LMGT3 : Débriefing et réactions (partie 2)

Suite de notre retour sur la 93e édition des 24 Heures du Mans côté LMGT3. Après Porsche, Ferrari, Corvette et Aston Martin  (première partie ICI), place aux cinq autres constructeurs. 

Lexus : course contrastée avec à la clé un top 5

Depuis le début de la saison, Lexus monte en puissance course après course. Après avoir signé la pole position à Spa, puis décroché un premier podium à Imola, la marque japonaise vise désormais une victoire. Aux 24 Heures du Mans, l’objectif était ambitieux, mais il a manqué un petit quelque chose pour franchir ce cap. Malgré une base technique vieillissante, Lexus a nettement progressé depuis l’an dernier et Akkodis ASP Team s’affirme comme l’une des équipes à suivre sur cette fin de championnat. Lors de notre entretien avec Jérôme Policand, ce dernier estimait qu’un top 5 était envisageable. Pari tenu pour la Lexus n°87, qui, sans être la plus rapide lors des essais, s’est montrée la plus fiable et la plus régulière en course. À l’opposé, la n°78 a connu une trajectoire bien différente. Rapide, en lice pour le podium, voire plus mais, elle a malheureusement été percutée par les Iron Dames et a été contrainte à l’abandon. 

Ford Mustang : des progrès visibles, mais un Mans amer

Après un podium encourageant en 2024, Ford abordait les 24 Heures du Mans 2025 avec de nouvelles ambitions. Les deux Mustang espéraient confirmer leur montée en puissance observée à Spa (podium). Mais l’édition 2025 va laisser un goût amer, entre erreurs et manque de rythme.

La Mustang n°88 n’aura parcouru que 46 tours. À la suite d’un arrêt au stand, la voiture est repartie avec une roue mal serrée qui s’est détachée dès la relance dans la portion rapide du Tertre Rouge. L’incident a provoqué une sortie de piste brutale signant un abandon direct. Grosse déception pour l’équipe et ses pilotes, d’autant que la voiture avait montré un bon potentiel sur les premiers relais. La n°77 s’est montrée plus régulière, mais sans véritable souci technique, elle a bouclé les 24 heures sans être en capacité de se battre pour le top 5. Elle termine à la 9e place, une position honorable, mais décevante pour une équipe qui visait clairement mieux. Le manque de rythme global face à la concurrence, notamment Porsche, Ferrari et Corvette, souligne une problématique de performance à corriger rapidement. Mais il faut tout de même noter les progrés depuis le début de saison.

McLaren : en grande difficulté !

United Autosports abordait ces 24 Heures du Mans avec l’ambition de se relancer. Mais la course s’est malheureusement révélée à l’opposé de leurs attentes. Depuis leur podium inaugural au Qatar, l’équipe peine à retrouver sa compétitivité. Déjà en difficulté à Spa, marquée par plusieurs sorties de piste et incidents en course, les 720S n’ont jamais été en mesure de jouer les premiers rôles dans la Sarthe. La n°95 a rapidement été contrainte à l’abandon en raison d’un problème technique (transmission). La n°59 a connu un sort similaire : elle a regagné les stands en fin de course, également victime d’une défaillance électronique. Le vrai souci semble plus profond. La McLaren donne l’impression de souffrir depuis son retour en Europe ! Certains circuits semblent lui correspondre et d’autres pas du tout ce qui est gênant sur l’ensemble d’un championnat. Pour espérer accrocher un top 5 au championnat, United Autosports va devoir redresser la barre rapidement et ne pas avoir déjà trop la tête à l’Hypercar. 

