Loïc Duval, engagé sur la Peugeot 9X8 n°94 pour les 24 Heures du Mans 2025, a livré ses impressions après la Journée Test. Entre évolutions du circuit, choix de pneus et attentes réalistes, le Français et ancien vainqueur dresse un état des lieux lucide de la situation du team en vue de cette 93e édition…
Quelles sont vos impressions sur le circuit lors de cette Journée Test notamment en termes de resurfaçage ?
« Comme d’habitude, dans les dernières éditions, la piste n’était pas si mauvaise depuis le début, le grip était là, elle n’était pas trop sale. Il y a eu des resurfaçages, la différence principale en termes de ressenti est l’entrée des Porsche où on avait eu une bosse qui n’existe plus. C’est un peu plus rapide et l’adhérence est acceptable en général. »
Qu’en est-il de votre Journée Test ?
« On a fait ce qu’il fallait faire pendant ces deux sessions. On a essayé les différents pneus disponibles, on a testé quelques éléments qu’on avait envie d’essayer en termes de setup. Avec les règles qu’on a au Mans cette semaine par rapport au WEC, ça ne va pas dans notre sens. Ce sera plus difficile en termes de performance, comparé à ce que nous avons vu à Spa. »
Vous pensez que vous pourrez être plus rapide pendant la course ?
« Je pense que ce que nous avons fait aujourd’hui est bien. Il y a une réglementation typique pour cette course. Bien sûr, si on compare à Spa, nous ne sommes pas au même niveau. Mais c’est comme ça, et pour nous c’est un peu dommage. Maintenant, nous devons faire une course propre, et en termes de vitesse, nous ne serons jamais au-dessus des autres. »

Ce n’est pas une surprise pour vous ?
« Pas du tout. Nous savions à quoi nous attendre. Maintenant, nous essayons juste de faire du mieux possible. L’équilibre de la voiture est bien meilleure que l’année dernière, c’est sûr, mais ce que nous voyons en termes de position, c’est ce à quoi nous nous attendions. »
Que visez-vous ? Des points plus que le podium ? Etes-vous aussi loin que ça ?
« S’il n’y a pas de tempête, que les conditions sont bonnes et que tout le monde termine la course sans gros problème, nous ne serons pas en lutte pour le podium ou le top 5. Mais c’est Le Mans, tout peut arriver. Ce qui est important pour nous, c’est de faire la meilleure course possible avec le package que nous avons, et ensuite on verra où on termine. Bien entendu, on ne commence pas la course en se disant qu’avec notre rythme, on peut gagner. »

Certaines équipes ont essayé de faire 13 tours…
« Certaines voitures d’autres constructeurs ont testé pas mal. Maintenant, la question est de voir combien on perd en termes de temps de course et ce qu’on peut gagner. Il y a différents paramètres en termes d’énergie aussi donc on verra. C’est une comparaison à faire sur nous-mêmes, mais aussi pour voir ce que les autres peuvent faire. Mais oui, on a essayé. »
Que pouvez-vous améliorer d’ici lundi et jusqu’à la course ?
« Je pense un peu l’équilibre, mais pas beaucoup. Ensuite, il faut se concentrer sur la constance. Plus on est constant, mieux c’est. On l’a vu à Spa avec Toyota, on sait tous qu’ils sont super constants. Même s’ils n’ont pas le rythme, en étant réguliers du début à la fin, ça compte beaucoup. C’est quelque chose qu’on doit continuer à travailler. »

La qualification change cette année, il y a plus d’étapes. Pensez-vous pouvoir entrer dans une des deux sessions Hyperpole ?
« Il y a aussi une tendance qui se dessine depuis le début de la saison. Vous avez vu où nous étions sur les trois premiers événements, vous voyez où on est aujourd’hui. Franchement, l’Hyperpole n’est pas dans mon esprit. Vous pouvez en parler avec Stoffel (Vandoorne) car il fera les qualifs comme en début d’année, et avec Jean-Eric (Vergne, n°93). Bien sûr on va jouer le jeu et tout tenter, mais si on est réalistes, pour le moment, je ne vois pas comment on pourrait y entrer. »
Comment gérez-vous cette frustration ? Vous avez de l’expérience alors que Malthe (Jakobsen) est plus jeune ?
« Oui, il est plus jeune, c’est quelque chose dont il faut faire attention, parce qu’il veut être performant, c’est un rêve. Mais de l’autre côté, je pense qu’il est intelligent. Il sait qu’il est jeune, que les choses vont venir donc la frustration est similaire pour tout le monde, expérimenté ou pas. Je sais ce que c’est de gagner, et bien sûr j’aimerais remonter sur le podium. C’est frustrant de ne pas pouvoir le faire, mais c’est comme ça. Ces temps difficiles qu’on vit maintenant renforcent le collectif. On bosse dur, et je suis convaincu que le jour où tout s’alignera, ça nous aidera à gagner des courses. Ce n’est jamais simple d’avoir à se battre pour ça, mais c’est notre réalité. On met la tête dans le guidon, on avance pour faire du mieux qu’on peut. »
