De retour en European Le Mans Series avec DKR Engineering, Thomas Laurent retrouve le baquet d’une LMP2 dans une structure à taille humaine. Entre ambitions mesurées, réalités budgétaires et espoirs toujours vivaces de revenir aux 24 Heures du Mans. Endurance Live a rencontré le pilote vendéen qui se confie avec lucidité et détermination sur son parcours, ses envies et les défis de cette saison 2025.
Thomas, comment s’est concrétisé votre retour en ELMS cette saison, et chez DKR Engineering ?
« Mon retour s’est décidé assez tardivement, en tout début de saison, après une discussion entre mon manager et Kendy (Janclaes, le parton du team), à Barcelone, lors du Winter Challenge. Un baquet venait tout juste de se libérer, et comme j’étais disponible, je n’ai pas mis longtemps à saisir l’opportunité. On a ensuite effectué une quinzaine de jours d’essais à Spa-Francorchamps, juste avant Barcelone, et tout s’est très bien passé. J’avais un peu d’appréhension à l’idée de reprendre le volant d’une LMP2, de ne pas être dans le rythme tout de suite… Mais en fait, ça s’est fait naturellement. Avec Laurents (Hörr) présent sur les deux jours, le feeling est passé tout de suite. En quatre tours, j’étais déjà dans ses temps. De quoi retrouver rapidement la confiance, aussi bien pour moi que pour l’équipe. C’est comme ça que tout s’est enclenché. »

Chez DKR, vous êtes dans une petite structure. Est-ce que ça vous aide à vous réacclimater ?
« On est clairement dans une structure à taille humaine, très familiale et c’est quelque chose que j’apprécie énormément. Quand j’étais chez Mühlner Motorpsort, il y a deux ans en LMP2, c’était déjà un peu le même esprit : le père, le fils, la mère travaillent à part entière pendant le week-end de course. Ici, on retrouve ça avec Kendy et ses parents. J’ai toujours aimé cette atmosphère. Ce sont des écuries simples, sans prétention, avec des budgets maîtrisés et utilisés intelligemment. Pour un retour, c’est vraiment l’environnement idéal. Dans la voiture, le trio fonctionne bien. On a un bon Bronze, ce qui est essentiel dans ce championnat. À Barcelone, le résultat brut ne reflète pas ce qu’on vaut vraiment. Il y a eu un peu de malchance dans la stratégie, pas d’erreurs, juste les aléas de course. Mais globalement, on est plus confiants qu’au départ de la saison. »
Avez-vous ressenti des évolutions techniques entre les LMP2 de 2023 et celles de 2025 ?
« Oui, il y a clairement eu des évolutions et ça fait du bien de retrouver un package avec l’aéro complète et quasiment toute la puissance disponible. Ça m’a vraiment rappelé 2017 quand j’ai découvert la LMP2 dans sa version initiale. C’était un vrai plaisir. J’ai aussi dû m’adapter à une nouveauté pour moi : les pneus froids. Mais cela s’est fait très rapidement. Globalement, ça se passe très bien. Le Goodyear dur est bien pensé : il ne réserve ni piège ni mauvaise surprise lors de la mise en température. C’est un ensemble très cohérent, bien équilibré. »

Quelles sont vos ambitions pour cette saison ELMS ?
« On avance étape par étape, course après course. Après la frustration de Barcelone, l’objectif au Castellet est clair : marquer de gros points, on vise au minimum le podium. On a déjà utilisé notre joker à Barcelone, donc on ne peut plus se permettre un autre faux pas, sinon le championnat risque d’être compromis. Avec le package que l’on a, que ce soit la voiture, l’équipe ou le trio de pilotes, on a clairement les moyens de viser quelque chose de solide cette saison. L’enjeu est d’enchaîner les courses dans les points, avec des podiums aussi régulièrement que possible. C’est comme ça qu’on remontera au classement général. »
L’annonce du non-engagement de DKR Engineering aux 24 Heures du Mans a-t-elle changé vos plans ?
« Honnêtement, je ne sais pas. Les discussions avec l’équipe ont débuté après l’annonce de leur non sélection pour le Mans. J’imagine que s’ils avaient été retenus, ils auraient probablement fait appel à un pilote avec un gros budget, comme c’est souvent le cas aujourd’hui. De mon côté, je n’ai ni parents milliardaires, ni sponsors issus du pétrole. Je fais avec les moyens dont je dispose. Alors, pouvoir disputer l’ELMS avec eux cette saison, c’est déjà une belle opportunité que je mesure pleinement. Évidemment, je rêve toujours de revenir du Mans. C’est ma course, chez moi, mon jardin comme on dit. Mais pour cette année, il n’y a pas encore de porte ouverte. »
Vous vous projetez encore en endurance dans le futur ? Toujours en prototype ?
« Oui, clairement. Et si je pouvais rester en prototype, ce serait l’idéal. Cela dit, ce que j’ai montré en GT ces trois dernières années prouve aussi que je sais m’adapter. Je pense avoir démontré une vraie polyvalence. Aujourd’hui, je ne ferme aucune porte. Les budgets demandés par les équipes privées sont devenus très élevés, donc c’est plutôt vers les constructeurs que j’essaie d’orienter ma carrière. Avec mon expérience, mon âge et la maturité que j’ai acquise, je pense pouvoir de nouveau intéresser une marque. L’essentiel est de continuer à faire les choses proprement, sans commettre d’erreurs, en me montrant course après course en ELMS. Et puis, faire son chemin, tranquillement mais sûrement. »
