Erwan Bastard, pilote Aston Martin chez Racing Spirit of Léman, livre son débrief complet du week-end de course au Castellet, manche française de L’ELMS. Une chronique exclusive à retrouver sur Endurance Live.
» Résumé de notre week-end ELMS « à la maison », une manche très spéciale pour nous avec un équipage 100 % français. Celle-là, on avait vraiment envie de la gagner. Après Barcelone, qui nous avait laissé un goût d’inachevé, on est arrivés au Castellet gonflés à bloc. »
Les tests collectifs : capter les bonnes infos
Dès le prologue, on est partis dans plusieurs directions comme à notre habitude, pour accumuler un maximum d’informations. L’objectif, c’est qu’au fil de la saison, on soit de plus en plus précis et efficaces dans les set-ups. Fin de journée jeudi, on met enfin le doigt sur un paramètre qui transforme complètement la voiture. On tient une base solide pour le reste du week-end.
Les essais : affiner le plan
On affine alors notre travail autour de ce set-up. Avec Valentin (Hasse Clot), on se concentre sur la dégradation des pneus, tandis que Clément (Mateu), notre Bronze, travaille sur les pneus neufs, puisqu’il doit faire la qualif. Il enchaîne les simulations : FP1, Bronze Test, FP2… A chaque fois, il claque un temps ! Il termine même premier lors du Bronze Test. On est confiants. La voiture est performante, stable, que ce soit sur le neuf ou le long relais.
La qualif : mission accomplie
En qualif, Clément fait exactement ce qu’on attendait de lui. Il met tout le monde d’accord avec un tour canon. Pole position pour la course du dimanche !
La course : entre pari risqué et météo capricieuse
Depuis le début de la semaine, on savait que le temps allait être incertain. Dimanche matin, pluie intermittente. Sur la grille, tout le monde part en pluie, puis hésite, puis change au dernier moment pour des slicks… sauf la Ferrari P2 qui joue la sécurité et reste en pneus pluie. Problème : il commence à pleuvoir 20 minutes après le départ, contre toute attente météo. Tout le monde doit repasser par les stands, y compris nous. Clément perd un peu de temps, mais on reste dans le match. On tente alors de l’étirer au maximum pour respecter le minimum driving time de 1h30 pour le Bronze.
La stratégie : l’audace du slick sous la pluie
Après 1h30-1h40 de course, on tente un gros pari : slicks, alors que la piste est encore bien mouillée. Je prends le relais. Clairement, les trois premiers tours sont un enfer. Aucun grip, train avant inexistant. Mais on n’a pas le choix, il faut éviter un arrêt supplémentaire. Objectif : survivre le temps que la piste sèche un minimum grâce aux P2. Et ça paie. Après 20 minutes, je vais plus vite que les voitures en pluie. On gagne du temps, on remonte. À la fin de mon relais, on est P2, tout près de la P1, avec une stratégie à un seul arrêt restant, carburant optimisé grâce au fuel save.
Le coup du sort : le safety car
Juste avant notre dernier arrêt, une P2 tape le mur au virage 6 : Safety car. Mauvais timing. On perd notre avance de 40 secondes sur les autres voitures. Nous faisons un arrêt complet (essence + pneus) quand les autres, avec moins de carburant à ajouter, ne s’arrêtent que plus tard pour 30 secondes. Résultat : on ressort avec 30 secondes de retard. On passe de potentiels vainqueurs à une P6 frustrante.
Bilan : frustrés mais fiers
C’est décevant, parce qu’on avait tout en main pour gagner. La stratégie était bonne, les risques étaient mesurés. Clément a été solide, l’équipe parfaite, et notre pari était bon. Sans ce Safety Car, on allait chercher cette victoire. Mais on retient aussi du positif : on a trouvé un axe de travail très prometteur pour la voiture. C’est une base solide pour les courses à venir. Et puis, on a tout donné. Pas de regrets.
La suite…
Prochaine manche à Imola dans deux mois. Ce n’est pas le circuit parfait pour l’Aston, mais ça peut le faire. On n’est pas largués au championnat, une victoire peut tout relancer. Il reste quatre courses, le championnat est encore long. On reste confiants.
On reviendra plus forts.
Merci à tous !
🟢 LMGT3
— European Le Mans Series (@EuropeanLMS) May 4, 2025
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