Olivier Panis a touché le Graal il y a quelques jours. Après dix années de présence en ELMS, l’équipe du célèbre ancien pilote de Formule 1 a enfin inscrit son nom au palmarès. Pourtant, tout aurait pu s’arrêter… sans l’intervention décisive d’un homme : Marc van der Straten.
Une consécration tant attendue
Ce samedi 18 octobre restera gravé dans la mémoire d’Olivier Panis et de toute son équipe. L’ancien vainqueur du Grand Prix de Monaco ne quitte plus son sourire : les siens, désormais surnommés les Félins, viennent d’être sacrés champions en ELMS. Une consécration attendue depuis si longtemps, qu’il savoure pleinement. D’autant plus qu’elle n’aurait peut-être jamais eu lieu.
Une amitié née sur les circuits
« J’ai rencontré Marc sur les circuits. Il a toujours été très présent dans le sport automobile », se souvient Olivier Panis. « Il y a une vingtaine d’années, je courais en GT avec Éric Debard et DKR Engineering. Marc possédait alors une équipe en GT3 qui engageait aussi des Ford GT1. Petit à petit, nous nous sommes rapprochés. Un jour, en Autriche, nous avons passé une journée ensemble avec Fabien (Barthez), Marc et toute son équipe. À partir de là, nous sommes restés très proches. Une véritable amitié est née. Plus tard, il a voulu aider mon fils Aurélien, qui courait alors en GT. C’est comme ça que notre histoire d’amitié a commencé. »
La fin d’un cycle, la peur du vide
En 2015 naît Panis-Barthez Compétition, devenue plus tard Panis Racing. Fin 2023, l’association avec Tech1, qui assurait le support technique, prend fin pour des raisons budgétaires. Panis se retrouve alors dans une impasse. « Quand j’ai arrêté avec Simon et Sarah Abadie, je me suis retrouvé avec une place en ELMS, et peut-être une au Mans. Mais je savais que sans un partenaire solide, tout s’arrêterait. »
C’est alors qu’un simple coup de fil change tout. « Un soir, Marc m’appelle. Comme souvent, on parle de tout et de rien. Il me demande ce que je compte faire l’année suivante. Je lui réponds que je ne sais pas si je pourrai continuer, que j’ai arrêté avec Tech1 après huit magnifiques années, car ils avaient trop d’activités en parallèle, ce que je comprenais parfaitement. Et là, il me dit : Comment ça, tu vas arrêter ?! »
Le coup de pouce du destin
« Je lui explique que courir après les partenaires devient difficile, même si j’en ai des fidèles comme Elf. Que si je continue, c’est pour gagner, pas juste pour être sur la grille. Il me répond : “Non, tu n’arrêtes pas. On va continuer ensemble.” Je lui dis non, que je ne veux rien lui demander, qu’il a déjà beaucoup aidé Aurélien. Mais le lendemain, il me rappelle : “Alors, on fait quoi ?” Je lui réponds : “Rien.” Et là, il me dit : “Écoute, ne me casse pas les pieds, c’est moi qui décide ! Si je mets cette somme comme partenaire, tu mets le Félin sur la voiture, d’accord ? » »
Face à tant de détermination, Olivier Panis finit par céder. « Je n’avais plus d’équipe, mais Marc m’a dit : “Débrouille-toi, ce n’est pas possible que tu perdes ta place en ELMS. Et moi, j’ai envie de retourner au Mans.” »
La rencontre avec TDS Racing
Olivier se met alors en quête d’un partenaire technique. « J’ai discuté avec plusieurs équipes, dont IDEC, puis j’ai pensé à Xavier Combet, de TDS Racing, avec qui j’avais déjà des échanges. TDS avait la voiture, mais pas d’équipe. Moi, j’avais les hommes. Le lendemain, je suis allé à Montpellier rencontrer Xavier et Jacques Morello, les deux associés et cofondateurs. On a parlé toute la journée : budget, programme, pilotes… Tout s’est aligné. »
Panis rappelle aussitôt Marc : « J’ai trouvé l’équipe idéale, TDS Racing. Quinze ans d’expérience, des victoires et des titres en ELMS, plusieurs participations au Mans. Ma priorité était d’emmener mon staff, mes mécanos et mon ingénieur Florent Gouin, avec qui je travaille depuis dix ans. »
Une fusion gagnante
L’alliance se met en place, les hommes apprennent à se connaître, et Marc van der Straten suit tout cela de près. Sur le terrain, il est conquis. Charles Milesi, Manuel Maldonado et Arthur Leclerc forment un trio solide.
« Nous avons monté le projet en trois semaines, terminé la saison avec une victoire à Imola et la quatrième place au championnat. C’était très positif », raconte Olivier.
Une nouvelle ambition
L’hiver suivant, les bases sont posées. À Spa, en 2024, Olivier Panis et Xavier Combet présentent à Marc leur ambition : créer une structure pour gagner. « Je lui dis que j’aimerais trois pilotes performants pour aller chercher le titre, mais que, de fait, le budget est plus conséquent. Il me répond : “Tu mets tout à mes couleurs, et on y va !” » Le ton est donné. Charles Milesi est confirmé, Esteban Masson (soutenu par Toyota) et Oliver Gray complètent l’équipage. « On a bâti VDS Panis Racing pour donner une image forte du Félin : camions, box, communication… Un vrai projet professionnel et élégant. »
Le résultat ? Une saison quasi parfaite : 50 % de victoires, un premier titre ELMS, et une invitation pour les 24 Heures du Mans 2026. « Ce titre, c’est notre façon de remercier Marc. Il nous a apporté bien plus qu’un soutien financier : c’est un investissement humain. Avoir un partenaire comme lui, c’est unique. Il nous a redonné notre chance. Je suis fier d’avoir fait briller le Félin et de le voir heureux. »
Et demain ?
Les objectifs sont déjà clairs : défendre le titre ELMS et honorer l’invitation pour Le Mans 2026. « Marc a beaucoup de programmes, notamment en moto. Je ne sais pas encore s’il poursuivra avec nous, mais quoi qu’il arrive, je n’oublierai jamais ce qu’il a fait. Sans lui, j’aurais arrêté en 2023. »
Et Olivier Panis conclut avec émotion : « Marc m’a dit qu’il ne voulait pas que je lâche. Je ne veux pas non plus le forcer à quoi que ce soit. Ce sera son choix. Une chose est sûre : je n’aurai jamais assez de mots pour le remercier. Le titre, et la coupe qu’il garde chez lui, sont le plus beau cadeau que je pouvais lui offrir. »

