Après une (première) victoire décisive aux 6 Heures d’Imola, Ryan Hardwick a signé le premier succès de la saison 2025 pour Porsche Manthey 1st Phorm en WEC (Porsche 911 GT3 n°92). Endurance Live a eu l’opportunité de s’entretenir avec le pilote américain pour analyser sa victoire et de ses ambitions pour le championnat du monde d’endurance et les 24 Heures du Mans 2025.
Que représente cette première victoire pour en WEC pour vous et l’équipe Manthey 1st Phorm ?
“Cette victoire signifie énormément pour nous. Après un début de saison très compliqué au Qatar où nous étions totalement hors du coup à cause d’une BOP défavorable, nous savions que ce serait une saison difficile. Le WEC nous avait clairement désavantagés, et à Losail, nous avions l’impression de rouler dans une autre catégorie tant nous manquions de puissance. À Imola, nous avons bénéficié d’un ajustement, mais ce n’était toujours pas suffisant pour rivaliser en performance pure avec les BMW, Lexus ou Ferrari. La clé a été notre régularité : pas d’erreurs, pas de pénalités. Pendant que les autres se sont éliminés, on est restés propres et constants. Ce n’est pas une victoire au mérite du chrono, mais une vraie récompense pour l’équipe. Elle nous donne confiance pour la suite, notamment en vue du Mans.”

La course a été très disputée du début à la fin. Pouvez-vous nous raconter les moments clés et comment avez-vous réussi à faire la différence ?
« L’un des premiers moments clés a été la qualification. J’ai réussi à placer la voiture en Hyperpole, en étant l’un des pilotes Bronze les plus rapides et ce malgré un tour qui n’était pas parfait. Imola est un circuit très exigeant, donc c’était déjà une belle performance. Ça a permis à Riccardo (Pera) de nous décrocher la 7e place sur la grille. Pendant mon double relais en début de course, j’ai pu remonter jusqu’à la 5e position, puis j’ai passé le volant en 4e place. On a malheureusement perdu un peu de temps à cause d’une erreur de communication dans les stands, rien de grave, mais ça nous a coûté quelques secondes. Riccardo a ensuite réalisé un triple relais remarquable, remontant jusqu’à la tête de la course. Et enfin, « Richie » (Richard Lietz) a fait un super travail pour gérer le dernier relais avec des pneus usés, tout en résistant à la BMW WRT n°46 qui revenait très fort. Ces trois moments : la qualif, le relais de Riccardo et la défense finale de Richie ont vraiment fait la différence. »
Comment jugez-vous la performance de la Porsche jusqu’à présent cette saison ?
« Pour être honnête, on est un peu en retrait cette saison en termes de performance globale, surtout à cause du manque de puissance moteur. La BoP actuelle nous place nettement en dessous de nos performances et ça se ressent : à Imola, on était environ 6 à 7 km/h plus lents en vitesse de pointe, avec l’accélération la plus faible du plateau. Même si on a progressé à Imola, Spa risque d’être difficile à cause des longues lignes droites. Et avec le success ballast suite à notre victoire, ce sera encore plus dur. J’espère que l’ACO et le WEC pourront rééquilibrer un peu mieux le plateau, car pour l’instant, ce n’est pas très homogène et ce n’est pas seulement notre voiture qui est concernée. Cela dit, la Porsche reste très forte au freinage et en virage, ce qui nous aide sur des circuits techniques comme Imola. Ce sont ces qualités qui nous permettent de rester dans le jeu malgré le déficit de performance en ligne droite. »

Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison 2025 ? Cette victoire change vos ambitions ?
« Rejoindre Manthey cette année était un choix clair : intégrer une équipe qui vise les titres. Mon objectif est de remporter le Championnat du Monde d’Endurance et, bien sûr, les 24 Heures du Mans. J’ai déjà accompli beaucoup de choses en près de dix ans de carrière, surtout aux États-Unis (IMSA) et en ELMS (champion LMGTE 2023 ndlr), mais le WEC et Le Mans ont toujours été des rêves. Cette victoire ne change pas nos ambitions, elle les renforce. L’équipe a prouvé qu’elle en est capable, mes coéquipiers Riccardo Pera et Richard Lietz sont extrêmement solides, et je me sens très compétitif face aux autres pilotes Bronze. L’objectif est d’arriver à Bahreïn en lice pour le championnat, et de jouer la gagne au Mans. On sait que la chance a toujours un rôle, mais on sera prêts, avec une voiture compétitive, une équipe solide et un trio de pilotes capable d’aller au bout. »
Vous avez couru en IMSA, WEC et ELMS. Avez-vous un championnat préféré parmi les trois, et si oui, qu’est-ce qui le rend spécial à vos yeux ?
« J’ai en effet couru dans de nombreux championnats, dont ceux que vous avez cités, mais aussi en SRO et dans des séries monomarques. Et même si chacun a ses spécificités, aujourd’hui, mon championnat préféré est clairement le WEC. L’IMSA a toujours été spécial pour moi en tant qu’Américain. J’y ai couru pendant des années, terminé deux fois vice-champion, remporté les 24 Heures de Daytona en 2022 et les 12 Heures de Sebring en 2020. Ce sont des souvenirs forts. Mais en tant que pilote Bronze, le WEC est le championnat qui me valorise le plus car il joue un rôle fondamental. Nous sommes un tiers de l’équipage, et notre performance est cruciale pour espérer la victoire. Le temps de roulage est significatif, la qualification repose souvent sur nos épaules, notamment pour accéder à l’Hyperpole. Ce poids, cette responsabilité, c’est ce qui me motive. En IMSA, le Bronze n’est même pas obligatoire et même lorsqu’on est là, le temps de roulage est souvent réduit au strict minimum. Cela rend difficile d’avoir un vrai impact sur la course. Je veux contribuer pleinement aux résultats de mon équipe, en bien comme en mal. C’est ce rôle central, cette vraie reconnaissance du pilote Bronze, qui me fait préférer le WEC aujourd’hui. »
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