Franck Perera (VDS Panis Racing) : « Content de retrouver Olivier Panis et TDS Racing ! »

Franck Perera s’apprête à disputer ses premières 24 Heures du Mans en proto (LMP2 VDS Panis Racing) après une édition 2024 passée en GT3. Il roulait alors sur la Lamborghini Huracan Iron Lynx n°60 et avait terminé 16e de sa catégorie (avec Claudio Schiavoni et Matteo Cressoni). Le pilote officiel Lamborghini s’offre donc une expérience qui, il l’espère, pourrait l’emmener plus loin. Nous avons pu rencontrer le Français pendant les 4 Heures du Castellet ELMS où il est venu s’acclimater à sa nouvelle équipe en vue du Mans.

Ce n’est, par contre pas le premier contact du Montpelliérain avec un prototype. L’officiel Lamborghini a déjà fait des essais avec une Oreca et a surtout piloté la Lamborghini SC63 lors du Rookie Test à Bahreïn. « C’était cool de rouler enfin avec la Lamborghini SC63 » reconnait le pilote de 41 ans. « En étant honnête, je m’attendais à être dans le programme LMDh puisque j’avais été testé pour ça et que j’avais été parmi les meilleurs. Mais c’est passé, je ne vais pas m’attarder sur ça et donner les raisons, vu que je ne les ai jamais vraiment eues. En tout cas, ce Rookie Test est un super souvenir, une bonne expérience. Après on connaît les difficultés qu’ils peuvent connaître depuis deux ans, je les ai forcément ressenties un peu quand j’ai roulé avec le proto. Je ne peux et ne souhaite d’ailleurs pas en parler davantage. »

Le Français, qui a longtemps rouler en monoplace, remet donc un le pied à l’étrier en proto avec ce test, entre autres, car il a déjà piloté ce genre d’autos. « Une chose est certaine : il y a une opportunité qui s’est créée pour moi du fait d’avoir pu tester une LMP2 lors d’essais avec Prema pour être sélectionné chez Lambo. Puis j’ai un peu testé avec TDS à Portimao notamment. Mais il fallait que cela se concrétise et ce n’est pas évident quand tu es un spécialiste GT, en plus pilote officiel Lambo. Je ne suis pas tout le temps dispo, je n’ai pas d’agent. Cependant, l’envie de sauter sur une opportunité LMP2, de me challenger, de voir où j’en suis car je suis vieux sans être trop vieux. Je voulais essayer pour voir ce qui pouvait se passer, et puis après c’était marrant de se dire que c’est avec TDS. »

Rookie Test Bahreïn ©️MPS Agency

L’occasion s’est donc présentée pour Franck Perera. Charles Milesi, le capitaine de route de l’Oreca 07 n°48 VDS Panis Racing en ELMS, étant retenu par son programme Alpine en WEC et donc au Mans, un baquet s’est libéré. « Quand j’ai entendu qu’il y avait peut-être une opportunité, j’avais vraiment envie que ça soit pris au sérieux. J’ai eu la chance d’avoir une longue carrière en monoplace, où j’ai pu toucher à tout, j’étais proche d’être en F1, IndyCar, etc… Mais c’est vrai que quand on s’arrête, qu’ensuite on revient en GT, on en devient spécialiste et les gens oublient. Ils ont une faculté d’oublier très vite, surtout de nos jours. Quand j’ai reconstruit ma carrière à travers le GT, ça a été dur, tout ce cheminement a été long, D’arriver en LMP2, j’ai l’impression d’être un gamin, d’être un peu nouveau, alors qu’il y a quelques années, je faisais des trucs de fou. Cela me permet aujourd’hui de rester humble, de continuer à apprendre, de travailler, en espérant que ma carrière va pouvoir être la plus longue possible. »

Il va donc pouvoir disputer ses premières 24 Heures du Mans en LMP2, mais déjà début mai, on sentait le tricolore impatient. « Il y a un côté excitation, parce que tu redécouvres, tu apprends. Je suis au Castellet avec l’équipe, pourtant je n’aime pas trop rester quand je ne roule pas, mais c’est important de m’imprégner de l’écurie car j’ai deux jours, lundi, mardi, pour rouler avec l’auto (avec kit Le Mans après les 4 Heures du Castellet). Mais il va y avoir du GT au milieu, je vais enchaîner six semaines d’affilée entre le Nürburgring avec Abt, Spa pour le Prologue 24H, la qualif Nürburgring avec Abt, Monza en GT World, puis les trois 24 Heures : Le Mans, Nürburgring et Spa. Et après, j’ai un break d’un mois et demi. En tout cas, cette année, je suis content de faire un peu moins de programmes, mais plus de qualité. »

