Erwan Bastard, pilote Aston Martin chez Racing Spirit of Léman, livre son débrief complet du week-end de course à Barcelone. Une chronique exclusive à retrouver sur Endurance Live.
« Après plusieurs mois d’attente, la saison ELMS 2025 est enfin lancée. C’est à Barcelone que nous avons retrouvé le volant de notre Aston Martin Vantage GT3, avec toute l’équipe de Racing Spirit of Léman. Entre prologue, essais, qualif prometteuse et course à rebondissements, ce premier week-end n’a pas été de tout repos. Résultat : une 7e place finale, quelques regrets, mais surtout de solides enseignements pour la suite du championnat. Voici mon débrief complet. »

Prologue : retrouvailles et remise en route
Le week-end a commencé par deux journées de Prologue. C’est l’occasion pour tous ceux qui n’ont pas roulé pendant l’hiver, comme nous, de reprendre le rythme, retrouver ses marques avec l’équipe, et bien préparer la voiture pour la saison. On a travaillé sur pas mal de petits détails, sangles, position de conduite, attaches pour les changements de pilote, ajout de plans du circuit dans l’habitacle… Bref, tout ce qui peut faire gagner de précieuses secondes pendant la course.
Ensuite, place aux premiers roulages, cinq mois sans rouler, ce n’est pas rien, et ça s’est senti dans les premiers tours. Clément (Mateu) et moi, on a mis un peu de temps à retrouver notre niveau. Mais c’est aussi ça, le Prologue, se dérouiller, et surtout tester beaucoup de choses sur le setup. Ces deux jours en open pitlane sont précieux, on a retourné la voiture dans tous les sens, travaillé la dégradation des pneus (très présente à Barcelone), sans négliger la performance pure pour les qualifications. Au final, un bilan mitigé mais encourageant : des points positifs, d’autres à améliorer. On savait qu’il nous restait encore du travail avant le week-end de course.

Essais libres : montée en puissance
Après deux jours de pause pour recharger un peu les batteries aussi bien pour nous que pour les mécanos, on a repris avec les essais libres du vendredi. Clément a pu faire des simulations de qualif, et on l’a senti tout de suite dans le rythme. Il faut dire que c’est un peu sa course à domicile, vivant à Barcelone. Il était motivé, et ça s’est vu. Côté setup, on cherchait encore la bonne formule pour la course, mais sur un tour, on était clairement compétitifs.
En qualif, Clément claque un 3e temps, ce qui est franchement une super perf, surtout sans roulage hivernal de notre côté, contrairement à d’autres équipes qui ont testé ici. Iron Lynx, par exemple, avait déjà tourné à Barcelone avant cette manche. Donc une 3e place sur la grille, c’était très encourageant.
La course : un départ agité, un relais compliqué et un final accroché
Le départ s’annonce bien : on part troisièmes, ce qui est toujours un avantage sur un circuit comme Barcelone où la dégradation des pneus est un facteur clé. Malheureusement, juste avant la ligne, Clément se fait dépasser par une voiture derrière (qui sera pénalisée). Ça nous fait perdre le contact avec les leaders et on se retrouve dans un deuxième groupe.
Clément gère très bien son relais malgré tout, en jouant sur la gestion des pneus. Il me rend la voiture en 3e ou 4e position, ce qui était conforme à nos objectifs à mi-course. Je prends le relais, mais les conditions sont difficiles, grosse chaleur et je ne suis pas totalement à l’aise avec le setup choisi pour la course. Il était logique sur le papier, mais ne me convenait pas totalement en termes de sensations.
Je reviens assez vite sur une Ferrari et là, je fais une erreur au virage 10 : je remets les gaz trop tôt, la voiture part en tête-à-queue. Grosse perte de temps, pneus marqués, vibrations, et fin de relais compliquée. On perd plusieurs positions, et on frôle la prise de tour. Heureusement, un safety car me permet de rester dans le même tour. On décide alors de prolonger mon relais au maximum, en espérant un second safety car et un « pass around » pour revenir dans la course. C’est ce qu’il se passe, et je rends la voiture à Valentin (Hasse-Clot) alors qu’on est neuvièmes.
Il donne tout sur son relais, remonte jusqu’à la 7e place en dépassant dans le dernier virage. Il aurait pu faire encore mieux sans les nombreux safety cars et drapeaux jaunes qui ont coupé son rythme. Mais vu les circonstances, on peut dire qu’on a sauvé les meubles.

On marque sept points. C’est loin d’être catastrophique, mais on visait clairement plus. Sans mon erreur, une 3e ou 4e place semblait à notre portée, surtout avec la qualif de Clément. Les voitures devant avaient un très gros rythme, difficile à aller chercher, mais un podium était envisageable. Ce résultat nous met un peu dans la position de n’avoir « plus trop le droit à l’erreur » pour la suite. On peut se consoler en se rappelant que l’an dernier, Racing Spirit of Léman avait aussi connu un début difficile à Barcelone… et avait joué le titre jusqu’au bout. Rien n’est perdu.
Prochaine manche dans un mois, au Castellet. Un circuit qui, on le sait, nous convient mieux. Cette fois, on vise clairement le podium, en évitant les erreurs et en maximisant notre potentiel. On est déjà tournés vers cette prochaine échéance. Let’s go !
