Valentin Hasse-Clot (Aston Martin) : « Le Mans est une obsession chez moi ! »

Valentin Hasse-Clot était sur tous les fronts cette année. Le pilote officiel Aston Martin Racing a en effet roulé en WEC, ELMS (avec Racing Spirit of Léman à chaque fois) et IMSA. Rencontré la veille de la finale européenne à Portimão, le Français a fait le point avec Endurance Live sur sa saison et sur ses projets pour 2026.

Comment s’est passée votre saison ELMS avec Clément Mateu et Erwan Bastard ? 

 « C’est la plus aboutie, celle qui a été la plus simple à gérer parce qu’il y a eu un super esprit d’équipe entre les pilotes, les mécaniciens, les ingés. On a fait un truc franco-français hyper simple à gérer. Ça fait deux ans qu’on travaille ensemble avec Clément et Erwan car je les ai accompagnés sur la saison de WEC l’an dernier. On s’est fait des petits week-ends préparation physique pendant l’hiver. On s’entend très bien, on se fait confiance. En revanche, on n’a souvent pas été récompensés de notre travail. Des erreurs nous ont souvent empêchés de gagner très tôt dans l’année : une pénalité par ci, un détail par-là, une mauvaise stratégie. Au final, on ne nous a jamais vus là où on devait vraiment être. Et quand on a tout mis bout à bout à Spa, on a gagné notre première course. Puis on est reparti dans nos trucs à Silverstone où tout le week-end, on a été devant et un élément de la chaîne n’a pas été en course et on finit sixième au lieu de faire un podium. Quoi qu’il se passe (au Portugal), je suis très fier de mon équipe. »

Arrivés deuxième à Portimao, avec un peu de retard sur Richard Mille AF Corse, les trois hommes ont terminé 5e en course, insuffisant pour être titrés. Ils finissent 3e au championnat.

©️ MPS Agency.

Et le WEC avec Eduardo Barrichello ? Une année compliquée pour vous…

« Ca a été cauchemardesque même parce que je nourrissais beaucoup d’ambitions avec notre équipage. J’avais travaillé avec Derek (Deboer) l’an dernier en ELMS, mais ce fut beaucoup plus dur que prévu dès la première course. Finalement, on a changé de Bronze après Le Mans (Anthony Mcintosh). Au Brésil, on a obtenu notre première pole position, premier podium et le meilleur tour en course. Ok, c’était au Brésil, chez Eduardo, son circuit, mais néanmoins une belle course. Avec tout le respect que j’ai pour Derek, ce n’est pas de sa faute. Il n’a disputé que le WEC, pas une journée d’essai, pas un autre championnat, rien. Quand on voit aujourd’hui dans le plateau WEC, tous les Bronzes font au moins deux championnats, voire trois. C’est un super pilote, mais qui n’avait malheureusement pas les outils pour performer en WEC. L’ELMS lui convenait bien plus. C’était la même situation avec Clément Mateu l’an dernier en WEC et on le voit cette saison, en ELMS, ça lui convient mieux, il est très à l’aise. Mcintosh lui roule en IMSA, en Michelin Le Mans Cup, soit trois championnats. Il monte dans la voiture, il a plus de roulage que moi, c’est beaucoup plus facile. Au final, une saison complètement en dents de scie, mais quelques beaux souvenirs. Ca laisse présager une belle année 2026. »

Fuji WEC ©️ MPS Agency.

Les 24 Heures du Mans ont été à l’image de la saison. Bien au début, difficile par la suite ?

« On est partis 17e, on a pris la tête au bout d’1h30. On a gardé la tête quelques heures avant d’avoir un souci mécanique qui est complètement en dehors de notre contrôle, ça a été un crève-cœur. Ce fut ensuite une longue course derrière parce que l’incident arrive assez tôt. Il a fallu se remotiver, faire 18 heures de course avec zéro enjeu si ce n’est marquer quelques points au championnat (9e). Même si on a fait le job, ce fut frustrant parce que je ne jure que par Le Mans, je me prépare pour ça. Le Mans est une obsession chez moi. »

La belle surprise vient d’Eduardo que vous connaissez bien. Il a vraiment franchi plein de paliers.

« Non, zéro surprise. En fait, il n’est pas très connu du grand public. Quand j’ai commencé à discuter avec lui et Rubens en fin d’année dernière, j’ai regardé sa dernière course de Stock Car Brésil à Interlagos. Je n’avais jamais vu cette série. J’ai suivi les essais libres, les qualifs, les courses. Ses dépassements étaient impressionnants, la façon dont il pilotait cette auto qui avait l’air compliquée était stupéfiante. J’ai aussi regardé ses caméras embarquées. Je savais que dans une Aston GT3, ce serait très facile pour lui grâce à l’ABS, le TC (traction control) et avec l’aide d’une équipe au top. Il est très talentueux même si ça ne s’est pas vu par le passé dans les autres catégories. Je savais qu’il brillerait en WEC, surtout face aux autres Silver en qualif. »

Le Mans 2025©️ MPS Agency.

C’est un peu vous qui l’avez repéré ?

« Oui. Il avait fait une demi-journée test en Angleterre pour Aston il y a deux ans et demi. On est allé le chercher fin 2025, parce qu’il était bien en Stock Car. On cherchait du sang neuf, quelqu’un de motivé. »

Vous avez aussi roulé en IMSA…

« J’ai fait ma première saison dans ce championnat. On a terminé sixième des 24 Heures de Daytona à moins de dix secondes des leaders. Une belle troisième place en qualif à Petit Le Mans et du coup, je repars avec l’équipe en IMSA l’an prochain, mais pour la saison complète. »

Quel sera le reste du programme 2026 pour vous ?

« En ELMS, ça va continuer avec RSL et pour ce qui est du WEC, on y  travaille. On a perdu Mcintosh qui a signé chez BMW Team WRT. On est en train d’étudier plusieurs profils. Avec Eduardo, cela dépend du pilote bronze. Notre volonté est de l’avoir avec nous. S’il y a un Bronze qui arrive avec son Pro et son Silver… Cela ne dépend pas de moi. Pour les pilotes ELMS, sur le papier, on s’est tous dit : on repart. On est trop bêtes, on aurait dû gagner le championnat il y a deux courses. on a fait trop de conneries cette année, on avait une super voiture, on y retourne ! »

©️ MPS Agency.

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