©️MPS Agency

Au Mans, Franck Perera aura une belle carte à jouer au sein d’un équipage qu’il va plus ou moins découvrir. « Avec Esteban (Masson), on s’est connus en WEC l’année dernière à Doha. On a sympathisé en faisant du paddle là-bas, je l’ai trouvé cool. Pendant l’année, on est resté potes alors qu’on n’a pas le même âge. Quand Le Mans s’est fait, il était content, on s’entend bien même si je parais un papi à côté de lui (rire). Oliver Grey au niveau Silver, c’est pas mal aussi. Ça fait un beau package, mais ca met aussi un peu la pression. Ce sont de pilotes jeunes qui sont en pleine bourre. A 20 ans, tu t’adaptes et physiquement aucun problème. A 41 ans, c’est différent. Tu t’entraînes, tu fais attention à ce que tu manges, mais il y a aussi une forme d’expérience. »

©️Panis Racing

Il pourra compter sur une équipe qu’il connait bien et qui gère la n°48 VDS Panis Racing, la structure TDS Racing. Il s’agit un peu d’un retour aux sources. Le Montpelliérain a en effet roulé sous les couleurs TDS en ELMS en 2015 remportant le titre GTC avec une BMW Z4 GT3. « Ca travaille bien chez TDS, ils sont posés, s’entendent bien. Après, je ne suis pas forcément étonné. Je sais un peu comment Xavier (Combet) et Jacques (Morello) travaillent. TDS a toujours été une équipe où j’avais vraiment envie de rebosser un jour. Je les connais, ce sont des amis proches. Je sais qu’il y a un équilibre assez sain dans l’équipe et j’aime bien. C’est très compliqué aujourd’hui d’avoir ce genre de relations, surtout dans le sport auto. On est dans un monde assez faux, difficile, qui mise beaucoup sur l’image. »

2015 ELMS BMW Z4 GT3 TDS Racing / ©️MPS Agency

L’autre « concours de circonstance » est sa relation avec Olivier Panis, le team manager de la n°48. En 2003, tous les deux évoluaient chez Toyota F1 : Olivier Panis était titulaire, Franck Perera intégrait le programme de jeunes pilotes. « On a quand même été chez Toyota en même temps. C’était un petit peu mon mentor à l’époque. Il m’avait guidé pour aller chez Dams en GP2. De se dire que 20 ans plus tard, je me retrouve avec Olivier et Xavier, c’est marrant. Comme quoi le destin, des fois, je pense qu’il y a des choses qui sont peut-être écrites. »

Franck Perera aura donc un break après l’enchainement 24 Heures du Mans / Nurburgring / Spa. Mais ce ne sera pas encore le moment de se reposer car la nouvelle Lamborghini GT3 pointe déjà son nez. « La voiture arrive, on va commencer les essais bientôt. Pour le moment, la préparation se passe très bien, même si ça a pris un petit peu de retard. Je ne l’ai pas encore vue, mais mon coéquipier Marco Mapelli, oui.»  Cette nouvelle LMGT3 devrait donner un coup de boost à Lamborghini qui a du mal avec sa LMDh en IMSA et qui n’est plus impliqué en WEC en LMGT3. « Pour Lamborghini, ce n’est pas évident, il y a eu beaucoup de changements avec Iron Lynx, puis le départ de Giorgio Sana (responsable de la compétition), etc… Il faut encore que tous les rails soient dans la bonne direction, mais ça va venir. » Mais qu’en est-il de l’avenir de la jolie Hypercar verte ? « Je ne sais pas ce qu’ils veulent vraiment faire. Mais c’est aussi pour ça que je voulais faire le Mans en proto : me créer l’opportunité d’être là, que ça marche. S’il y a encore une opportunité en LMDh, j’aimerais que ce soit chez Lambo. »

On attend la remplaçante de l'Huracan. Ici celle de Franck Perera au Mans 2024 ©️MPS Agency

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