Champion DTM et véritable pilier de BMW Motorsport pendant plus de deux décennies, Bruno Spengler est aujourd’hui pilote officiel Bugatti. Entre souvenirs du DTM, expériences en IMSA, Super GT et retour en karting, le Canadien revient pour Endurance Live sur son parcours et ses nouvelles missions au sein de la marque la plus prestigieuse du monde.
Bruno, vous avez été l’un des symboles de BMW Motorsport pendant plus de vingt ans. Avec le recul, que retenez-vous de cette aventure humaine et sportive ?
« Je retiens surtout le DTM, une catégorie extraordinaire dans laquelle j’ai évolué pendant quinze ans. Ces voitures étaient uniques, de véritables prototypes avec beaucoup d’appuis aérodynamiques et de grip mécanique. C’était une époque où seuls les pilotes d’usine y participaient et le niveau était incroyable. J’ai pris un plaisir fou à piloter ces autos, ce sont celles qui m’ont procuré le plus de sensations. J’ai appris énormément et je suis très fier de mon parcours : un titre en 2012, deux titres de vice-champion (2006 et 2007), une troisième place au championnat en 2010, 2011 et 2013 et surtout un record de cinq victoires au Norisring qui tient toujours. Si c’était à refaire, je le referais sans hésiter. »

Et l’IMSA ?
« J’ai adoré. J’avais déjà goûté à Daytona, Sebring ou Petit Le Mans en parallèle du DTM, puis j’ai disputé deux saisons dont une intégrale (en 2010, en 2021 il n’a disputé que les épreuves endurance, ndlr). Ensuite BMW a réduit son programme aux courses d’endurance, mais j’ai beaucoup aimé l’esprit. Aux États-Unis, l’ambiance est géniale et le niveau très relevé. Et ce qui est passionnant, c’est que grâce au système de neutralisation, tout reste ouvert. À Daytona, même avec deux ou trois tours de retard, on peut encore gagner. C’est un format que j’ai beaucoup apprécié. »
Vous avez aussi roulé en Super GT au Japon. Quels souvenirs en gardez-vous ?
« C’est un championnat fabuleux. Les fans japonais sont incroyables : ils arrivent dès le jeudi, et chaque week-end il y avait plus de 100 000 spectateurs. J’ai roulé en GT300 avec BMW dans un plateau très relevé, et j’ai adoré cette expérience, autant pour le niveau que pour l’ambiance. »

Aujourd’hui, vous représentez Bugatti. Quel est votre rôle exact ?
« Il est multiple et c’est ce qui me plaît. Je suis ambassadeur de la marque à travers le monde lors d’événements avec les clients. Je suis aussi pilote d’essai pour les futurs modèles, un rôle passionnant. Et je participe à l’expérience client à Molsheim : visite de l’usine, découverte de l’histoire de la marque, essais aux côtés des clients. Enfin, représenter Bugatti, une marque alsacienne, est une immense fierté pour moi. »
Bruno Spengler est certes Canadien mais il a la particularité d’être né en France, à Schiltigheim, en Alsace, la patrie de Bugatti.
Qu’est-ce qui vous impressionne le plus au volant d’une Bugatti ?
« Le contraste. Ce sont des voitures de luxe d’un confort extrême, mais quand on appuie, c’est la bête qui se réveille. Je n’ai jamais conduit une voiture aussi puissante, même en sport auto. L’accélération est linéaire et impressionnante jusqu’à 300 km/h. Mais à vitesse normale, on roule dans un confort incroyable. C’est vraiment la belle et la bête réunies. »
Si vous pouviez faire un road trip en Bugatti…
« Sans hésiter, la Route 66 aux États-Unis avec ma femme, à bord de la Mistral cabriolet. »

On vous retrouve aussi en karting. Que vous apporte ce retour aux sources ?
« Beaucoup. Le karting demande une condition physique énorme et j’adore ça. Ça me garde affûté, vif, avec de bons réflexes. Grâce à Sodikart, j’ai pu me replonger dedans et je fais aussi du coaching pour les jeunes. Repartir avec Gérard et Gaby Braun, avec qui j’ai débuté, est un vrai bonheur. Je compte continuer cette aventure longtemps, car j’aime les challenges. »
Un jeune pilote vient vous demander conseil. Que lui diriez-vous ?
« Que la passion doit être au cœur de tout. Sans elle, on n’arrive à rien. Il faut être ultra motivé, s’amuser, ne jamais rien lâcher, même dans les moments difficiles, blessures, coups durs… La persévérance est la clé. »

Et l’avenir de Bruno Spengler en sport auto ?
« Difficile de répondre aujourd’hui… mais je ne suis pas loin, et vous me reverrez sur un circuit, que ce soit en Europe ou aux États-Unis. »