L’un des quatre pilotes actuels à avoir été présent dès le début de l’aventure du Championnat du Monde d’Endurance FIA a disputé ce week-end sa 77e course sur le Fuji Speedway, 13 ans après avoir participé avec Rebellion à l’épreuve inaugurale de la série à Sebring, en mars 2012.
Depuis 2012, Neel Jani a remporté sept victoires (4 en LMP1, 3 en LMGTE Pro) et est devenu champion du monde en 2016. Le Suisse se rappelle bien ses premiers moments dans ce tout nouveau championnat en mars 2012 lors de la première manche à Sebring. « Mes premiers pas en FIA WEC ont été avec Rebellion et la Lola LMP1, cela signifiait que des pilotes comme moi pouvaient construire une véritable carrière. J’étais donc très enthousiaste lorsque j’ai appris qu’ils avaient enfin annoncé que l’endurance deviendrait un championnat du monde. C’était une étape évidente, mais ce n’était pas pour autant une étape facile de créer le FIA WEC, car il fallait réunir beaucoup d’éléments pour que cela fonctionne et accomplir de nombreuses choses. »

Après quelques belles performances avec Rebellion en 2012 et 2013, il est recruté par Porsche pour mener le nouvel et ambitieux programme 919 Hybrid LMP1 de la marque allemande en 2014. « Enfin, je me retrouvais dans un projet où je pouvais affronter les Audi. J’avais désormais la chance de me battre aux avant-postes, je considère vraiment cette période comme un moment fort de ma carrière pour cette raison. Bien sûr, j’ai fait un peu d’essais privés en Formule 1, des essais du vendredi et tout cela, ainsi que du Champ Car, mais d’un point de vue de programme, avec l’ampleur de l’opération, le nombre de personnes impliquées, la rapidité du développement, c’était vraiment énorme. Lors des essais, on faisait venir des pièces par avion du jour au lendemain pour les tester, c’était vraiment à la manière de la F1. Voilà comment le programme 919 fonctionnait. »
Le Suisse a joué un rôle fondamental dans le développement de la Porsche 919, identifiant certains problèmes de jeunesse lors des débuts du projet en 2013, puis lors de sa première apparition publique en 2014. En novembre 2014, à Interlagos, Neel, Marc Lieb et Romain Dumas signent la toute première victoire de la 919. Le début du succès car par la suite, la LMP1 allemande va engranger trois titres WEC et trois victoires aux 24 Heures du Mans. « Le succès du projet a été vraiment satisfaisant, car le travail que nous avons tous fourni était impressionnant. Mais sans le lancement du FIA WEC en 2012, cela aurait-il eu lieu ? Probablement pas. Alors atteindre 100 courses et créer en quelque sorte toute une industrie autour du sport automobile avec un championnat du monde est quelque chose de très spécial, je crois. »

Les 24 Heures du Mans 2016, point d’orgue de sa carrière !
Le pilote de 41 ans se rappellera certainement toute sa vie de sa seule victoire au Mans et surtout des circonstances. En 2016, il est de nouveau associé à Romain Dumas et Marc Lieb. Alors que la 919 doit terminer deuxième de la course derrière Toyota, un drame survient dans les toutes dernières minutes. A deux tours de l’arrivée, la Toyota LMP1 de tête, pilotée par Kazuki Nakajima, s’arrête sur la ligne droite des stands. « Le Mans 2016, c’était quasiment un scénario que Hollywood aurait pu écrire. Gagner Le Mans de cette façon est totalement inoubliable et surprenant, mais nous avions fait un excellent travail pour revenir dans le tour de tête cette année-là. » En effet, n’oublions pas, outre la dramaturgie de cet épisode pour Toyota que la Porsche était revenue dans la course après des problèmes plus tôt. « Cela restera dans l’histoire, tant c’était dramatique. C’était extrême, bien sûr, mais nous étions encore dans la lutte et il fallait finir la course. Nous avons profité du problème de Toyota et ce fut une expérience incroyable, si tard dans l’épreuve. »



Le chaud en 2016, le froid en 2017 !
L’année suivante, alors qu’il défendait son titre en Sarthe, l’histoire ne s’est pas répétée, loin là. Cette fois-ci, c’est lui qui menait l’épreuve et… « nous avions 13 tours d’avance à quatre heures de l’arrivée et nous roulions tranquillement, avec seulement une LMP2 en deuxième position… » Mais André Lotterer doit immobiliser la voiture avant midi, ce qui fit ressentir à Neel Jani la même douleur qu’il avait ressentie avec la joie 12 mois plus tôt. « Le Mans 2016 et 2017 représentent les extrêmes et montrent ce que le sport peut apporter sur le plan émotionnel – et mon Dieu, quelle intensité. Pour moi, quand on court au plus haut niveau, voilà l’éventail de ce à quoi on peut être confronté. Le WEC est sans aucun doute le sommet du sport et recèle de nombreuses histoires comme celles-ci, mais pour moi personnellement, 2016 et 2017 au Mans ont produit deux expériences très intenses que je n’oublierai jamais. »

Désormais, Neel Jani roule pour le compte de Proton Competition sur la Porsche 963 n°99, toujours en catégorie reine. Il est accompagné de Nicolas Pino et de Nicolás Varrone. Les trois hommes ont terminé 11e à l’issue des 6 Heures de Fuji, course qui marquait la 100e du WEC…


Citations issues du site officiel du FIA WEC.
Photos de MPS Agency (une pensée pour Pascal Saivet, auteur d’une partie de ces photos, disparu il y a deux ans).