Le monde de l’endurance perd l’un de ses piliers. Jochen Mass, pilote allemand au style raffiné et à la longévité exceptionnelle, est décédé à l’âge de 78 ans ce samedi à Cannes. S’il a brièvement goûté aux sommets de la Formule 1 avec une victoire au Grand Prix d’Espagne 1975, c’est en endurance que Mass a réellement marqué les esprits.
Né en 1946 en Bavière, Mass découvre sa vocation sur le tard. Ancien marin, il débute sa carrière automobile grâce à un emploi dans un garage Alfa Romeo de Mannheim qui engageait des voitures en compétition. Cette opportunité le propulse rapidement sur la scène des courses de tourisme et de prototypes.
Dans les années 1970, alors que sa carrière en monoplaces débute, Jochen Mass se forge déjà un nom en endurance. En 1972, il remporte les 24 Heures de Spa en Ford Capri. Il participe aussi aux grands classiques avec Alfa Romeo, notamment sur la Tipo 33, avant de devenir un pilier du programme Porsche.

C’est pourtant dans les années 1980 que sa stature s’impose pleinement. Deuxième aux 24 Heures du Mans 1982 sur Porsche 956, il est sacré champion du DRM en 1985, dernier titre de l’histoire de ce championnat allemand de voitures de tourisme. En 1987, il remporte les 12 Heures de Sebring avec Bobby Rahal, puis rejoint l’écurie Sauber-Mercedes.
Avec le constructeur à l’étoile, il atteint l’apogée de sa carrière : en 1989, il remporte les mythiques 24 Heures du Mans aux côtés de Manuel Reuter et Stanley Dickens sur la Sauber C9. L’année suivante, il continue dans le Championnat du Monde des voitures de sport et en DTM, où il encadre les jeunes talents Mercedes — parmi lesquels un certain Michael Schumacher, qu’il prend sous son aile.
Pilote à l’élégance rare et au tempérament calme, Jochen Mass a toujours incarné l’esprit « gentleman driver », même à haut niveau. Il n’a jamais totalement quitté le monde de la course. Devenu consultant pour RTL dans les années 1990, il reste un visage familier des événements historiques, comme les Mille Miglia ou le Festival of Speed de Goodwood, où il pilotait encore récemment une Mercedes 300 SL.
