En ce week-end de célébration de la 100e course WEC de l’histoire (à Fuji), plongeons nous un peu une bonne dizaine d’années en arrière au moment du démarrage du championnat grâce à Allan McNish. Faut-il encore le présenter ? Le pilote a un très solide palmarès, un peu en F1 (une saison chez Toyota F1 en 2002 et 16 GP disputés) mais surtout en endurance. Là, on parle de trois victoires aux 24 Heures du Mans (1998 avec Porsche, 2008 et 2013 avec Audi), quatre succès aux 12 Heures de Sebring, quatre Petit Le Mans et du titre de Champion du Monde 2013. Il est aussi le premier pilote à avoir écrit son nom au palmarès du WEC (avec Tom Kristensen et Dindo Capello).
L’Ecossais a donc connu les débuts du WEC. Il était déjà chez Audi depuis pas mal de temps et avait couru en Le Mans Series (ex European Le Mans Series) puis en Intercontinental Le Mans Cup (2010 et 2011), l’ancêtre du WEC. A l’époque, deux grands constructeurs sont engagés : Peugeot et Audi (plus Rebellion, Acura et Pescarolo). Lorsque le Championnat du Monde d’Endurance de la FIA a été créé et a démarré à Sebring en mars 2012, McNish était présent sur la grille de départ (il l’a gagnée), mais avant que les voitures ne soient sur la grille, un gros événement a affaibli le début du WEC : le retrait de Peugeot. « J’ai été très surpris lorsque cela a été confirmé, car j’espérais depuis dix ans et c’était tout proche. Et puis, lorsque cela a été confirmé, c’était évidemment une terrible nouvelle. Mais le jour des inscriptions, nous étions à notre camp d’entraînement Audi et je me souviens être sorti de la salle de sport et avoir appris que l’un des acteurs qui aurait normalement dû être impliqué (Peugeot) ne l’était plus, ce qui a été un choc. »

Heureusement, Toyota avait déjà annoncé son intention de disputer le nouveau championnat d’endurance et la Toyota TS030 Hybrid fait ses débuts aux 24 Heures du Mans 2012. Une bonne chose pour le championnat qui retrouve cet équilibre de deux marques. Un clin d’œil aussi pour Allan McNish qui voit l’arrivée de son ancien employeur en Formule 1. « Toyota est intervenu très rapidement et est devenu en quelque sorte la colonne vertébrale du FIA WEC. Je pense qu’il fallait un engagement réel de la part de deux grands constructeurs pour intervenir dès le début, ce qu’Audi et Toyota ont fait avant l’arrivée de Porsche. »
Audi et Toyota croient à ce grand projet de championnat du monde d’Endurance et la suite leur donnera raison. « Il fallait y croire, ce qui, heureusement, a été le cas de certaines personnes exceptionnelles qui ont fait avancer le projet. Le Dr Wolfgang Ullrich (alors directeur du département Motorsport chez Audi) l’a évidemment fortement soutenu, tout comme Toyota, ce qui a permis à l’ACO (Automobile Club de l’Ouest), à la FIA et à la LMEM de le concrétiser grâce à leur vision. »

Les deux géants roulent l’un contre l’autre en 2012 et 2013. L’année suivante, Porsche est de retour avec sa 919 Hybrid (qui remportera trois fois Le Mans). « Nous parlons ici de deux des plus grands constructeurs du groupe VW et de Toyota. À cet égard, cela a permis à tout le monde d’aller de l’avant. Et en toute honnêteté, je ne pense pas que j’ai suffisamment apprécié cette époque. Ce n’est qu’avec le recul que l’on se rend compte que parfois, il faut prendre de grands risques dans ce genre de situation pour faire bouger les choses. »

Mais Allan McNish ne sera pas de la lutte à trois avec Toyota et Porsche car le pilote décide de raccrocher son casque sur un triplé Le Mans,Titre Pilotes et Titres Constructeurs WEC en 2013, aux côtés de Tom Kristensen et Loïc Duval. Il détient aussi un joli record : à l’exception d’une course, il a fini sur le podium des 16 courses WEC auxquelles il a participées.
Depuis, on peut voir l’homme de 55 ans toujours sur les circuits du WEC mais de l’autre côté de la barrière. Il commente désormais les courses et est devenu le principal analyste du programme télévisé officiel du championnat. « Sortir du monde de la course et entrer dans la cabine de commentateur pour voir les courses en direct sous un angle complètement différent, et constater tous les efforts qu’ils fournissent, était vraiment intéressant. Ce qui m’a vraiment surpris, c’est l’effort fourni pour que le spectacle ait lieu. Je ne parle pas du circuit, mais du spectacle en dehors du circuit, et de la passion avec laquelle le personnel du FIA WEC accomplit son travail. C’est formidable de voir cette compétition se développer au point où je pense qu’ils ne peuvent qu’être fiers d’avoir l’un des meilleurs championnats du monde. Il suffit de regarder les performances sur la piste, ou les 98 000 fans présents à Spa cette année. À mon avis, tout cela est tout simplement sensationnel. »

Les citations d’Allan McNish sont issues du site officiel FIA WEC.