Erwan Bastard est notre chroniqueur ELMS en LMGT3. Dans ce nouveau compte rendu, il revient sur sa course mouvementée des 4 Heures de Silverstone. Cette saison, il roule en compagnie de Clément Mateu et Valentin Hasse-Clot sur l’Aston Martin Vantage GT3 n°59 de Spirit Racing of Léman. C’est parti pour une immersion à Silverstone avec Erwan…
« Bonjour à toutes et tous,
Voici mon retour sur l’avant-dernière manche de Silverstone ou nous arrivions en tête du championnat. L’avance n’était pas énorme, mais suffisante pour nous placer dans une position favorable : il s’agissait surtout de gérer la fin de saison, marquer un maximum de points et conserver la première place. Silverstone, je ne connaissais pas, c’était donc une découverte pour moi, un circuit mythique de Formule 1, rapide, technique, avec un asphalte très particulier. Un style un peu différent de ce que nous avions rencontré jusque-là. J’avais beaucoup travaillé en simulation, ce qui m’a permis d’entrer rapidement dans le rythme. J’étais satisfait de ma vitesse par rapport aux autres Silvers, et plutôt à l’aise avec la voiture.

Au fil du week-end, nous avons fait évoluer le set-up de la voiture pour en tirer le maximum pour chaque pilote. Pour la première fois de la saison, nous n’étions pas tous en accord sur la direction des réglages à adopter. Clément et Valentin souhaitaient une voiture avec un train avant très incisif quand je préférais une voiture plus neutre. Nous avons finalement fait évoluer la voiture dans une direction qui leur permettrait d’être plus en confiance pour les qualifications et la fin de course, même si cela voulait dire que j’allais être légèrement moins à l’aise durant mon relais. Mais c’est aussi ça l’endurance : savoir trouver des compromis. Le pilote amateur a un rôle déterminant en qualifications et en début de course car il peut offrir une bonne position d’entrée de jeu et ainsi permettre de maitriser la stratégie. Quant au pilote pro, il finit la course et doit conclure dans de bonnes conditions. En cas de safety car dans la dernière heure, il est impératif qu’il ait la meilleure voiture possible, il fallait donc privilégier un réglage qui leur convenait davantage.
Clément a gagné en assurance et est arrivé aux qualifications dans de bonnes dispositions. Mais celles-ci se sont déroulées dans des conditions totalement différentes : après un week-end sec, la pluie a fait son apparition. Dans ces conditions piégeuses, tout reposait sur l’adaptabilité des pilotes. Clément a signé une quatrième place très solide, au contact de nos principaux rivaux, un excellent point de départ.

En course, nous partons quatrièmes et réussissons à éviter les nombreux pièges d’un début de course agité avec des sorties de piste impressionnantes et une agressivité parfois excessive des LMP2. Clément ramène la voiture à la septième position. Je prends le relais alors que la pluie redouble. Je trouve la voiture encore plus difficile à contrôler sous la pluie, notamment dans les virages rapides. Cela faisait longtemps que je n’avais pas roulé avec les pneus pluie Goodyear, depuis les 24 Heures du Mans l’an dernier. Leur utilisation demande un ressenti particulier que d’autres pilotes, plus récemment confrontés à ces conditions (notamment à Austin), maîtrisaient mieux que moi. Mon rythme a donc mis du temps à s’installer et nous avons perdu de précieuses secondes.
Valentin a pris le dernier relais, mais sans possibilité de remonter significativement. Nous avons surtout joué la sécurité face à l’agressivité des LMP2, notamment après un contact au T1. Dans ces conditions, l’objectif était clair : ramener la voiture entière. Nous finissons sixièmes, un résultat mitigé dû à de nombreux faits de course ayant bousculé les stratégies. D’un côté, nous restons deuxièmes au championnat, mais de l’autre, Ferrari s’impose et prend 12 points d’avance. Leur victoire est d’ailleurs assez improbable : après un tête-à-queue et un tour de retard au premier relais, un safety car et une stratégie décalée leur ont permis de revenir et de gagner.

Le constat est simple : nous sommes désormais à 12 points, avec tout le reste du peloton très resserré derrière. Mathématiquement, tout reste possible, mais il est clair que le titre se jouera à Portimão. Le championnat se résumera à une équation limpide : celui qui gagnera la dernière manche remportera le titre. Avec Clément, nous nous préparons déjà intensément pour être au meilleur niveau.
Merci d’être aussi nombreux à me lire régulièrement. A bientôt pour ma prochaine chronique ! Rendez-vous à Portimão le 18 octobre pour le dénouement final du championnat !
Au revoir… »
Erwan