Cyril Abiteboul : « Hyundai a besoin de s’inscrire dans un patrimoine automobile »

Endurance Live a rencontré le grand acteur du retour de Hyundai, sous le nom de Genesis, en Endurance, c’est à dire en WEC et en IMSA. Lors de la soirée des 10 ans d’IDEC Sport, Cyril Abiteboul,  team principal de Genesis Magma Racing, est revenu sur la naissance de ce projet et son évolution. Vous voulez tout savoir sur cette arrivée en WEC. On vous dit tout en deux parties !

Hyundai n’a pas une grande histoire en Endurance. Pourquoi avoir choisi cette discipline ? Qu’est ce qui vous a attiré ? Le côté technologie ? Le fait que les autres constructeurs soient déjà là et que si vous voulez vous y confronter, il faut vous engager…

« C’est un petit peu tout ça. Le WEC se porte bien, on a envie d’en faire partir et ce championnat a un patrimoine. Il est vrai qu’en tant que nouvelle marque, Hyundai a besoin de s’inscrire dans un patrimoine automobile. Je pense qu’un constructeur qui entre dans un marché par la porte du sport automobile raconte quelque chose de complètement différent et parle aux clients de manière aussi très différente. On n’est alors plus du tout une marque misant sur la valeur, la qualité, on va être plus sur l’émotion, la performance. C’est précisément le registre dans lequel on a envie de positionner la marque Genesis et, en particulier, Magma, les modèles de performance de la marque.

"La F1 est magnifique, mais il y a 99% de technologie en Formule 1, ça peut être intéressant pour les navettes spatiales, mais absolument pas pour l'automobile !"
Cyril Abiteboul

Le WEC a trouvé une formule assez magique, c’est à dire avoir un système dans lequel les coûts sont contrôlés. Il y a la garantie de performance, d’une certaine façon, et le constructeur peut se concentrer sur trois choses qui sont très importantes : la différenciation du design, la technologie moteur, et pour ceux qui le souhaitent, raconter des histoires de pilotes, d’équipes pour mettre l’accent sur ce côté très émotionnel qui fait du sens. La F1 est magnifique, mais il y a 99% de technologie en Formule 1, ça peut être intéressant pour les navettes spatiales, mais absolument pas pour l’automobile.

Nous allons y aller étape par étape. La première est d’apprendre le circuit dans cet environnement Hypercar et LMDH, qui, en plus, nous ouvre une fenêtre importante sur le marché américain pour la marque Genesis et pour le groupe Hyundai. Tout ceci faisait complètement sens ! »

©️Genesis Magma Racing

C’est pour cela que vous avez justement choisi Genesis plus que Hyundai…

« Tout à fait ! En toute sincérité, on a mis les deux en parallèle. On a analysé vers quel sport, puis avec quelle marque et on s’est retrouvé avec l’Endurance et la marque Genesis. C’est l’environnement le plus compétitif dans lequel on évoluera, avec tout le respect que j’ai pour le WRC. Il était donc logique que ce soit finalement la marque la plus premium qui soit choisie. »

Pourquoi avoir choisi le châssis Oreca ?

« Nous avons regardé les quatre constructeurs homologués. Multimatic, même si c’était une bonne option, a clairement une collaboration très particulière avec Porsche. J’ai beaucoup de respect pour eux car ça a marché en IMSA et en WEC l’an dernier. Mais ça ne fonctionnait pas avec nous. Nous pensions que Ligier était un peu léger en termes de structure pour nous donc nous avons vraiment regardé en détail Dallara et Oreca et beaucoup discuté avec les deux.

Cependant, nous avons pensé qu’Oreca serait capable d’aller plus loin et plus en profondeur dans l’opérationnel de la voiture de course. Comme nous avons pris la décision d’opérer la voiture nous-mêmes, il était important d’avoir quelqu’un qui pouvait faire plus en termes de soutien. Et nous savons que c’est quelque chose qu’Oreca a su et pu très bien faire avec Toyota dans le passé. Je tiens à dire que nous avons un très grand respect pour Dallara, et que nous espérons dans le futur avoir un projet avec eux. »

©️MPS Agency
"On a regardé quatre équipes, dont deux vraiment en détail, mais toutes absolument étaient crédibles."
Cyril Abiteboul

Pourquoi démarrez vous avec le LMP2 et l’ELMS ? Pourquoi avec IDEC Sport ?

« Le LMP2 est pour nous une plateforme d’apprentissage. Il est très clair que si on veut être au rendez-vous en 2026, il fallait passer par ce biais. On a décidé en septembre 2024 qu’on allait rouler au Prologue du Qatar 2026. Ça donne 18 mois de la décision à l’homologation pour développer un moteur, une voiture et construire une équipe. Ça ne peut pas se faire tout seul, mais plus en travaillant avec des partenaires comme Oreca, par exemple, pour développer la voiture. Pour construire l’équipe, sachant que j’ai pris la décision qu’on opérerait la voiture nous-mêmes, c’est une décision un peu différente des autres constructeurs automobiles.

Je trouve qu’il n’y a pas mieux que l’expérience de la course pour apprendre les forces et les faiblesses d’une voiture. J’avais envie de simplifier les choses. On fait l’exploitation de l’auto seul, ça veut dire que ça met plus de pression pour la construction de l’équipe. Donc IDEC, par l’intermédiaire de sa plateforme LMP2, nous aide à monter cette structure là.

On a regardé quatre équipes, dont deux vraiment en détail, mais toutes absolument étaient crédibles. IDEC a de bons résultats et une stabilité et je pense qu’on se retrouve dans une zone de confort parce que c’est une écurie au sein d’un grand groupe. Je représente une entité, le monde du Motorsport, une équipe au sein d’un grand groupe (Hyundai). Au-delà de ça, j’ai senti que c’étaient des gens qui étaient très sincèrement intéressés par notre succès. On n’est pas dans un rapport transactionnel. Evidemment, on a parlé de contrat, comment ça fonctionne, mais c’est incroyable tout ce qu’ils font, des choses largement au-delà de notre accord pour maximiser nos chances de succès collectif. »

©️MPS Agency

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