Augusto Farfus roule pour sa 2e saison en LMGT3 en WEC. Après une assez belle saison, le pilote brésilien remet cela toujours avec The Bend Team WRT sur la BMW M4 GT3 EVO n°31. Il fait équipe avec Yasser Shahin et Timur Boguslavskiy. Après trois manches disputées, il a accepté de faire le point avec Endurance Live à quelques jours du pesage des 24 Heures du Mans. Il aborde aussi un sujet plus personnel, celui de sa fille qui roule au sein des Iron Dames.
Le début de saison a été plutôt bon pour les trois hommes de la n°31 comme Augusto Farfus le confirme. « Nous avons eu un super début au Qatar. Ce podium (3e) a été une sorte de surprise, mais une belle, pourtant nous n’avions pas la voiture la plus rapide en course. Ensuite à l’Imola, nous avions une voiture solide et cette fois-ci rapide Mais la course peut parfois être très brutale. C’est aussi la beauté de ce sport. Ce n’est pas toujours l’auto la plus rapide qui l’emporte. Imola, c’est vraiment dommage (12e), je pense qu’on aurait pu capitaliser plus avec les deux voitures. » Par contre, à Spa, ce fut bien plus décevant. La course s’est terminée prématurément pour la n°31. Au cours de la deuxième heure, suite à un contact, des dommages sont apparus au niveau des suspensions et le trio a dû abandonner. « C’est frustrant de repartir avec zéro point. L’incident avec Yasser est regrettable et nous ne souhaitions pas que la course se termine ainsi. L’équipe a fourni beaucoup d’efforts et de travail et j’aimerais pouvoir les récompenser. Cela n’empêche pas que le championnat reste serré et je trouve que la plateforme GT3 est devenue plus forte. Les courses sont très disputées, la lutte est très intense. En tout cas, j’apprécie ma 2e année en WEC. »
Spa était aussi une sorte de préparation avant la grande course qui se profile, le Mans. « Spa est la deuxième course la plus rapide de l’année. Bien sûr, il y a des leçons à tirer ici et à utiliser au Mans. Mais il nous faut maximiser chaque course en vue du championnat. Il n’y a pas de course où vous pouvez vous dire : « Ok, cette course, nous pouvons la sacrifier. » parce que chaque point perdu peut faire la différence. En tout cas, oui, on pense au Mans. L‘année dernière, nous avons fini deuxièmes, on y était presque. Donc, nous allons essayer de faire notre possible, mais c’est difficile. C’est une de ces épreuves que nous n’avons pas encore gagnée. Et ce serait un rêve de convertir ça en une victoire. Je pense que nous avons le package pour l’emporter. »
Depuis le début de l’année 2025, BMW aligne sa BMW M4 GT3 version Evo. Augusto Farfus a été un des artisans de la mise au point de cette auto. « L’Evo, plus qu’une nouvelle voiture, est vraiment une évolution. De ce que nous avons fait au cours des années précédentes avec l’ancienne M4, nous avons appris et repéré les faiblesses, ce qui devait être amélioré. Nous avons pris la voiture, essayé de la comprendre, voir ce qui pouvait être optimisé en termes de conduite, de dégradation de pneus, d’améliorations mécaniques. Et c’est ce que nous avons fait. Le LMGT3 est une plateforme où la BOP vous limite. Donc, même si vous faites une voiture qui va cinq secondes plus vite, ils vous tireront vers le bas. Nous avons donc essayé de maximiser notre package pour que les pilotes soient plus confortables en particulier les gentlemen drivers. Les gars de BMW ont fait un travail phénoménal. »
En dehors de son programme BMW WEC, le pilote de 41 ans garde un œil attentif sur ses enfants, en particulier sa fille Vicky qui a intégré le programme des Iron Dames. « Elle se débrouille très bien (elle roule en Karting). Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou pleurer (rires). Elle a commencé très tard, je ne lui ai jamais demandé de le faire et n’avais jamais imaginé qu’elle allait courir. Il y a deux ans, elle m’a demandé et elle est passée de fille normale à pilote professionnelle. C’est un défi mais elle aime, elle fait de gros progrès. Le problème, c’est qu’elle a commencé tard quand elle avait 11 ans et demi alors qu’aujourd’hui, les enfants commencent à 5 ans. Elle est presque trop âgée mais elle a fait beaucoup d’efforts. Le projet Iron Dames est quelque chose de très bien, la façon dont ils soutiennent les enfants, l’attention qu’ils leur portent. En fin de compte, franchement, il n’y a rien de physique qui empêche une femme de devenir pilote. Peut-être physiquement, elles doivent travailler un peu plus dur, mais le sport auto n’est pas un physique. Une femme peut être aussi préparée qu’un homme pour piloter une F1. C’est la première fois dans l’histoire que les filles sont si bien soutenues parce que c’est une industrie d’hommes. Et elles montrent que nous sommes tous les mêmes. Vicky doit travailler très dur. Je ne suis pas, la plupart du temps, avec elle, car j’ai un emploi du temps bien chargé, donc elle doit trouver son propre chemin. En tout cas, je suis très reconnaissant envers Iron Dames pour ce qu’elles font pour elle. »
Alors comme tous les papas, Augusto Farfus est-il détendu ou stressé ? « Je suis relax. Parfois, je parle avec des parents et je leur dis que si elle avait fait du ping-pong, un sport différent, ça aurait été mieux. Maintenant, comme je suis moi-même pilote professionnel, je lui demande beaucoup quand je suis sur place, parfois de trop, mais je sais ce qui doit être fait. Quand je regarde les courses et que quelque chose se passe, je sais exactement ce qui ne va pas. Quand elle me voit, je lui dis : « Vicky, je t’ai vu faire cette erreur. » Ma femme est une super maman parce qu’elle fait tout le travail. Elle emmène les enfants sur la course, elle y va, elle les raméne (son fil John roule aussi), elle s’occupe de tout. Parfois je l’appelle pour savoir comment Vicky a roulé mais elle me dit : « Je ne sais pas ! Elle a roulé, c’est tout. » (rires). Parfois sur un crash, je lui demande ce qu’il s’est passé et elle me dit qu’elle ne sait pas. Alors j’appelle Vicky et elle m’explique. Je ne sais pas si elle sera la première femme en F1 ou si elle s’arrêtera l’année prochaine. En tout cas, je pense que ce qu’elle est en train d’apprendre fera la différence plus tard. Je suis heureux de ce qu’elle fait, des efforts qu’elle fournit. Et on verra bien ! »
