À l’aube des 24 Heures du Mans, François Hériau est revenu sur un début de saison mouvementé mais riche d’enseignements. Entre belles performances, incidents de course et complicité avec ses coéquipiers, le pilote français garde le cap. Déterminé et confiant, il se prépare au mieux pour la course « à domicile », avec des ambitions claires et l’envie de briller.
Que pensez vous de votre début de saison ?
« Il est hyper prometteur sur le plan de la performance parce qu’à chaque fois on est dans le coup, la voiture est bien, l’équipage fait vraiment parti des plus rapides. Mais les faits de course font que ça ne se voit pas trop sur les résultats. Au Qatar, je me fais sortir au cinquième tour, ça nous oblige à tout remonter fort. À Imola, tout le monde a vu ce qui s’est passé avec Simon (Mann, son coéquipier) et Valentino Rossi. C’est frustrant côté résultats, mais on n’a rien à se reprocher. On a tous bien bossé et on se dit qu’à force, ça va finir par payer. »
Cette voiture que vous avez découverte l’an dernier, c’est bon maintenant, vous l’avez bien en main ?
« Oui. Déjà, la deuxième moitié de saison dernière était vraiment bonne, avec la victoire à Bahreïn, la pole à Fuji… J’ai acquis plein d’automatismes, de réflexes avec. Je pense que j’ai encore progressé depuis, car je suis régulièrement parmi les meilleurs pilotes Bronze. »
Retrouver les deux mêmes coéquipiers qu’en 2024, cela vous a aussi bien aidé ?
« C’est plus facile quand on repart avec la même équipe, les mêmes pilotes, la même voiture. La deuxième année, on se connaît par cœur. On sait qui aime quoi, qui n’aime pas quoi. Donc même pour anticiper les set-ups, on se répond les uns pour les autres. C’est top. »

La déception d’Imola, vous l’avez digérée avec ce succès à Spa ? Comment s’est passée votre course ?
« Oui, bien sûr. On voulait notre revanche à Spa, marquer de gros points et c’est que l’on a fait. Dès les FP1, on était dans le rythme. La voiture répondait hyper bien. En course, on a eu de belles bastons. Mais la Ferrari est sensible quand on reste longtemps dans le sillage. Ça use beaucoup les pneus avant. Il fallait donc parfois lâcher un peu, faire redescendre les températures, et repartir à l’attaque. Ce sont des courses d’attente parfois. Et quand on attaque, il faut réussir vite, sinon on détruit les pneus.
Le plan à Spa était clair : les préserver pour le dernier relais afin de faciliter le travail d’Alessio (Rovera, son 2e coéquipier) en fin de course. J’ai donc fait un double relais avec le même train. Malheureusement, on a écopé d’un drive-through pour une intervention sous Full Course Yellow à cause de l’utilisation d’un pistolet de secours aux stands. Ça nous a fait perdre de précieuses secondes, mais on n’a jamais baissé les bras. On est revenus dans le match. Ce fu une vraie bagarre, j’ai pris beaucoup de plaisir.
Au final on prend le maximum de points, sauf celui de la pole, et on se replace au championnat, c’était un de nos objectifs de début de saison. C’est bien de capitaliser, de transformer l’essai, parce que depuis le début de l’année, on est toujours dans le coup. On fait le boulot. Oui, à Imola, on méritait mieux et c’est bien de voir que parfois, ça tourne aussi en notre faveur. »

Maintenant les 24 Heures du Mans. La course en France, à quelques kilomètres seulement de la maison (François Hériau vit en Bretagne)…
« Oui, c’est sûr. C’est un peu étrange. Je rentre même chez moi le lundi après la Journée Test, c’est marrant. Et là-bas, il peut se passer tellement de choses… »
L’an dernier, vous étiez un peu déçu après votre course. Ce fut compliqué, vous étiez resté pas mal sous la pluie. Vous en avez gardé un bon souvenir ?
« Oui, j’ai beaucoup galéré. Je me suis souvent retrouvé dans des conditions changeantes, comme beaucoup d’autres pilotes. Mais je n’avais pas encore tout en main. J’étais encore sur la réserve, donc c’était difficile de faire la course sans erreur, avec les bons choix de pneus. Au final, je crois qu’on fait 5e ou 6e, ce qui est pas mal. Mais c’est sûr que cette année, on a d’autres ambitions. »

Et en plus, vous arrivez avec un niveau de performance complètement différent.
« Oui, clairement. Je sais ce que je peux faire, j’arrive à le répéter chaque week-end. Et même sur une piste comme Le Mans, qui est très atypique, il n’y a aucune raison que je ne sois pas dans le coup. Je prouve à chaque fois que je le suis donc mes ambitions sont meilleures que les années passées. »
Allez-vous remonter dans la voiture d’ici la Journée Test ?
« On a testé à Motorland en configuration Le Mans. L’idée était de se remettre en main avec une config plus light, en aéro. »
Ce fut un programme purement performance ou aussi de l’endurance ?
« Un peu des deux. On a revu pas mal de choses, rouler de nuit, reprendre les automatismes, les changements de pilote, les longs runs, les procédures.Tout remettre en place. »

Vous avez un programme bien plus allégé que l’an dernier : pas d’Asian, pas d’IMSA. Vous y trouvez votre compte ?
« Disons que ça me permet de me concentrer sur le WEC et c’est pas mal. Mais je ne dirais pas non à quelques courses en plus. J’aimerais bien refaire un peu de LMP2. Ce qui se passe dans les championnats avec cette voiture est vraiment sympa. Et en ELMS, ils ont retrouvé une LMP2 puissante avec beaucoup d’aéro, ça me plairait. »
Vous travaillez déjà là-dessus, ou c’est juste une envie pour l’instant ?
« Pour l’instant, c’est une envie, mais je n’ai pas perdu mes contacts avec certaines équipes, notamment TDS Racing. J’aimerais vraiment refaire des choses avec eux. Mais c’est encore tôt dans l’année, on verra ce qui est possible. »
Une course IMSA en LMP2 peut-être ? Petit Le Mans en fin d’année ?
« Oui, pourquoi pas. Je reste ouvert à des opportunités. Mais en LMP2, j’ai eu un crash la dernière fois que je suis monté dedans. Donc je vais prendre le temps de remonter dans une Oreca 07 sans pression, refaire des journées d’essais, bien me recaler avant de revenir, pourquoi pas, en compétition. »
