Le pilote suisse s’est exprimé sans détour sur les ambitions de Toyota et les conditions de course. Entre lucidité stratégique et concentration absolue sur la course, le quadruple vainqueur du Mans revient sur les enjeux cruciaux de cette édition, où constance, fiabilité et gestion des pneus primeront sur la qualification pure.
Sébastien, après une qualification réussie hier soir, vous passez en Hyperpole. Satisfait ?
“C’est déjà pas mal. Sur un tour qualif, on n’a pas la vitesse. Je dirais qu’entre 8e et 10e, c’est pas mal même si ça peut paraître décevant, mais c’était déjà le cas l’année passée. Brandon va faire l’Hyperpole 1, je ferai l’Hyperpole 2 si on y accède, mais je ne me suis pas entraîné une seule fois pour la qualif. Surtout qu’il n’y a qu’un tour, ça risque d’être compliqué. Cependant, ce n’est pas notre priorité. Nous voulons une auto qui est bien en course, facile à piloter, stable, constante et qui permet d’attaquer du début à la fin sans beaucoup de dégradation. Il semblerait que ça va être sec ce week-end. C’est beaucoup plus important que d’essayer de préparer la qualif, juste un tour comme ça. Ce qui est important, c’est la vitesse en course.”
Comment évaluez vous votre package cette année, comparé à la concurrence ?
“C’est très serré. Hier, je ne sais plus combien il y avait de voitures en une seconde. Ca peut paraître beaucoup, mais c’est quand même un grand circuit. Je pense qu’on s’est un petit peu amélioré, mais d’autres ont plus progressé. Je ne peux pas faire de prédictions car c’est un tracé tellement long, avec tellement de voitures. On n’arrive pas à savoir si on est à deux dixièmes derrière, deux devant ou cinq derrière. Mais si tu es à plus d’une seconde, en général, ça se voit. »

Par rapport au resurfacage, avez-vous une différence en termes de pilotage, du comportement ?
« C’est pour tout le monde la même chose. Sortie d’Arnage, le boulot a été mal fait, il y a un énorme trou. C’est un peu dommage, c’est tout neuf, ils viennent de le refaire. La voiture décolle presque des quatre roues donc pour la fiabilité, ce n’est pas top. On le voit à l’œil nu quand on arrive, la piste est bosselée, on ne peut pas vraiment l’éviter. En l’évitant, on perdrait 5 dixièmes dans Arnage donc ça ne vaut pas le coup. Après, dans le Tertre Rouge jusqu’au milieu de la ligne droite, c’est un peu mieux même si les raccords ne sont pas top. Et le premier Porsche a été resurfacé, ce n’est pas mal ça »
Ça peut paraître anecdotique, mais beaucoup de pilotes se sont préoccupés avec les moucherons qui viennent se coller au pare-brise. C’est un vrai problème?
« A un niveau comme ça, je n’ai jamais vu ça et pourtant c’est la quatorzième fois que je viens ici. On sort des stands, on arrive à la première ligne droite des Hunaudières et on ne voit plus à travers le pare-brise. Même les phares, au bout d’un moment, éclairent mal parce qu’il y en a partout et c’est comme si on diminuait la visibilité. Ce qui est assez incroyable, c’est que c’est crescendo jusqu’en fin d’après-midi, on atteint le pic vers les 20h30 ou 21h et à 22 heures, c’est terminé, il n’y en a plus. Incroyable. On voit mal mais c’est pour tout le monde la même chose. »

Quels vont être pour vous les éléments clés de cette course ?
“Constance, dégradation des pneus et comme depuis deux ans, les trois dernières heures. C’est là où il faut être là. L’important, c’est d’être bien placé à la fin, avec une bonne voiture, pas endommagée, les bons pneus, tout bien à la fin. C’est le plus important. Après, comme ça va être sec, il n’y aura pas d’interruption, la course sera importante dès le début.”
Une cinquième couronne dimanche ?
“Je n’y pense pas trop, ça demande tellement de réussite, que ça me paraît pour le moment extrêmement lointain. Je me focalise sur la prochaine séance, le prochain tour. J’essaie de ne pas d’y penser, pas envie d’être submergé par le stress, mais c’est sûr que ça serait extraordinaire. Je ne rentre pas dans une course en me disant que je vais terminer dans les cinq premiers. Je veux gagner ! Maintenant, je suis objectif, je reste concentré sur le prochain relais, le prochain tour.”

On sait que Le Mans est important pour toutes les équipes puisque les points comptent double. Ca va être crucial pour vous de vous relancer au championnat ?
«Je dirais qu’on n’a aucun regret sur le début du championnat, on a marqué le plus de points possible avec la voiture qu’on avait. Par contre, c’est vrai qu’à un moment donné, il va falloir rattraper les points si on veut avoir une vraie chance de se battre pour le championnat. Donc c’est vrai qu’ici, ça peut faire le break : si ça se passe mal, ça va un peu plier le championnat, si ça se passe bien, on va le relancer. On est relax, on n’y pense pas, on va faire notre course et on fera les comptes à la fin.”