François Perrodo, l’esprit du gentleman driver au cœur de l’endurance

À l’occasion de la 93ᵉ édition des 24 Heures du Mans, François Perrodo, treize participations à la classique mancelle, s’est confié sur son début de saison en European Le Mans Series, son attachement à l’endurance asiatique, ses ambitions pour la suite et la surprise qu’a représenté pour lui la réception du prix « Spirit of Le Mans ».

Le début de l’année 2025 a été bon pour François Perrodo qui a remporté la dernière manche Asian Le Mans Series en compagnie d’Alessia Rovera et son compère Matthieu Vaxiviere (Oreca AF Corse). Depuis, il a remis son double titre LMP2 Pro Am en ELMS en jeu avec la même auto et la même structure. Son début de saison a été en dents de scie pour le Breton. À Barcelone, son équipage a réalisé une performance exceptionnelle, s’imposant non seulement dans la catégorie LMP2 Pro-Am, mais également au classement général. « On a fait une course parfaite, tout simplement un rêve », résume-t-il avec enthousiasme. Mais quelques semaines plus tard, au Castellet, le retour à la réalité a été brutal. Parti en slicks sous la pluie, il a été percuté dès le premier tour. Il assume une erreur de jugement qui a coûté cher à l’équipe. « C’était une erreur. Je fais un tête-à-queue, puis j’ai un contact avec une LMP3… On termine derniers, mais on sauve quand même quatre points. J’espère qu’ils feront la différence en fin de saison. »

Alors que la troisième manche du championnat se profile à Imola, l’heure n’est plus au faux pas. Le trio de la n°83 est actuellement 3e mais ne compte que deux points de retard sur le leader, Nielsen Racing (avec Anthony Wells, James Allen et Sergio Sette Camara) et un sur TDS Racing. « On est désormais quasiment sur un championnat à quatre courses. Il va falloir tout donner à Imola. » Il pourra compter sur un équipage stable, composé de Mathieu Vaxiviere et Alessio Rovera. « Pour le reste du championnat, ce sera toujours eux. Alessio n’était pas disponible au Castellet et a été remplacé par Nicklas Nielsen, Ça m’a fait plaisir de rouler à nouveau avec lui. J’ai eu un peu l’impression de revenir à mes débuts. »

©️ MPS Agency

L’actualité, plus personnelle et plus récente, de François Perrodo s’est trouvée au Mans il y a quelques semaines où il a reçu une distinction de la part de l’Automobile Club de l’Ouest, : le prix Spirit of Le Mans réservé à ceux qui incarnent les valeurs fondamentales de l’endurance. « Je me considère comme un pilote amateur comme les autres. Participer à cette course est un privilège. Alors recevoir cette distinction, c’était une énorme surprise. » Il se souvient, encore tout ému, de l’annonce de Pierre Fillon, à Barcelone « J’étais vraiment très surpris et très honoré. Quand on voit la liste des personnes qui m’ont précédé, c’est assez formidable. » Dans son discours ce jour là, la reconnaissance d’un rôle particulier est souvent revenu : celui de représentant des gentlemen drivers. « Je suis juste un amateur qui a eu la chance de pouvoir faire cette course 13 fois. Le fait de pouvoir encore l’ouvrir à des pilotes comme moi, c’est une chance. Il faut en profiter et savourer chaque minute. »

Avec treize participations au compteur, deux victoires de catégorie (1er LMP2 Pro Am en 2024 et en GTE Am en 2021 avec Alessio Rovera et Nicklas Nielsen, à chaque fois avec AF Corse bien sûr) et quatre podiums, Perrodo entretient une relation fidèle et émotive avec les 24 Heures du Mans. « C’est une course magique. Quoi qu’il arrive, elle a toujours son lot de surprises. » Et si on lui parle de ses victoires en Sarthe, impossible pour lui d’en choisir une, « les deux sont magiques. Être sur le podium ici, devant des centaines de milliers de fans est indescriptible. »

Aux côtés de ses partenaires habituels, François Perrodo pouvait cette année compter sur le soutien d’un renfort de luxe : António Félix da Costa. « Il ne roule pas trop mal, je crois ! » plaisante-t-il. Plus sérieusement, il souligne les qualités humaines du Portugais : « C’est un des monstres de l’endurance, comme Alessio Rovera, Nicklas Nielsen ou Matthieu Vaxiviere. Mais en plus d’être très rapide, António est quelqu’un de très très sympa. Et c’est fondamental quand on est un gentleman. » Ce ne fut pourtant pas suffisant pour accrocher une 3e couronne. François a finalement terminé les 24 Heures du Mans à la 26ème place du classement général, 9e des LMP2 et 4e des Pro-Am.

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À 48 ans, il continue de conjuguer haut niveau sportif et responsabilités entrepreneuriales. Amateur assumé dans un monde de plus en plus professionnel, François Perrodo reste l’un des rares à faire le lien entre les époques, entre accessibilité et performance. « Je ne suis qu’un gentleman driver, mais j’essaie de représenter cette catégorie avec respect. » Cependant ses obligations professionnelles ne lui permettent pas de tout faire. Le Français a prêté une oreille attentive aux annonces faites lors de la conférence de presse de l’ACO la veille de la course, notamment celle au niveau de l’Asian Le Mans Series. Malheureusement, il ne faudra pas compter sur lui pour la prochaine saison de la série asiatique, choix qu’il regrette, « J’ai un métier qui me demande beaucoup de travail et de temps. Terminer la saison en octobre et repartir à l’autre bout du monde début décembre, c’était compliqué cette année, » Mais l’arrivée des Hypercars privées en Asie attire toutefois son attention. « Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. C’est prématuré, mais c’est une bonne nouvelle. »

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