Mercedes : inquiétant…

La marque à l’étoile alignait trois voitures pour cette 93e édition avec pour  espoir de redresser une première moitié de saison décevante. Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes, malgré une volonté affichée de relancer la dynamique. Iron lynx a dû recomposer l’équipage de la n°60 à la dernière minute et côté stabilité et préparation, on a vu mieux. Un choix qui a permis à de nouveaux pilotes de découvrir Le Mans, mais qui s’est fait au détriment de la cohésion. Résultat : la n°60 d’Andrew Gilbert, Fran Rueda et Lorcan Hanafin n’a pas vu l’arrivée et fut la deuxième voiture à abandonner dans la catégorie (soucis de circuit d’huile). Pas beaucoup mieux avec la n°63 emmenée par la famille Grove et Lucas Stolz, pilote officiel Mercedes. Elle a rallié l’arrivée en 15e position, sans jamais jouer les premiers rôles. La meilleure représentante a clairement été la n°61 confiée notamment à Maxime Martin. Elle finit 12e après une course discrète, mais sans accroc majeur. 

« Après un bon début de course, on était dans le trio de tête, c’était bien » raconte Maxime Martin. « On a eu quelques petits soucis au premier pit stop, ce qui nous a mis un peu plus loin dans le peloton. Dans l’ensemble, je pense qu’il nous manquait juste de la vitesse et au Mans, c’est ce qu’il faut en priorité. On l’a encore vu cette année avec une course où il n’y a qu’une Safety Car. On finit 12ème avec notre lots de petits soucis et ce manque de vitesse. Il faut qu’on regarde ça, qu’on s’améliore, travaille et revienne plus fort. Nous avons récupéré beaucoup de données sur cette course pour pouvoir progresser avec une voiture assez connue en général, mais très peu en WEC. Je pense qu’on va pouvoir faire un bon step en avant dans la 2e moitié de championnat. »

BMW : un double abandon pour une course cauchemar

Après sa 2e place en 2024, BMW avait de grosses ambitions, mais cette 93e édition des 24 Heures du Mans a tourné au véritable cauchemar pour la marque bavaroise. Avec deux BMW M4 sous la bannière Team WRT, BMW quitte la Sarthe avec deux abandons et une nouvelle désillusion dans un championnat WEC déjà compliqué.

Très attendue avec Valentino Rossi parmi ses pilotes, la BMW n°46 semblait bien partie pour jouer la victoire. Le rythme était là, comme souvent cette saison, mais une panne de transmission dans la nuit a mis un terme à sa progression. « Nous avons eu un problème électrique qui semble venir de faisceaux mais il faut encore investiguer » commente Vincent Vosse, Team Principal du Team WRT. « Il n’était pas possible au niveau sécurité de renvoyer la voiture car une fois que vous avez ce genre de problème, vous perdez tout. Vous entrez dans un virage, vous perdez la direction assistée, l’ABS… Nous avons donc retiré la voiture. »  Un abandon frustrant, d’autant que la voiture pouvait viser haut. 

La n°31, de son côté, a été victime d’un incident pour le moins insolite que Vincent Vosse relatait après la course. « Sur la n°31, nous avons rencontré un lapin sur la piste. Il a détruit le devant de la voiture, le radiateur, etc. Le travail était de renvoyer la voiture en piste de la manière la plus propre possible. Nous avons essayé de le faire, mais les dommages étaient trop importants et là aussi, nous avons décidé de retirer la voiture. » Une fin aussi rare que frustrante, dans une course qui semblait enfin se stabiliser pour l’équipage, mais pas assez suffisant pour se mêler à la victoire.

Pour conclure, la bataille en LMGT3 fut l’une des plus indécises du plateau. Pas moins de cinq écuries pouvaient encore croire à la victoire dans les dernières heures de course, preuve d’un niveau de compétition particulièrement relevé. Mais comme dit l’adage : « à la fin, ce sont toujours les Allemands qui gagnent ». Et Porsche l’a emporté une 2e fois de suite en autant de courses GT3 au Mans. Grâce à une course exemplaire, la 911 GT3 R n°92, alignée par Manthey 1st Phorm, a su faire preuve de constance, de rigueur et d’efficacité pour s’imposer avec brio.

Le classement de la course ici

Direction maintenant le Brésil, sur le circuit d’Interlagos, pour les 6 Heures de São Paulo qui se dérouleront le 13 juillet.

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