Tournons la page WEC et Fuji pour nous plonger dans deux finales importantes, Petit Le Mans en IMSA, et Portimao pour l’ELMS. La manche américaine aura lieu ce samedi, le 11 octobre, avec un superbe plateau. Nous y reviendrons plus tard; Pour le moment, replongeons nous dans quelques beaux souvenirs de cette course au léger accent « sarthois » !
Née d’une idée folle de Don Panoz en 1998, la course de Road Atlanta est bien plus qu’une manche de l’IMSA. Elle incarne la rencontre entre deux cultures de l’endurance : la rigueur européenne et la passion américaine. Retour sur l’histoire d’un « petit » Le Mans devenu grand.
À la fin des années 1990, un entrepreneur américain découvre Le Mans. Ce n’est pas un pilote, ni un ingénieur, mais un industriel : Don Panoz, milliardaire autodidacte à l’origine du patch à la nicotine. En 1997, il assiste pour la première fois aux 24 Heures du Mans. Il est fasciné. Sur la piste, ses Panoz GTR-1, au long capot avant et au tonitruant V8 Ford,font sensation par leur originalité. Aucune ne voit l’arrivée, mais qu’importe : Don Panoz quitte la Sarthe avec une conviction intime comme il le confiera plus tard : « J’ai contracté le virus du Mans. Et je n’ai jamais trouvé de remède. »

L’année suivante, il transforme cette passion en projet. Il veut offrir à l’Amérique « son propre Mans ». Le lieu est tout trouvé : Road Atlanta, un circuit vallonné de Braselton (Géorgie) qu’il a racheté en 1996. Reste à baptiser cette nouvelle épreuve. En fouillant dans l’histoire du sport automobile, Panoz tombe sur une anecdote. Alec Ulmann, fondateur des 12 Heures de Sebring, avait déclaré après Le Mans 1950 qu’il voulait créer un petit Le Mans. Le nom s’impose alors comme une évidence.
Le 11 octobre 1998, le premier Petit Le Mans voit le jour : 1000 miles ou 10 heures de course, au choix. Dès la première édition, le ton est donné. Ferrari triomphe avec la 333 SP Doyle-Risi pilotée par Emmanuel Collard, Wayne Taylor et Eric van de Poele. Porsche, de son côté, traverse l’Atlantique pour y engager sa 911 GT1-98 et sa LMP1-98.

Dès lors, Road Atlanta devient un haut lieu de l’endurance. En 1999, Don Panoz fonde l’American Le Mans Series (ALMS), basée sur les règlements de l’ACO, l’organisateur des 24 Heures du Mans. Petit Le Mans devient la manche finale de cette série transatlantique. Après la fusion ALMS / Grand-Am en 2014, la course intègre le Tudor United SportsCar Championship, puis l’actuel IMSA WeatherTech SportsCar Championship, dont elle reste la grande finale.
Entre 2000 et 2009, Audi écrase la concurrence. Neuf victoires consécutives, huit doublés Le Mans / Petit Le Mans, et une armada de pilotes d’exception : Tom Kristensen, Dindo Capello, Allan McNish, Frank Biela, Emanuele Pirro, JJ Lehto… Tous ont gravé leurs noms dans les deux palmarès. « Gagner au Mans, c’est légendaire. Gagner à Road Atlanta, c’est héroïque » dit McNish. Dindo Capello, quintuple vainqueur (2000, 2002, 2006, 2007, 2008), demeure le recordman absolu de l’épreuve. À ses côtés, Tom Kristensen n’a remporté qu’un seul Petit Le Mans (2002), mais ses neuf victoires mancelles font de lui l’emblème du lien entre les deux courses.
La France, elle aussi, a laissé une empreinte profonde. huit pilotes français ont remporté au moins une édition du Petit Le Mans : Emmanuel Collard, le premier de la liste, Eric Bernard, Franck Montagny, Stéphane Sarrazin, Patrick Pilet, Olivier Pla, Nicolas Prost et Sébastien Bourdais en 2024. Ensemble, ils cumulent treize victoires. Les années Peugeot (2009–2011) marquent le sommet de cette domination française. Trois succès consécutifs mettent fin au règne d’Audi. Le duo Sarrazin–Montagny, parfois associé à Pedro Lamy ou Alex Wurz, impose la 908 HDi FAP avec une régularité implacable. En 2015, un autre exploit entre dans l’histoire : la Porsche 911 RSR de Nick Tandy, Patrick Pilet et Richard Lietz s’impose au général sous une pluie diluvienne. Une GT victorieuse toutes catégories confondues, fait rarissime en endurance, rappelant la magie imprévisible du Mans.

Depuis 2019, le circuit porte le nom de Michelin Raceway Road Atlanta, scellant un partenariat fort entre le manufacturier français et l’endurance américaine. Cette alliance illustre la continuité du lien franco-américain initié par Don Panoz. Aujourd’hui, Petit Le Mans s’est imposé comme l’une des trois grandes classiques américaines, aux côtés des 12 Heures de Sebring et des 24 Heures de Daytona. Il incarne aussi une passerelle unique entre deux continents et deux philosophies de la course.
Don Panoz, disparu en 2018, a laissé derrière lui un héritage immense. Sa vision a contribué à la renaissance de l’endurance mondiale et à la convergence entre l’IMSA et l’ACO. Comme il aimait le rappeler : « Le Mans n’est pas seulement une course. C’est un état d’esprit. J’ai voulu que l’Amérique le ressente, elle aussi. » Et depuis 1998, chaque automne, dans les collines de Géorgie, le Petit Le Mans prouve que cet esprit traverse bel et bien l’Atlantique.

Petit Le Mans 2025, dernière manche de la saison IMSA, s’annonce comme un grand final ! Le 11 octobre onb aura une grille de 53 voitures : 12 GTP, 12 LMP2, 10 GTD Pro et 19 GTD pour dix heures de course où tout peut arriver. En tête d’affiche, la bataille pour le titre GTP reste plus ouverte que jamais : Porsche Penske Motorsport aborde la finale en position de force avec ses deux prototypes, la n°6 de Mathieu Jaminet et Matt Campbell et la n°7 de Felipe Nasr et Nick Tandy, séparées par 131 points. Mais derrière, Wayne Taylor Racing (Cadillac) et Meyer Shank Racing (Acura) guettent la moindre opportunité pour la victoire Sur ce tracé piégeux, au relief unique et aux murs proches, la moindre erreur se paie cash. Ce Petit Le Mans s’annonce comme un final à suspense.
Pour rappel, c’est Cadillac Racing qui s’est imposée l’an dernier avec notre Français Sébastien Bourdais, accompagné par Renger van der Zande et Scott Dixon. Le Français roulera cette année en LMP2 tandis que ses deux anciens coéquipiers sueront sur la même auto, mais une Acura cette fois ci (n60).
Liste des engagés 2025 est ICI
Photos MPS Agency, IMSA et John Brooks (Speedhunters), un grand photographe, que nous saluons…
Ecrit par Alban Borzacchiello (aide David Bristol).
