Que retenir avant Le Mans ? La 3e victoire de Ferrari en autant de courses, les progrès d’Alpine, le mieux de Cadillac, les courses toujours aussi dures pour Porsche ? Endurance Live est allé à la rencontre des pilotes à la fin de la course…
Ferrari est évidemment le grand vainqueur de ces 6 Heures de Spa avec un doublé de la 4989P n°51 suivie par la voiture sœur, la n°50. James Calado était bien entendu aux anges et le vainqueur du Mans 2023 sait que cela se présente bien en vue de la classique sarthoise. « Après les soucis rencontrés lors des essais libres, nous avons commencé la course avec un manque de connaissance sur la dégradation des pneus et ce genre de choses. J’ai pris un bon départ, et je me suis assuré de pouvoir faire deux relais avec les pneus, c’était un point très important. J’étais beaucoup plus rapide dans mon deuxième relais, j’avais plus de grip. Faire un doublé icinest un bel accomplissement. Bien sûr, la prochaine course, Le Mans, est la plus importante. Nous allons travailler dur d’ici là ! »

Alpine a de nouveau brillé et pour la 2e fois de suite, l’A424 monte sur le podium (le 3e de son histoire). Comme à Imola, la n°36 de Schumacher, Jules Gounon et Fred Makowiecki a été forte, se battant en début de course avec les Ferrari et occupant même la tête de course. Mako a été excellent sur cette course. « Je suis très fier de l’équipe. C’est la deuxième course de suite que nous montons sur le podium. Nous comprenons de plus en plus la voiture, nous commençons à opérer mieux. Nous avons un grand défi devant nous avec des adversaires comme Ferrari, mais nous devons continuer dans cette direction. »

Du côté de Peugeot, après une belle 4e place en qualif, les deux autos ont brillé, surtout la n°93 qui a occupé la tête de course pendant prés d’une demi-heure (Jean-Eric Vergne), mais elle finit 11e. La n°94 a dû abandonner suite à un contact entre Malthe Jakobsen et la BMW n°20 au grand désarroi de Loïc Duval après la course qui aurait voulu un autre résultat pour son équipe. « Le bilan personnel n’est pas bon quand on a les deux voitures dans le top 5 à un moment donné et qu’il n’y en a aucune qui marque des points. C’est frustrant. Sur la nôtre, c’est un petit contact au restart, ça peut arriver, ça fait partie de la course. Sur la 93, c’est une erreur de stratégie. C’est comme ça, c’était cool d’enfin pouvoir jouer un petit peu avec les mecs de devant. Mais encore une fois pour nous c’est dur parce que l’équipe a rencontré pas mal de difficultés depuis le tout début du programme et là il y avait moyen de marquer des gros points ce week-end. On ne l’a pas fait pour différentes raisons mais c’est comme ça. »

Côté Toyota, la n°8 termine à la 4e place tandis que la n°7 échoue à la 7e place. Une course pas si mauvaise quand on sait que les deux autos nippones sont parties de la 15e et 16e places sur la grille de départ. « Évidemment, dans la situation dans laquelle nous sommes, on doit prendre des risques » avoue après coup David Floury, directeur technique Toyota Gazoo Racing. « Parfois ça paye, parfois ça ne le fait pas. Je ne pense pas que nous avons fait du mauvais travail. Si vous m’aviez dit que nous allions mettre une auto 4e et une autre 7e hier, j’aurai signé pour ça. Au final, nous avons bien sûr joué avec la stratégie entre les deux voitures. Ça a payé mieux avec la n°8 qu’avec la n°7. Donc nous, en tant qu’équipe, nous devons nous assurer que nous ne mettons pas tous les œufs dans le même panier pour essayer de revenir avec des points. On est deuxième au championnat, mais l’écart est énorme. Les chances au classement sont très faibles et si j’étais le promoteur, je ne serai pas si heureux ce soir, car l’intérêt dans la deuxième partie de la saison sera peu élevé. »

Les deux Cadillac se sont montrées plus à leur aise qu’à Imola, mais n’ont jamais eu droit au chapitre quant à la victoire finale. Elles finissent l’une derrière l’autre, la n°12 de Norman Nato devant la n°38. « Honnêtement, pour nous, une course assez clean. On a perdu la quatrième position avec les deux Full Course Yellow à la fin au mauvais moment pour nous. Quatrième, c’était le mieux qu’on pouvait faire aujourd’hui. Ferrari, devant, on oublie. Chez Alpine, depuis le début de l’année, ils sont costauds. On a maximisé, on en avait besoin avant le Mans et c’est ce qu’on a fait. On reste une jeune équipe, même si Jota n’est pas nouveau et Cadillac non plus, mais on vient à peine de se mettre en place avec une nouvelle voiture, deux équipes qu’il faut faire travailler ensemble. Ca ne se fait pas en trois courses ! »

Pour Porsche Penske, ce fut très compliqué avec une 9e et 12e place. Rien de bien rassurant avant la grande course visée par le constructeur de Stuttgart et une 20e victoire en Sarthe !
« C’est encore un résultat décevant pour nous, et ce n’est clairement pas ce que nous attendions ! L’équipe a une nouvelle fois bien travaillé, même si nous n’avons peut-être pas tout fait parfaitement. Les pilotes et les mécaniciens se sont battus jusqu’au bout, et je les remercie sincèrement. Il faut reconnaître que les conditions pour un meilleur résultat n’étaient tout simplement pas réunies. Comme toujours, nous allons analyser les raisons, d’autant plus que les 24 Heures du Mans approchent. Mais je pense qu’il y a également un besoin urgent d’actions en dehors de notre organisation. La course parle d’elle-même. » a déclaré Thomas Laudenbach, vice-directeur de Porsche Motorsport.

Du côté de chez BMW, la n°20 a longtemps été bien placée, impliquée dans pas mal de belles bagarres, mais elle s’est retirée suite à un accrochage avec la Peugeot n°93 et des soucis de freins. Pour la n°15, ce fut plus dur, ralentie par des pénalités comme le confirme Kevin Magnussen. « C’était une belle course, malheureusement pas pour nous. J’ai eu une pénalité pendant le Safety Car, c’était ma faute Et après on a essayé de revenir, mais c’était très difficile. Parfois le rythme était bon, parfois non, pas mal de hauts et de bas. Il va falloir que l’on travaille encore. »

Les deux Aston Martin Valkyries ont signé une nouvelle belle course et continuent de progresser. Les autos sont à nouveau à l’arrivée et la n°007 finit dans le même tour que les vainqueurs grâce à Harry Tincknell et Tom Gamble. « C’était cool de nous voir se rapprocher, c’est bon pour le moral de l’équipe. » confie ce dernier. « C’est la première course que nous terminons dans le tour de tête, ce qui est bien. Les autres courses, nous avons terminé à quelques tours des vainqueurs, c’est bien mieux même si la voiture de sécurité nous a certainement aidés. C’est quand même une belle réussite pour nous, on progresse étape par étape, Nous nous rapprochons un peu plus et recueillons beaucoup d’informations à chaque fois que nous montons dans la voiture. Nous apprenons de nouvelles choses et la voiture devient plus rapide. Alors croisons les doigts en vue du Mans. »

Oui, Le Mans approche à grand pas. Il va falloir affuter ses armes. Pas mal d’équipes nous ont confié faire des essais dans les semaines à venir comme Cadillac au Castellet, Aston Martin à Monza. Il y a aussi des essais Michelin qui se profilent. Le Mans est maintenant dans toutes les têtes. Vivement juin !