis la création du WEC
À Fuji, c’était la centième du WEC. Neel Jani compte un nombre incalculable de courses dans ce championnat. Il a été champion du monde en 2016, a remporté Le Mans la même année. Il a aussi la particularité d’avoir roulé lors de la première course en 2012 à Sebring. « J’ai vraiment tout connu : avant le WEC (ILMC) et après sa création. Il y a eu des sortes de vagues, avec de belles années et des moins faciles pour tout le monde. Maintenant, on est revenu sur de belles saisons comme en 2014, 2015, avec beaucoup de constructeurs, beaucoup de dynamique dans le championnat. On peut vraiment souhaiter bon anniversaire au WEC parce qu’à Fuji, on avait une superbe grille de départ et une belle course. Je suis très content de voir comment s’est développé ce championnat. J’ai passé la plus grande partie de ma carrière en WEC, ça a quand même changé ma vie. Je suis très heureux de faire partie du championnat depuis si longtemps. »
Le Suisse a une autre particularité. Il a été celui qui a développé la 919 Hybrid en 2013 avant de rouler avec en compétition (2014 à 2017). Il pilote désormais la 963 et peut juger les différences. « La 963 est une voiture qui a trouvé son plein potentiel vers la fin. C’est très particulier de rouler avec à cause de tous ces logiciels / systèmes embarqués. De ce côté là, je crois que c’est ça qui rend la tâche plus difficile pour les teams privés. Ce n’est pas comme une LMP2 qui se conduit comme un proto classique ! Je ne sais pas si c’est une bonne chose ou pas, c’est une autre question. C’était difficile au début pour eux (Proton Competition), mais depuis quelques courses, c’est mieux. »
 
											
