Jérôme Policand (Akkodis ASP) : « Ce podium confirme les progrès réalisés depuis notre arrivée en WEC »

Après une première (difficile) saison d’apprentissage en WEC, Akkodis ASP a signé son premier podium en LMGT3 aux 6 Heures d’Imola. Son team manager, Jérôme Policand, revient pour Endurance.Live sur ce résultat marquant, les progrès réalisés avec la Lexus RC F GT3 et les ambitions de l’équipe à l’approche des 24 Heures du Mans.

Que représente ce podium obtenu à Imola en ce début de deuxième saison en WEC ?

« C’est une belle récompense pour tout le travail fourni depuis le lancement de notre programme en WEC. L’an dernier, on a beaucoup appris, parfois dans la douleur, et cette saison, on commence à tirer profit de cette expérience. Imola est un circuit exigeant, qui ne pardonne pas. On a su rester concentrés, bien gérer les conditions changeantes et les neutralisations. L’écurie a été irréprochable dans l’exécution des arrêts, ce qui a été un facteur clé. C’est encourageant pour la suite, mais on garde les pieds sur terre : le LMGT3 est extrêmement compétitif, et il faudra continuer à progresser à chaque course.”

©️MPS Agency

En quoi cette saison 2025 est-elle différente de 2024 ? Quels progrès avez-vous constatés ?

« Les résultats parlent d’eux-mêmes. L’année dernière, on a vécu une saison difficile, même si certaines performances étaient encourageantes, comme au Mans où on a mené une partie de la course. Mais sur des circuits plus classiques, on a souffert. Les progrès viennent de plusieurs domaines : on a travaillé en profondeur avec Toyota Gazoo Racing sur l’exploitation du Powertrain Performance Unit (le PPU, groupe motopropulseur ndlr), sur le châssis et les pneumatiques. Cet hiver, on a effectué deux journées de tests au Qatar pour valider une large gamme de réglages que l’on n’avait pas pu explorer en course. On a aussi réalisé trois jours de tests en ligne droite à Lurcy-Lévis pour recaler notre aérodynamique dans la bonne fenêtre. Et forcément, une deuxième saison permet une meilleure maîtrise du championnat et de la voiture. Ce sont des dixièmes gagnés un peu partout, mais mis bout à bout, ils font la différence. »

La Lexus RC F GT3 semble de plus en plus compétitive. Comment jugez-vous son évolution ?

« C’est une voiture ancienne dans sa conception (2015), mais qui a fait ses preuves au Japon et aux États-Unis, notamment en IMSA où elle a gagné un championnat et de nombreuses courses. Elle reste compétitive aujourd’hui. Pour se conformer aux règlements FIA, on a dû revoir sa cartographie aérodynamique, différente de celle utilisée en IMSA. Elle a donc une double identité : une base éprouvée, mais des caractéristiques nouvelles dans ce contexte. Elle se distingue notamment par sa capacité à rouler avec peu d’appui, ce qui lui donne une bonne vitesse de pointe, un atout rare en GT3. Et surtout, elle offre un éventail de réglages très large, notamment au niveau des suspensions. C’est une voiture qui a été pensée plus comme un proto que comme une GT, ce qui nous laisse encore du potentiel à exploiter. »

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Les 24 Heures du Mans approchent. Quels sont vos objectifs pour cette édition 2025 ?

« L’objectif est clair :“gagner”. Si ce n’est pas cette année, alors le plus vite possible. Ce qui est positif, c’est que si notre niveau de compétitivité reste au niveau des deux premières manches, on aura notre destin en main. Le Mans est une course où tout peut arriver : la moindre erreur, qu’elle vienne de l’équipe ou des pilotes, peut coûter très cher. Ce qu’on espère, c’est être en mesure de jouer devant, d’être dans la lutte. C’est une course unique, et notre préparation s’intensifie pour être prêts à tous les niveaux. »

Quelle vision avez-vous à long terme pour l’engagement d’Akkodis ASP en WEC ?

« J’espère qu’on est là pour longtemps. Le WEC a été une marche très importante pour le team. On a une expérience du GT3 qui remonte à 2006, et on a été parmi les premiers à s’engager dans ce qui est devenu le GT World Challenge, mais le WEC, c’est un autre monde. Il a fallu repenser notre structure : la moitié du championnat se déroule hors d’Europe, la logistique est très lourde, le niveau de rigueur est proche de celui de la F1. C’est un vrai changement de dimension, à la fois humainement et matériellement. Maintenant que cette base est posée et que les résultats commencent à arriver, on espère s’inscrire dans la durée. Notre objectif, c’est clairement de rester en WEC pour au moins une dizaine d’années. »

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