Filipe Albuquerque ne s’arrête jamais. Entre l’IMSA, les 24 Heures du Mans il y a quelques semaines, et l’ELMS qui reprend ses droits ce week-end à Imola (lire ICI), Endurance Live a trouvé un peu de temps pour échanger avec ce talentueux pilote.
Le mois de juin a été bien chargé pour le Portugais. Après une manche à Detroit (IMSA) où il a terminé sur le podium, il s’est rendu en France pour y disputer les 24 Heures du Mans. Mais il l’avait annoncé au Pasage, la tâche ne serait pas facile pour l’équipe américaine lors de cette 93e édition de la classique sarthoise. « Jota connaît Le Mans depuis 15 ans alors qu’Action Express n’a que deux participations en Hypercar et ce sera la première Wayne Taylor Racing. Beaucoup de mécanos, d’ingénieurs, n’ont jamais mis les pieds en France. Seuls les trois pilotes et Wayne Taylor connaissent. C’est un vrai saut dans l’inconnu. Et face à nous, il y a tellement d’équipes très expérimentées et d’excellents équipages. C’est un peu comme si on amenait ces équipes à Daytona sauf que ce n’est même pas comparable, car le marché américain est plus fermé. Donc c’est plus facile pour un team européen de venir aux USA alors que l’inverse est plus dur.»
Cela s’est confirmé en course. Les deux Jota, après avoir brillé en Hyperpole dont le meilleur temps pour Alex Lynn, ont été aux avant-postes alors que, pour les n°311 Action Express et n°101 Wayne Taylor Racing, ce fut plus compliqué. Au final, ces deux Hypercars ont été les seules à abandonner et la n°101 a souffert et ce dès le jeudi avec un changement de moteur entre les libres et les deux séances Hyperpole. « Ce fut un week-end très positif. Nous avons beaucoup appris sur la voiture. Travailler à quatre voitures ensemble, avec des cultures différentes mais dans le même but, a été positif pour tout le monde. Je suis sûr que nos gars de WTR ont beaucoup appris, mais je pense qu’il en est de même pour Jota. Nous formions une seule équipe. Nous avons été très bien lors des qualifications. Malheureusement, pendant la course, nous avons eu un contact avec un concurrent dès le départ et les dommages sur la voiture ont causé un problème de performance, mais nous avons essayé de survivre. Malheureusement, nous n’y sommes pas parvenus, un souci mécanique nous a forcés à abandonner, mais c’est comme ça.»

Depuis, Filipe Albuquerque a terminé 3e des 6 Heures de Watkins Glen, 3 manche Michelin Endurance Cup de la saison. Après un début de saison compliqué en IMSA, Wayne Taylor Racing enchaine un 2e podium de suite. « Quelle course folle ! Le début a été mouvementé, Ricky a été touché,a fait un tête-à-queue dans le virage 5 et nous nous sommes retrouvés derniers. De la pluie, du sec, puis encore de la pluie. C’était chaotique. Ricky a roulé trois heures et moi les trois autres, c’était fatigant, il faisait chaud, mais il fallait aller jusqu’au bout. Nous avons eu beaucoup de chance avec la dernière voiture de sécurité ; nous venions de faire un arrêt au stand et cela nous a permis de remonter à la troisième place. Un excellent résultat pour Wayne Taylor Racing. »

Le Portugais va maintenant directement enchainer sur l’ELMS. Il sera dès vendredi à Imola pour la 3e manche de la saison. Mais pour une fois, il roule avec une autre écurie qu’United Autosports. Il s’est en effet engagé avec Nielsen Racing (Oreca n°24) et il revient sur ce choix un peu surprenant. « C’est un projet qui s’est monté rapidement. J’ai pris contact avec eux quand j’ai vu que Ferdinand Habsburg allait les rejoindre, alors je leur ai demandé : « Vous avez votre pilote Pro ? ». J’ai pensé que je pouvais apporter de l’expérience à l’équipe. Je sais aussi qu’un investisseur arrivait pour essayer d’élever le niveau et créer une équipe de haut rang. Deux pilotes Pro et un bon Silver (Cem Bölükbasi), ca fait du sens, c’est une bonne combinaison. Évidemment, il faut du temps pour tout ajuster : la façon de travailler, les ingénieurs qui arrivent dans l’équipe. Ce sont des choses qui ne se font pas du jour au lendemain. C’est un processus en cours, il faut travailler dur, ne pas perdre notre objectif de vue, et faire preuve de patience. »
Comme tout cela est un peu « neuf », il faut que la mayonnaise prenne et les résultats ne sont pour le moment pas au rendez-vous : 9e à Barcelone et 11e au Castellet. » Ce n’est clairement pas ce qu’on espérait. Même en qualifications à Barcelone, c’était bizarre. Être aussi loin ne m’était jamais arrivé de toute ma carrière. On dit souvent qu’il n’y a pas deux secondes d’écart entre pilotes ou d’un set-up à l’autre… donc objectivement, on n’a pas trouvé la vraie raison. Bref, on n’était pas contents, mais l’équipe est rentrée, a analysé la voiture, a trouvé quelques points à améliorer et on espère bien faire dès Imola. »

Cette première partie de saison a fait naitre des doutes dans l’esprit du Portugais : d’un côté l’IMSA et des résultats très compliqués avant le déclic de juin (Detroit) et un programme ELMS qui ne se passe pas comme prévu. « Ce qui est bien avec un double programme, c’est que parfois, quand on ne performe pas dans un championnat, on peut comparer avec l’autre. On se demande si c’est un problème de rythme ou autre. Mais ensuite en passant à l’autre programme, je suis performant, parfois plus rapide que mes coéquipiers, c’est rassurant. Et pourtant j’ai une sacrée référence avec Louis (Delétraz) dans l’autre voiture (la Cadillac n°40). On était au même rythme, deux dixièmes d’écart tout au plus à Long Beach. Ça m’a rassuré et c’est important pour l’équilibre mental. Encore une fois, c’est un travail de longue haleine, basé sur l’effort et la dévotion. »