On l’attendait comme une petite révolution. Lorsqu’Aston Martin a officialisé l’arrivée de la Valkyrie en endurance, beaucoup se sont demandés : comment transformer une Hypercar de route, née sous le crayon d’Adrian Newey, en une machine capable de rivaliser avec Toyota, Ferrari ou Porsche au Mans ? Le projet, longtemps balloté entre annonces, mis en pause et relancé, est finalement devenu réalité. En 2025, la Valkyrie est bien là, engagée à la fois en WEC et en IMSA. Et cette première campagne s’apparente avant tout comme une grande phase d’apprentissage.
Les premiers essais, à l’été 2024, à Silverstone et Donington, ont donné le ton : la Valkyrie était brute, et son V12 atmosphérique, a immédiatement conquis les fans, offrant une symphonie unique qui contraste avec les moteurs hybrides feutrés de ses concurrents. Mais il fallait la développer, la fiabiliser et composer avec la règlementation en vigueur pour être prêt pour la première course de la saison.

Le Qatar a été le premier test grandeur nature et il fut sans pitié : abandon pour la n°007, 17e place pour la n°009. Pas si mal avec une voiture qui a tenu la distance, fournissant enfin des données concrètes pour avancer. Puis, à Imola (17e et 18e) et à Spa (13e et 14e), les premiers progrès se sont fait sentir avec une régularité plus solide. Le programme a alors commencé à montrer ses premiers progrès.
Le moment clé est arrivé aux 24 Heures du Mans. Franchir la ligne d’arrivée avec les deux Valkyrie (12e et 14e) a été une victoire symbolique énorme, la preuve d’une fiabilité capable de tenir le coup sur la course la plus exigeante du monde.

C’est au Japon que la Valkyrie a vraiment fait parler d’elle. Un meilleur temps en libres 3, une troisième place en qualification, puis une belle cinquième place en course pour la n°009 ! Ce n’est pas qu’une histoire de classement, ce qui a marqué, c’est la constance des relais et la fiabilité. Pour la première fois, Aston Martin s’est invitée dans la cour des grands, prouvant qu’avec un petit coup de pouce de la BoP (Balance de Performance), l’écart pouvait se combler.
« C’est un sentiment doux-amer aujourd’hui. La course a été très agitée avec de nombreux incidents, neutralisations et pénalités, et malgré quelques erreurs, nous avions le rythme pour jouer le podium. La pénalité sous régime de full course yellow m’a frustré, mais elle m’a aussi donné l’énergie pour attaquer et revenir dans le peloton. Nous avons manqué une opportunité stratégique avec un safety car, ce qui nous a coûté des places, mais personne n’a vraiment eu une course parfaite.
Pour une première saison en Hypercar, nous progressons depuis le Qatar et la performance affichée ici montre le chemin parcouru par toute l’équipe. C’est encourageant et nous allons continuer à bâtir sur cette base, avec la volonté de revenir plus forts à Bahreïn. » déclaration de Marco Sorensen à l’issue des 6 Heures de Fuji.
La finale à Bahreïn sera un ultime examen. Sur ce circuit abrasif, où la gestion des pneus et de la chaleur est cruciale, la Valkyrie aura l’occasion de confirmer que sa fiabilité est désormais une force et d’évaluer son niveau de performance dans un environnement plus hostile pour la mécanique.

Pendant ce temps, aux États-Unis, l’histoire est un peu différente. En IMSA, la Valkyrie semble avoir trouvé son terrain de jeu idéal. Aston Martin a préféré faire l’impasse sur les 24 Heures de Daytona et se présenter aux 12 Heures de Sebring où elle se glisse dans le Top 10 dès sa première course. Elle décroche ensuite une 8e place à Détroit, un circuit urbain exigeant. Les formats de course plus courts semblent mieux lui convenir, contrastant avec les épreuves plus longues du WEC, même si elle ne démérite sur la partie endurance de l’IMSA en Michelin Endurance Cup comme le prouve sa neuvième place à Watkins Glen en juin dernier.
La courbe d’évolution a été constante pour cette Valkyrie des deux côtés de l’Atlantique. Avant les deux dernières grandes courses que sont Bahreïn en WEC et Petit Le Mans en IMSA, le bilan est déjà positif surtout pour un programme qui n’est pas 100% officiel. Il faudra ensuite éplucher toutes les données récoltées, faire progresser la voiture dans la hiérarchie au niveau performance pour espérer en 2026 viser les podiums en WEC.
