Passé en quelques saisons de la LMP3 à l’Hypercar, avec un détour remarqué par les GT, Nicolás Varrone incarne l’ascension express d’un talent brut. En 2025, l’Argentin jongle entre le WEC et l’IMSA, entre prototype d’usine et GT de légende américaine. Un défi de taille qu’il relève avec passion, humilité et lucidité. Endurance Live est allé à sa rencontre.
Cette saison, vous passez d’un championnat à l’autre : l’Hypercar en WEC (Porsche Proton Compétition) et la catégorie GTD Pro en IMSA (Corvette). Comment adaptez vous votre pilotage et votre mentalité entre ces deux championnats ?
« C’est vrai que je navigue entre deux séries très différentes : l’Hypercar avec le WEC et la GTD Pro en IMSA. Ce sont deux types de voitures radicalement différents, deux styles de pilotage distincts. Mais pour moi, l’adaptation reste assez naturelle. Évidemment, quand je saute d’une Corvette GT3 à une Porsche 963, il me faut parfois une course pour bien me réadapter. Mais globalement, je n’ai pas besoin de changer de mentalité, tout vient rapidement. J’ai eu la chance de piloter une GT3, une GTE, une LMP3, une LMP2, et maintenant une Hypercar, ça m’a beaucoup aidé. Pour moi, c’est devenu comme faire du vélo : ça revient naturellement. »
Vous pilotez une Porsche 963 dans la catégorie reine du WEC, aux côtés de grands noms de l’endurance. Que représente cette opportunité pour vous ?
« C’est un immense honneur de rouler en Hypercar avec la Porsche 963 engagée par Proton Competition. Depuis mes débuts en karting, atteindre le sommet a toujours été mon objectif. Quand j’ai vu mon nom inscrit en Hypercar, j’ai repensé à mon parcours, lorsque j’ai commencé l’endurance en 2020 en LMP3. Tout est allé très vite, avec pas mal de succès en chemin. Aujourd’hui, je me retrouve à me battre contre des pilotes que je regardais à la télévision, parfois même en F1, quand j’étais gamin. C’est assez fou, franchement. J’apprécie chaque instant, et je donne tout pour être à la hauteur du niveau d’exigence que cette catégorie demande. »

En IMSA, vous représentez Corvette, une véritable icône américaine. Avez-vous une relation personnelle avec ce constructeur ?
« C’est un privilège de représenter Corvette. Aux États-Unis, c’est vraiment spécial : cette voiture est une légende vivante, les fans sont incroyablement passionnés. Où que j’ailles, l’engouement autour de Corvette est unique. J’adore aller aux courses, voir les fans, sentir leur énergie. Ils m’ont énormément apporté dans ma carrière. J’ai décroché ma première victoire au Mans avec eux, mon premier contrat en tant que pilote officiel, et même mon premier championnat d’endurance, remporté avec Ben Keating et Nicky Catsburg (ndlr : vainqueur en LMGTE Am au Mans et en championnat WEC). Je me sens vraiment comme un membre de la famille. Avec tous les mécaniciens, les ingénieurs, les gens de Corvette et de General Motors, on forme un groupe soudé. Quand je cours pour eux, je ressens quelque chose en plus. Je veux gagner pour toute l’équipe, pour chaque personne impliquée. C’est une connexion très spéciale dans ma vie. »
Vous courez sur des circuits mythiques des deux côtés de l’Atlantique cette saison. Lequel vous procure le plus de sensations ? Le Mans, Sebring, Spa ou Daytona ?
« C’est une question difficile, parce qu’on a la chance de rouler sur des tracés exceptionnels toute l’année. Mais Le Mans, c’est Le Mans. Il n’y a rien de comparable. L’histoire, l’ambiance, l’émotion… c’est un événement unique à chaque fois. Cela dit, si je devais désigner mon circuit préféré, celui qui me procure le plus d’adrénaline et de défi, ce serait Watkins Glen. J’adore ce tracé. Il est rapide, exigeant, il faut être complètement engagé. C’est un endroit spécial pour moi, je m’y sens bien, et chaque année j’attends cette course avec impatience. »

Entre l’apprentissage, la performance et la régularité, quels sont vos objectifs cette saison ? Visez-vous une course ou un podium en particulier ?
« Je ne me fixe pas d’objectifs en termes de résultats ou de podiums. Bien sûr, c’est génial de gagner, de monter sur le podium, d’avoir des trophées, mais je préfère me concentrer sur mes objectifs personnels. Je veux progresser à chaque course, chaque année. Devenir un meilleur pilote, mais aussi une meilleure personne, plus complète. Je m’efforce toujours d’être un peu mieux que lors de la course précédente. C’est comme ça que je construis ma carrière : étape par étape, en me perfectionnant. »
Pour terminer sur une note plus légère : si vous pouviez faire un tour au volant de n’importe quelle voiture, sur n’importe quel circuit, quel serait votre combo rêvé ?
« Très difficile comme question, il y a tellement de voitures incroyables. Mais si je devais choisir, je prendrais la McLaren MP4/5 de 1990, avec la boîte manuelle. C’est une voiture que j’admire en tant que fan d’Ayrton Senna. Je la piloterais sur le circuit de Buenos Aires, mon circuit « maison », où se couraient autrefois les Grands Prix de F1. Ce serait un moment incroyable, chargé d’émotion. Il y a beaucoup d’autres voitures que j’aime aussi, mais disons que celle-là, sur ce tracé, ce serait mon rêve absolu. »
