Des performances sans faute, une équipe soudée et des ambitions assumées : IDEC Sport démarre sa saison 2025 de la plus belle des manières. Derrière cette réussite, dix ans de travail, de structuration et une alchimie entre compétences techniques et vision managériale. À l’approche des 24 Heures du Mans, les fondations semblent plus solides que jamais. Entretien avec un directeur sportif comblé mais lucide, Nicolas Minassian.
Nicolas, vous avez gagné les 4 Heures du Castellet, l’épreuve à la maison pour vous. Que ressentez-vous ?
« C’est un sentiment du travail bien fait parce qu’on est passé d’une voiture à deux voitures cet hiver, on a monté une équipe avec de nouveaux partenaires, de nouveaux pilotes, de nouveaux ingénieurs, des mécaniciens, et dès la première course, on a fait une bonne préparation (2e au général). Tout a fonctionné de suite, aussi bien sur la n°28 que sur la n°18. Il y a eu des problèmes sur la 28, qui sont des faits de course, mais en préparation, en exécution, ça a toujours été bien. Sur la n°18, ils ont très bien exécuté la première et encore mieux la deuxième épreuve, ils sont passés à travers les problèmes que l’on peut avoir en course. Les mécaniciens ont tout exécuté parfaitement au niveau des arrêts au stand, les pilotes ont fait zéro erreur, la stratégie et l’ingénierie ont été parfaites avec une voiture fiable. Il n’y a rien à dire, je suis aux anges, tu ne peux pas commencer un début de saison comme ça et ne pas être heureux du résultat. Autrement, j’aurais un problème…
Maintenant, il faut en être fier, en être heureux, parce qu’il ne faut pas être blasé. Quand tu gagnes, tu en profites, on a fêté cela tout ensemble car ce n’est pas tous les jours que ça arrive. Après, il est nécessaire se remettre d’aplomb, rester humble et continuer à ne pas se relâcher. Ce qu’il ne faut surtout pas faire : être blasé. La concurrence est très forte, il faut la regarder et leur donner du crédit, parce qu’ils sont tous très forts dans le paddock, tous équipés aussi bien, si ce n’est mieux pour certains que nous. On a une très belle équipe, du beau matériel, mais tout le monde en a, et la roue peut tourner, donc il faut s’accrocher, rester concentré, continuer à travailler dur, sans relâche, marquer des gros points toute l’année pour au moins essayer de rester toujours dans le top 5. »

Est-ce que vous ressentez aujourd’hui que le travail fait avec Patrice Lafargue depuis dix ans commence à vraiment porter ses fruits ?
« Les dix ans, c’est sûr que ça montre l’expérience, la continuité avec les gens qu’on a dans l’équipe. Je connais la course, c’est mon métier, Patrice la connaît moins que moi, mais d’un côté c’est bien parce qu’il connaît tellement d’autres choses, j’ai beaucoup appris aussi de ce que Patrice fait dans la vie et je m’en inspire beaucoup. Il m’a guidé, il a fait des choix qui sont très bons, il me briefe régulièrement, me pose des questions, me challenge, me pousse, il y a toujours une certaine pression positive qui est là, qui fait que tout le monde pousse au maximum pour en sortir le meilleur.
Ces dix dernières années sont le fruit de travailler ensemble. Pour ma part, ça fait huit ans que je suis ici à travailler avec certaines personnes dans l’équipe, ça fait longtemps qu’ils sont là, il y a Stéphanie, il y a Julien. On se connaît bien, on se fait confiance et Patrice a fait en sorte qu’on ait l’outil pour pouvoir travailler. Il a aussi une vision différente de la nôtre, à plus long terme sur la structuration de l’équipe. C’est vraiment un travail collectif. »

Quelle a été la préparation d’IDEC jusqu’au Mans ? Essais, roulage, simulations ?
« On a fait des essais au lendemain de la manche ELMS en configuration Le Mans, on n’en a pas fait des tonnes, deux journées de tests et on est rentré à l’atelier, tout démonté, remonté toutes les pièces Le Mans sur les deux voitures, et ensuite on a encore fait un roulage au Castellet pour roder toutes ces pièces pour la course. En fait c’était histoire de voir qu’il n’y avait pas de couac même si ce sont des pièces neuves, il faut toujours les valider. On a quand même des procédures assez poussées sur la fiabilité parce que, comparé aux manches ELMS, Le Mans c’est puissance 10.
Comment etes vous organisé chez IDEC Sport ?
On a un département qui s’occupe de la mécanique, avec le directeur technique qui s’occupe du montage / démontage des voitures, la préparation des pièces avec le chef d’atelier. Il y a l’ingénierie qui prépare tout ce qui est stratégie, simulation, les pilotes, les meetings qu’on aura sur la course. Après on a la logistique qui s’occupe de mettre en place tout ce qui est installation aux 24 Heures du Mans, c’est une grosse machine maintenant, ce ne sont pas que les grosses équipes, c’est même les équipes LMP2, on est comme les équipes LMP1 de l’époque. Beaucoup de choses à mettre en place, beaucoup de travail. Il y a aussi tout ce qui est communication à mettre en avant, et puis la préparation avec les pilotes, leur préparation, du simulateur. On va faire en sorte qu’ils soient aussi prêts physiquement en utilisant le matériel qu’il faut. Donc chaque département à sa touche. »

Et pour la Journée Test des 24 Heures du Mans ? Avez-vous un programme spécifique ?
« Non, comme je l’ai dit, on a roulé avec le kit Le Mans, le moteur en configuration Le Mans, et le poids supplémentaire sur la voiture. C’est la configuration spéciale Le Mans et WEC. C’était histoire de regarder, valider le set-up qu’on a mis sur la voiture, faire rouler les trois pilotes dans une voiture qu’ils vont reconnaître quand ils vont arriver à la Journée Test pour qu’ils en perdent le moins de temps possible. On a fait tous les updates, les évolutions qu’on avait prévues, on les a essayé. Après, sur le roulage qu’on a fait juste avant de partir au Mans, c’était juste pour valider les pièces qui seront les pièces de course. »